Georges-Adam Junker

Georges Adam Junker
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Georges-Adam Junker ou Georg Adam Junker est un pédagogue, professeur d'allemand et traducteur allemand, né à Hanau dans la Hesse en 1716 ou en 1720, installé à Paris à partir de 1761, et décédé à Fontainebleau le . Il a publié des ouvrages pédagogiques, ainsi que des traductions d'ouvrages littéraires allemands (poésie, théâtre) en français.

Biographie

Junker effectue ses études à Halle et à Iéna[1]. Il dirige le collège de Hanau de 1746 à 1751 ; il y publie en 1750 Vorläufige Berichte von der Evangelisch Lutherischen Schule zu Hanau. Il devient le précepteur de Georg Ludwig von Edelsheim (de) et de son frère Wilhelm von Edelsheim (de), dont la famille est originaire de Hanau, et les accompagne à l'université de Göttingen, où il suit lui-même des cours et y demeure plusieurs années jusqu'à son doctorat en philosophie[2]. De retour à Hanau, il y enseigne l'allemand aux officiers français qui y sont cantonnés, au moment de l’occupation française de la Hesse en 1760 et publie à Hanau en 1760 Nouveaux principes de la langue allemande à l’usage des François, qu'il dédie à Charles de Rohan-Soubise, qui commande l’armée du Rhin pendant la guerre de Sept Ans[3].

Il s'établit à Paris en 1761. Il enseigne l'allemand à l'École royale militaire à partir de 1762 ; il publie des grammaires et des manuels de langue et littérature allemande à l'usage des élèves[4] et adapte des textes littéraires à l'usage des classes d'allemand, comme le Robinson der Jüngere de Joachim Heinrich Campe dont le Journal de Nancy signale en 1785 qu'il est devenu le « livre classique dans l’École royale militaire de Paris, ainsi que dans celles de province »[5] .

Renvoyé en 1769, il donne des cours d'allemand, de droit, de géographie et d’histoire dont il fait la publicité par voie de petites affiches[6]. Il revient à l'École royale militaire en 1783, chargé du cours de morale et de droit public[7].

Junker publie un Essai sur la poésie allemande de 40 pages dans le Journal étranger en septembre 1761[8] ; avec ses publications à Paris de 1769 à 1785 de traductions en français de textes littéraires d'auteurs allemands : Klopstock, Wieland, Moses Mendelssohn ou Lessing, il est l’un des principaux passeurs en France de la littérature allemande théâtrale et poétique de la seconde partie du XVIIIe siècle ; son Théâtre allemand en 1772, qu'il réédite et augmente en 1785, est la première anthologie proposée au public français[1],[8].

Pendant la Révolution française, il est professeur de législation à l’École centrale de Seine-et-Marne, à Melun, puis à Fontainebleau. Il meurt dans cette ville en 1805[9].

Œuvres

Manuels

  • Nouveaux principes de la langue allemande à l’usage des François, Hanau, aux dépens de l'auteur, 1760.
  • Nouveaux principes de la langue allemande, pour l'usage de l'Ecole royale militaire, Paris, Jean-Baptiste-Guillaume Musier, 1762, 2 vol.
  • Introduction à la lecture des auteurs allemands, pour l'usage de l'École royale militaire, Paris, Jean-Baptiste-Guillaume Musier, 1763, 340 p. (lire en ligne)[10].
  • Freie Gedanken über einige Theile der Kriegskunst ; c'est-à-dire : Pensées libres sur différentes parties de l'art de la guerre. Nouvelle édition [...] revue & enrichie d'un vocabulaire allemand-françois. Pour l'usage de l'Ecole royale militaire, Paris, Jean-Baptiste-Guillaume Musier, 1764, 428 p.
  • Choix de philosophie morale propre à former l'esprit et les mœurs, Avignon, chez la veuve Girard & François Seguin, 1771.
  • Recueil historique, ou Choix de pieces morales, instructives et amusantes, en françois & en allemand pour l'usage des amateurs des deux langues. On y a joint l'Histoire de la pucelle d'Orléans, Strasbourg, Bauer, et Paris, Pierre-Théophile Barrois, 1772, 409 p.
  • Joachim Heinrich Campe :
    • Columbus, oder Die Entdekkung von Westindien, ein angenehmes und nützliches Lesebuch für Kinder und junge Leute, c'est-à-dire Colomb, ou La découverte des Indes occidentales, lecture amusante et utile pour les enfans et jeunes gens, Strasbourg, Philippe Jacques Dannbach ; Paris, Couturier, 1784, VIII-232 p.[11].
    • Robinson der Jüngere zur angenehmen und nützlichen Unterhaltung für Kinder, c'est-à-dire Robinson le jeune, Strasbourg, Philippe Jacques Dannbach ; Paris, Couturier, 1784[12].
  • Leçons de droit public, dédiées à Monsieur, frère du Roi, Paris, Couturier, 1786.

Traductions de l'allemand vers le français

Traductions du français vers l'allemand

  • Jacques-Agathange Le Roy, Versuch über den Gebrauch und die Wirkungen der Seidelbastrinde, Ecorce du garou, von Hrn. Le Roy [...] Aus dem Französischen und nach des Verfassers eigenhändigen Verbesserungen überzetzt, Strasbourg, Jean-Geoffroy Bauer, 1773 (traduction de : Essai sur l'usage et les effets de l'écorce du garou, vulgairement appellé Sain-bois, employée extérieurement contre des maladies rebelles & difficiles à guérir, paru en 1767).

Notes et références

  1. a et b Frédéric Weinmann, « Les premiers traducteurs de la littérature allemande », dans Pierre Béhar, Michel Grunewald (dir.), Frontières, transferts, échanges transfrontaliers et interculturels. Actes du XXXVIe Congrès de l’Association des germanistes de l’enseignement supérieur, Bern, Peter Lang, , 317-329 p.
  2. Ulrike Krampl, « Éducation et commerce à Paris à la fin de l’Ancien Régime : l’offre d’enseignements de langues modernes », Histoire de l’éducation, nos 140-141,‎ , p. 135-156 (lire en ligne).
  3. Emmanuelle Chapron 2015, p. 130.
  4. Emmanuelle Chapron 2015, p. 141-142.
  5. Emmanuelle Chapron, « Des livres « pour l'usage de l'École royale militaire » : choix pédagogiques et stratégies éditoriales (1751-1788) », Histoire, économie & société, no 1,‎ , p. 3-16 (lire en ligne).
  6. (de) Ulrike Krampl, « Fremde Sprachen, Adelserziehung und Bildungsmarkt im Frankreich der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts », dans Helmut Glück, Mark Häberlein (dir.), Militär und Mehrsprachigkeit im neuzeitlichen Europa, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, , p. 97-112.
  7. Thierry Lentz, « La formation juridique de Napoléon », dans Napoléon et le droit : droit et justice sous le Consulat et l’Empire, Paris, CNRS Éditions, , 288 p. (ISBN 978-2-271-11508-9, lire en ligne).
  8. a et b François Genton, Des beautés plus hardies... : le théâtre allemand dans la France de l'Ancien Régime (1750-1789), Saint-Denis, Université de Paris VIII, Éditions Suger (lire en ligne).
  9. Emmanuelle Chapron 2015, p. 144-145.
  10. Emmanuelle Chapron 2015, p. 134.
  11. Emmanuelle Chapron 2015, p. 127.
  12. Emmanuelle Chapron, « Comment Robinson Crusoé est entré au collège : carrières littéraires et fabrique d’un classique au XVIIIe siècle », Revue historique, vol. 4, no 680,‎ , p. 763-784 (lire en ligne).
  13. Antoine-Alexandre Barbier et Nicolas-Toussaint des Essarts, Nouvelle bibliothèque d'un homme de goût, Paris, Arthuis Bertrand, (lire en ligne), tome 1, p. 285.

Bibliographie

  • Emmanuelle Chapron, « Enseigner l’allemand par les livres: Strasbourg et la librairie pédagogique au XVIIIe siècle », Histoire et civilisation du livre, no 11,‎ , p. 127-146 (lire en ligne).

Liens externes