Gabriel Delagrange, protestant, d’une famille originaire de Buxy (Saône-et-Loire)[2], est fils de l’architecte Guillaume Delagrange et de Jeanne-Françoise Cottonet. Il a sans doute appris son métier d’architecte avec son père et son grand frère Jean-Pierre Delagrange. Veuf en 1757 d’Anne Bonnet, qui lui a donné quatre enfants, il se remarie avec Susanne-Judith[3], fille de son cousin germain Paul Rémy. Cette seconde épouse, de seize ans sa cadette, lui donne encore sept enfants (dont quatre survivront)[4].
Gabriel apparaît comme bâtisseur dès 1739. En sa qualité d’« architecte de Leurs Excellences de Berne » (autorité sous laquelle se trouve le Pays de Vaud jusqu’à la Révolution vaudoise), il élève diverses cures et bâtiments officiels, et restaure également la cathédrale de Lausanne (1747-1749). Son œuvre, très importante, comprend notamment les temples de Corcelles-sur-Chavornay (1754) et surtout de Prilly (1765-1766), considéré comme le chef-d'œuvre des églises réformées de la campagne vaudoise[5].
On distingue deux grands courants dans ses constructions civiles ou privées : L'un est baroquisant, comme l’ancien grenier d'Orbe (1758-1760)[6], l'autre, classique, avec notamment le château de Corcelles-le-Jorat (1769), diverses maisons ville ou de campagne à Lausanne[7], mais aussi à Bettens (château, 1756), à Renens (maison des Tilleuls)[8], à Payerne (hôpital, 1773-1775) et au Locle (maison Ducrot, 1787 ; Château des Monts, attribué, 1780-1790). À Lausanne, sur les chantiers du château de Beaulieu II (vers 1774-1775) et du château de Béthusy (1774) ainsi que sur celui du château de Champittet (1789-1791) à Cheseaux-Noréaz, il exécuta les idées d'autres architectes, encore inconnus[9].
Ce même architecte a également présenté en 1762 un projet pour l'hôtel de ville d'Orbe (projet abandonné cependant)[10].
↑Et non pas de Bussy (Côte d’Or) comme indiqué parfois par erreur.
↑Portrait peint en 1758 par Jean-François Guillibaud, dans: Laurent Golay, Sylvie Costa, Claude-Alain Künzi et Diana Le Dinh, Musée historique Lausanne : 100 ans, Lausanne, Éditions Favre SA, , 255 p. (ISBN978-2-8289-1701-2), p. 173.
↑Paul Bissegger, « Les traits de l’architecte. En marge des portraits de Gabriel Delagrange (1715-1794) et de son épouse, œuvres du peintre genevois Jean-François Guillibaud : une famille de réfugiés huguenots », Monuments vaudois 4/2013, pp. 24-34.
↑Marcel Grandjean, Les temples vaudois. L’architecture réformée dans le Pays de Vaud (1536-1798), Bibliothèque historique vaudoise, coll. « BHV 51 », , p. 280-295.
↑Marcel Grandjean, Les Monuments d'art et d'histoire du canton de Vaud IV. Lausanne, villages, hameaux et maisons de l'ancienne campagne lausannoise, Bâle, Société d'histoire de l'art en Suisse, coll. « Monuments d'art et d'histoire de la Suisse 71 », , 451 p. (ISBN3-7643-1208-4), passim.
↑Isabelle Roland, « Une œuvre méconnue de Gabriel Delagrange », Monuments vaudois, vol. 9, , p. 77-87 (ISSN1664-3011).
↑Yves Dubois et Laurent Auberson, « De l’aquarelle à la pierre. L’hôtel de ville d’Orbe dans tous ses états », Monuments vaudois, vol. 9, , p. 5-20 (ISSN1664-3011).
Annexes
Bibliographie
Paul Bissegger, « Les traits de l’architecte. En marge des portraits de Gabriel Delagrange (1715-1794) et de son épouse, œuvres du peintre genevois Jean-François Guillibaud : une famille de réfugiés huguenots », Monuments vaudois, vol. 4, , p. 24-34.
Isabelle Roland, « Une œuvre méconnue de Gabriel Delagrange », Monuments vaudois, vol. 9, , p. 77-87.