Le personnage de Fu Manchu a été inventé en 1912 par le romancier britannique Arthur Henry Sarsfield Ward, connu sous son nom de plume Sax Rohmer. Jusqu'à sa mort en 1959, Sax Rohmer écrivit treize romans et quatre nouvelles de la saga Fu Manchu[1].
Dans le premier roman, Fu Manchu assassine des Britanniques ayant vécu en Birmanie, dépendant de l'empire des Indes. Les romans de Sax Rohmer ne précisaient pas explicitement les origines ethniques de Fu Manchu. Si la plupart de ses victimes étaient chinoises et si ses origines orientales étaient clairement établies, des détails dans la description du personnage — tels que ses yeux censés être verts — laissent supposer que le personnage n'était pas d'origine chinoise (bien qu'il existe des groupes ethniques en Chine pouvant avoir des yeux verts). Ce n'est que lors de ses premières adaptations cinématographiques que le personnage est devenu clairement chinois.
Fu Manchu incarne dans les romans la « cruauté asiatique » fantasmée par les Européens. Il sera notamment aidé par les Thugs indiens.
L'auteur Sax Rohmer prétendra que son personnage est réaliste car il y avait beaucoup de Chinois dans la criminalité dans le quartier de Limehouse, à Londres (Angleterre)[2].
Sax Rohmer lui inventera un alter ego féminin, la japonaise Sumuru[1].
Bande dessinée
Publié en Comic strip de 1931 à 1933, dessiné par Leo O'Mealia[3] dans un journal distribué par Bell Syndicate aux États-Unis.
Fu Manchu serait apparu pour la première fois en comics dans Detective Comics numéro 17 en 1937.
En 1940, le Chicago Tribune a publié une adaptation de Drums of Fu Manchu, au début c'était une roman-photo, mais plus tard elle a été illustrée par un artiste non identifié[4].
En 1943, le serial Drums of Fu Manchu a été adapté en bande dessinée par l'espagnol José Grau Hernández en 1943[5].
Dans les années 1970, Fu Manchu est également apparu dans la série de bande dessinée de Marvel ComicsThe Hands of Shang-Chi, Master of Kung-Fu. Dans cette bande dessinée, Shang-Chi est son fils[3],[8]. Cependant, Marvel a annulé le livre en 1983 et des problèmes de licence du personnage et des concepts des romans (tels que sa fille Fah Lo Suee et ses adversaires Sir Denis Nayland Smith et le Dr Petrie) ont entravé la capacité de Marvel à collecter à la fois la série dans le commerce de poche. formater et faire référence au Dr. Fu Manchu en tant que père de Shang-Chi. En tant que tel, le personnage n'est jamais mentionné par son nom ou par un pseudonyme (tel que "M. Han")[9]. Dans Secret Avengers nº 6–10, l'écrivain Ed Brubaker a officiellement contourné la question entière via un scénario où le Conseil des ombres ressuscite une version zombifiée du Dr Fu Manchu, pour découvrir que "Dr Fu Manchu" n'était qu'un alias; que le père de Shang-Chi était vraiment Zheng Zu, un ancien sorcier chinois qui a découvert le secret de l'immortalité[10].
Il fait également une apparition dans la Ligue des gentlemen extraordinaires d'Alan Moore, où il n'est pas nommé explicitement (pour des raisons de droits d'auteur) mais on y fait référence par l'expression « Le Docteur »[11].
Filmographie
Fu Manchu a été mis en scène dans de nombreux films et serials à partir des années 1920.
La communauté asiatique (comme les Mandchous, « Manchu » en anglais) avait dénoncé le caractère stéréotypé du Docteur Fu Manchu. L'histoire de Fu Manchu contribue aussi à renforcer l'idée du « péril jaune »[16]. Le thème du savant génial et maléfique, d'origine asiatique, a été abondamment repris dans la littérature populaire. On le retrouve à travers le personnage de Ming dans la bande dessinée Flash Gordon. L'Ombre Jaune, qui apparaît souvent dans la série des aventures du héros Bob Morane, semble directement inspiré de Fu Manchu, dont l'influence transparaît aussi dans la personnalité du Docteur No, l'un des adversaires de James Bond. Le Mandarin ennemi de Iron Man est également fortement inspiré du docteur Fu Manchu.
Notes et références
↑ ab et cL'abominable Fu Manchu est de retour !, in Le Figaro, 28 février 2008.
↑Howard, Douglas; Anolik, Ruth Bienstock (eds.), The Gothic other : racial and social constructions in the literary imagination, Jefferson, N.C, McFarland & Co, 2004 pages 105–7.
(en) Phil Baker (dir.) et Antony Clayton (dir.), Lord of Strange Deaths : The Fiendish World of Sax Rohmer, Strange Attractor Press, , 400 p. (ISBN978-1-907222-25-2, présentation en ligne).
(en) Karen Kingsbury, « Yellow Peril, Dark Hero : Fu Manchu and the « Ghotic Bedevilment » of Racist Intent », dans Ruth Bienstock Anolik et Douglas L. Howard (dir.), The Gothic Other : Racial and Social Constructions in the Literary Imagination, Jefferson (Caroline du Nord), McFarland & Company, , X-310 p. (ISBN978-0-7864-1858-9), p. 104-119.
Francis Lacassin, À la recherche de l'empire caché : mythologie du roman populaire, Paris, Julliard, , 366 p. (ISBN2-260-00688-4), « Fu Manchu ou le défi de l'Asie », p. 219-265.
(en) Ruth Mayer, Serial Fu Manchu : The Chinese Supervillain and the Spread of Yellow Peril Ideology, Temple University Press, coll. « Asian American History and Culture Series », , 216 p. (ISBN978-1-4399-1056-6 et 978-1-43991-055-9, présentation en ligne).
(en) Jess Nevins (préf. Alan Moore), Heroes and Monsters : The Unofficial Companion to The League of Extraordinary Gentlemen, vol. I, Austin (Texas), MonkeyBrain, , 240 p. (ISBN1-932265-04-X, présentation en ligne), « Yellow Perils », p. 187-204.
(en) Urmila Seshagiri, « Modernity's (Yellow) Perils : Dr. Fu-Manchu and English Race Paranoia », Cultural Critique, University of Minnesota Press, no 62, , p. 162-194 (JSTOR4489239).