Alors qu'il est étudiant, il cofonde avec son colocataire, le philosophe Paul Colrat, l'association Les Alternatives catholiques ou « Altercathos »[6],[7], qu'il décrit comme un « petit mouvement indépendant de laïcs qui veut assumer une foi adulte sans toujours sortir les étendards identitaires ». Ceux-ci manifestent au milieu des syndicats le avec une banderole affirmant : « Ce n’est pas la filiation qu’il faut fragiliser, c’est le chômage et la précarité[8]. »
Il commence à s'engager contre la loi du mariage pour tous à l'occasion d'une marche solidaire organisée à Lyon le [8],[11]. Militant de la première heure de La Manif pour tous en 2013, il cofonde, en mars, le mouvement satellite des Veilleurs à Lyon[12],[4] avec notamment Madeleine de Jessey ; un mouvement social et intellectuel constitutif d'un « Mai 68 conservateur » selon l'expression du politologue Gaël Brustier[13]. Il organise notamment une marche de Bordeaux à Paris en [11]. Lors de cette marche, les veilleurs se rendent à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, avec « pour projet de créer une passerelle de rencontres sur [leurs] difficultés, [leurs] buts, [leurs] moyens et de partager ces thèmes au sein d’un milieu a priori pas sensible à ces questions. » Toutefois, ils sont accueillis à Couëron par « un comité d’accueil composé de gens très virulents », suivant ses propres mots[4].
De à , il tient une chronique hebdomadaire, « La courte échelle », le mercredi sur Radio Espérance[18].
Le , il se rend à Nuit debout avec un groupe de veilleurs pour y exprimer leur point de vue, mais se voit interdit de parole ; plus tard dans la soirée, le groupe est agressé, quai de Valmy, par « un commando d'anars armé de bâtons et de bouteilles »[16].
Les 14 et , il participe au colloque sur les « nouvelles attentes écologiques »[20], à l'Académie pour une écologie intégrale animée par les frères de la Communauté Saint-Jean. Il y déclare :
« C’est d’une conversion qu’il s’agit, qui est d’abord et avant tout un changement de regard : nous sommes peu à peu en train de passer d’un rapport de propriété dominatrice à un rapport de bonne intelligence, d‘harmonie. Nous ne sommes plus en surplomb, ni par rapport à la nature, ni par rapport à la société, nous sommes intégrés à un ensemble, en interaction. Certes, nous devons penser notre place singulière dans la nature : c’est notre responsabilité de gardiens, et non de maîtres. Nous sommes membres de la création, avec les autres créatures, il faut en finir avec l’anthropocentrisme exacerbé. »
En octobre 2022, après sept ans d'existence et 27 numéros, la revue Limite est finalement dissoute. Paul Piccaretta analyse que « le bloc libéral-conservateur, qu’on croyait éteint, [a pu se] reconstituer aussi vite et détourner les catholiques des questions d’écologie. [...] Il y a eu une scission idéologique ». Il ajoute « des conservateurs qui s’intéressaient aux questions écologiques au départ n’ont bientôt plus eu le capitalisme et la technologie comme adversaires, mais le « wokisme ». Ils sont entrés dans ce bloc conservateur qui alimente aujourd’hui en polémiques le débat public. Nous avons toujours refusé d’appartenir à l’un des deux camps », en référence à la nouvelle vague ultraconservatrice alimentée par Vincent Bolloré[21].
Vie privée
En 2014, il épouse Marianne Durano, qui s'est exprimée dans le même courant d'idées politiques que lui[22]. Le couple a deux enfants, dont un fils baptisé Félix[23],[16],[24],[25].
Points de vue
Affichant un « catholicisme qui se veut à la fois conservateur dans ses idées et moderne dans sa manière de les exprimer », selon la journaliste Ornella Guyet[4], il se revendique conservateur et écologiste[25]. Il reprend le concept d'« écologie intégrale », défini par le papeFrançois dans l'encycliqueLaudato si’ en , qu'il entend, avec les autres membres de l'équipe de Limite, « non seulement horizontalement ou qualitativement (synonyme d'« écologie humaine »), mais aussi verticalement ou quantitativement, en promouvant une écologie allant jusqu'à la décroissance », selon Laurent de Boissieu[12].
Pour les géographes Étienne Grésillon et Bertrand Sajaloli, Bès et son entourage « pourfendent dans un même élan les OGM et les pilules contraceptives qui selon eux "bouleversent, non sans impact sur la santé humaine, les rythmes et les lois de la nature". […] Cette écologie intégrale moralisatrice et traditionaliste resurgit ainsi à la faveur des discours contre le mariage homosexuel. Mais, instrumentalisant l'écologie, notamment dans son champ défense de la vie, récupérant et mettant au service de valeurs très conservatrices la réflexion engagée au sein du catholicisme sur les rapports homme-nature, ce mouvement est loin d'être partagé par tous les catholiques ». Selon ces auteurs, « la notion d'écologie humaine […] en plaçant la question morale du respect de la vie humaine au centre du débat détourne le croyant de la nature et des enjeux environnementaux[27]. »
Pour le journaliste Martin Brésis, le discours écologique de Gaultier Bès met à l'honneur des circuits courts et reprend le concept de « sobriété heureuse » développé par Pierre Rabhi, allant même jusqu'à « une critique du système économique dominant » et de « la technique toute puissante », qui s'exprime notamment dans sa dénonciation du transhumanisme. Toutefois, ses « systèmes d’analyse globale et [ses] pistes de réflexion politique » lui semblent « assez faibles, en dehors du soutien à des initiatives locales existantes », et il considère son approche écologique limitée par son « anthropocentrisme catholique ». Il s'agirait, selon lui, d'un « verdissement » des droites conservatrices[28].
De son côté, Jérôme Martin, ancien président d'Act Up-Paris, auteur du blog gay et lesbien Yagg.com, l'accuse de ne pas définir ce qu'il entend par « la nature, la société, les désirs et [leurs] limites. »[réf. nécessaire]
Selon le sociologue Jean-Louis Schlegel, « Que dans un article de La Croix entre les deux tours [de l’élection présidentielle de 2017], Gaultier Bès, le philosophe théoricien de Limite, marque son hésitation à choisir entre elle [Mme Le Pen] et M. Macron, en chargeant ce dernier au point de laisser entendre qu’il pourrait préférer la première, en dit long sur les limites d’une radicalisation non politique[29]. »
Radicalisons-nous ! La politique par la racine, Paris, Éditions Première Partie, 2017, 128 p.
Notes et références
↑Elsa Deleage, « La reconnaissance d’“une écologie intégrale” par l’Église catholique ou la négation de l’idéologie écologiste française », Société, droit et religion, no 6, , p. 299-330 (lire en ligne).
↑Fabien Revol, « L’encyclique Laudato si’ du Pape François (18/06/2015) », Droit, Santé et Société, no 4, , p. 46-51 (lire en ligne).
↑ abcd et eOrnella Guyet et Michela Cuccagna, « Des Veilleurs à l'écologie intégrale, Gaultier Bès : catho-pop et écolo-réac », Streetpress, (lire en ligne).
↑Thomas Mahler, « Gaultier Bès : "Macron est le candidat de l'intimidation post-démocratique" », Le Point, (lire en ligne, consulté le ).
↑Eugénie Bastié, « Lyon est devenue l'avant-garde du dynamisme de l'Église catholique », Le Figaro Magazine, , p. 40.
↑ ab et cDominique Lang, « Gaultier Bès et Marianne Durano : veilleurs au nom de leur foi », Pèlerin, no 6869, (lire en ligne).
↑Eugénie Bastié, « Veilleurs : “Le refus de la limite, loin de nous émanciper, nous déshumanise” », Le Figaro, (ISSN0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
↑Eugénie Bastié, « Gaultier Bès : “Le bac reste l'un des derniers repères d'une société liquide” », Le Figaro, (ISSN0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
↑ ab et cHenrik Lindell, « Gaultier Bès : "Le clivage gauche-droite n'a pas de sens pour moi" », La Vie, (lire en ligne).
↑Alexandre Devecchio, « Gaultier Bès : “Être radical, c'est remettre la politique à sa place” », Le Figaro, (ISSN0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
↑« Gaultier Bès », sur revuelimite.fr (consulté le ).
↑ abc et dArnaud Gonzague, « Médias : La nouvelle tribu réac », Téléobs, (lire en ligne).
↑Étienne Grésillon et Bertrand Sajaloli, « The green church ? Building a catholic ecology: steps and tensions », VertigO, vol. 15, no 1, (DOI10.4000/vertigo.15905).
↑Martin Brésis, « L’“écologie humaine”, nouvel avatar de la droite conservatrice et catholique pour promouvoir ses valeurs morales », Basta !, (lire en ligne).