Georg Wolfram devient ensuite professeur assistant à la Realschule de Strasbourg. En 1888 il collabore à l’édition des volumes 4 et 5 du Urkundenbuch der Stadt Strassburg et approfondit ainsi sa pratique de la recherche historique. Il est nommé la même année au poste de directeur des archives de la Moselle à Metz grâce à sa bonne connaissance de la langue française et sa fréquentation assidue des fonds d’archives[1]. Il enrichit grandement les fonds des archives et fait construire en 1906 un nouveau bâtiment[6].
La carrière de Georg Wolfram prend un nouveau tournant en 1909 lorsqu’il est appelé à prendre le poste de directeur de la Kaiserliche Universitäts und Landesbibliothek, aujourd’hui Bibliothèque nationale et universitaire, de Strasbourg[1]. La bibliothèque avait perdu de son éclat d’origine, le personnel était réduit, les crédits insuffisants[8] et la nomination de Wolfram avait pour but de redynamiser l’établissement et de lui rendre son prestige[9].
Fort de l’appui du chancelier de l’université de Strasbourg, Georg Wolfram obtient la création de trois postes de bibliothécaires, fait augmenter les crédits d’acquisition jusqu’à 83 000 marks, agrandit la salle de lecture, étend les horaires d’ouverture et enrichit le fonds de manuscrits dont il encourage le catalogage[9]. Sous sa mandature, les postes subalternes se féminisent et il encourage la création en 1911 d'une école privée pour la formation des jeunes filles aux postes de bibliothécaire du service moyen[10].
Georg Wolfram s’investit aussi dans la vie culturelle strasbourgeoise. Il préside la Gesellschaft für elsässische Literatur, société fondée en 1911 avec pour but de publier les œuvres des grandes figures de la littérature alsacienne. Il encourage le rassemblement des sociétés d’histoire locale en une seule, projet qui aboutit en 1912 à la création de la Verband der elsässischen Geschichts- und Altertumsveine[9].
Trop âgé pour être mobilisé, Wolfram soutient l’effort de guerre en composant des chants (Lieder) patriotiques allemands et en faisant paraître en 1918 plusieurs articles qui défendent l’intégrité territoriale du Reich et plaident pour une Alsace-Lorraine allemande[12]. Il encourage aussi la collecte de toutes les productions écrites relatives au conflit, allemandes mais aussi françaises et étrangères, pour contribuer dans un premier temps à la mise en place d’une collection patriotique allemande puis d’un mémorial de la Grande Guerre en général. Wolfram et son équipe réunissent ainsi 11 000 références de tous types de documents ayant trait à la première guerre mondiale[13].
La mise en place du régime national-socialiste en Allemagne en 1933 entraîne des turbulences pour le Wissenschaftliche Institut der Elsaß-Lothringer im Reich de Francfort qui est accusé de malversations et de compter dans ses rangs des personnes indésirables. De plus le régime hitlérien favorise dans un premier temps en apparence une politique d’apaisement et de dialogue envers la France, ce qui ne correspond pas à la vision de Wolfram qui ne cache pas son hostilité à l’encontre de la politique française en Alsace-Lorraine et des visées géopolitiques de la France sur la rive gauche du Rhin. Georg Wolfram est ainsi contraint à la démission en 1935[15]. Il publie encore quelques articles puis décède le à Iéna[1].
Pour mettre à la disposition des chercheurs les documents fondamentaux ayant trait à l’histoire de la Lorraine (chartes, chroniques…), il dirige l’édition et la publication des Sources de l’histoire lorraine ou Quellen zur lothringischen Geschichte en allemand, fruits de la Kommission für herausgabe lothringischer Geschichtquellen qui est composée de membres éminents de la Société d’Histoire et d’Archéologie de la Lorraine[1].
Après son retour en Allemagne, il publie des ouvrages sur l’Alsace-Lorraine et notamment un important atlas paru en 1931 et co-réalisé avec Werner Gley(de), intitulé Elsass-Lothringischer Atlas : Landeskunde, Geschichte, Kultur und Wirtschaft Elsass-Lothringens qui vise à démontrer l’unité structurelle de l’Alsace-Lorraine avec le Reich allemand. Et de 1931 à 1937, il dirige la publication de Das Reichsland Elsass-Lothringen : 1871-1918 qui analyse les dimensions politiques, économiques et culturelles de ces régions sous la souveraineté allemande et réaffirme leur appartenance au Deutschtum[15].
Vie privée
Georg Wolfram épouse Käthe Harries en 1885, ils ont deux enfants, Fritz et Käthe[6].
Publications
Katalog der laufenden Zeitschriften der Kaiserl. Universitäts- und Landesbibliothek, Trübner, Strasbourg, 1911.
Elsaß-Lothringen und seine Zukunft, Brückmann, Berlin, 1918.
Die völkische Eigenart Elsass-Lothringens, Finckh, Bâles, 1918.
Kulturelle Wechselbeziehungen zwischen Elsaß und Baden, Freiburg, 1926.
Metz und Lothringen, Deutscher Kunstverlag, Berlin, 1926
Entstehung der nationalen und politischen Grenzen im Westen, Englert & Schlosser, Frankfurt a. M., 1926.
Elsass-Lothringischer Atlas : Landeskunde, Geschichte, Kultur u. Wirtschaft Elsass-Lothringens, dargest. auf 45 Kartenblättern mit 115 Haupt- u. Nebenkarten, Selbstverl. d. Wissenschaftl. Instituts d. Elsass-Lothringer im Reich, Frankfurt a. M, 1931.
Wissenschaft, Kunst und Literatur in Elsass-Lothringen 1871-1918, Inst. d. Elsass-Lothringer im Reich an d. Univ. Frankfurt, Frankfurt a. M, 1934.
Ein feste Burg ist unser Gott : Die Entstehungszeit u. d. ursprüngliche Sinn d. Lutherlieds, de Gruyter, Berlin-Leipzig, 1936
Verfassung und Verwaltung von Elsass-Lothringen 1871-1918, Verl. f. Sozialpolitik, Wirtschaft u. Statistik, Berlin, 1936.
↑(de) Georg Wolfram, Friedrich I. und das Wormser Concordat : Inaugural-Dissertation zur Erlangung der Doctorwürde bei der philosophischen Facultät der Kaiser-Wilhelms-Universität Strassburg, Marburg, N. G. Elwert'sche Verlags-Buchhandlung, , VIII-176 p.
Frédéric Barbier (dir.), Bibliothèques Strasbourg : origines - XXIe siècle, [Paris], Editions des Cendres, , 444 p. (ISBN978-2-8592-3060-9 et 978-2-8674-2234-8)
Christophe Didier et Madeleine Zeller (dir.), Métamorphoses : un bâtiment, des collections, Strasbourg, Bibliothèque nationale et universitaire, , 349 p. (ISBN978-2-8592-3056-2)
Christophe Didier, « Wolfram, Georg », dans Roland Recht et Jean-Claude Richez (dir.), Dictionnaire culturel de Strasbourg : 1880-1930, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, (ISBN978-2-8682-0988-7), p. 567-568
Henri Dubled, Histoire de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Strasbourg, Société académique du Bas-Rhin, , 54 p.
Michel Martinez, « Wolfram Georg Karl », dans Jean-Pierre Kintz, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 40 : Wel à Y, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, (ISBN2-85759-039-3), p. 4309
Line Skorka, « Les rôles des archivistes allemands dans le développement de la vie culturelle en Lorraine annexée », Les Cahiers lorrains, no 1, , p. 62-73.
Julien Trapp, « Georg Wolfram », dans Isabelle Guyot-Bachy et Jean-Christophe Blanchard (dir.), Dictionnaire de la Lorraine savante, Metz : Éditions des Paraiges, 2022, p. 315-316.