Sa répression très sévère, avec plus de 300 déportés et fusillés, plaça les Polonais au premier rang des étrangers arrêtés en France entre et [6], dont la plupart dans les deux départements septentrionaux[6], la police française leur appliquant le qualificatif de« terroristes »[6].
Cette répression s'est aussi traduite par des déportations de mineurs polonais pour aller travailler en Allemagne[6]. Entre 1942 et 1943 dans le département du Nord, leurs effectifs ont chuté de moitié[6], leurs têtes étant mises à prix, sur fond également de passage clandestin de responsables communistes polonais vers le Sud de la France[6], pour créer entre 1942 et 1943, d'autres unités de combat polonaises des FTP-MOI[6], ainsi que vers la région parisienne, où les Polonais transférés du Nord-Pas-de-Calais seront au tout début à la direction des FTP-MOI. D'autres Résistants polonais de France ont été aussi transférés secrètement par les réseaux résistants vers les territoires polonais occupés par les Allemands[6], afin de renforcer les cadres du Parti ouvrier polonais (Polska Partia Robotnicza)[6] et sa branche militaire, la Garde populaire (Gwardia Ludowa), au moment où elle s'est constituée[6].
En raison de ces nombreux départs, les postes de responsabilité des « trios » de la FTP-MOI furent même parfois vacants, y compris dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, doté du plus grand réservoir de militants[6], problèmes surmontés seulement au cours second semestre 1943[6]. Par ailleurs, après la guerre, de nombreux mineurs communistes polonais et ex-Résistants du Nord-Pas-de-Calais participeront à la Reemigracja, pour reconstruire leur pays d'origine, devenu communiste.
Les groupes de FTP-MOI sont créés en région parisienne, en même temps que les FTP, puis mis en place en - par Boris Holban et les cadres de la Main-d'œuvre immigrée avec aussi des ashkénazes jetés dans la clandestinité par le régime de Vichy et des sympathisants ne faisant pas toujours partie du PCF, des réfugiés ayant fui avant guerre le régime fasciste de Mussolini, des rescapés du génocide arménien, et d'anciens brigadistes espagnols, ou bien leurs fils et filles, moins exposés car encore célibataires et proches des Jeunesses communistes. Ces résistants défendent Paris, Lyon, Grenoble, ou encore Toulouse [7].
Bien qu'intégrés aux FTP, ces groupes dépendent directement de Jacques Duclos, numéro deux du PCF, qui, dans la mesure où les communications le permettent, leur transmet les ordres venus de l'Internationale communiste, dont le siège est à Moscou.
Les FTP-MOI compteront parmi les groupes de résistance les plus actifs et les plus déterminés, notamment parce qu'ils sont en tant qu'étrangers, et juifs pour beaucoup, directement visés par les lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy, qui ne leur laisse le choix que de la clandestinité ou de l'internement, suivi de la déportation. Parce qu'ils dépendent directement du Komintern, par l'intermédiaire de Jacques Duclos, on a souvent pensé que ce sont eux que l'on envoie en première ligne lorsque vient l'ordre de Moscou d'intensifier le combat, alors que les groupes français sont beaucoup plus insérés dans une dynamique nationale. Ils ne s'attaqueront jamais qu'à des cibles militaires, des fournisseurs collaborant directement avec la Wehrmacht ou de présumés traîtres.
À partir de fin 1942, les FTP-MOI mènent en moyenne un fait d'armes tous les deux jours. Les combattants clandestins reçoivent un peu d'argent, toujours insuffisamment, pour se cacher et survivre entre deux opérations. La logistique nécessaire n'aurait jamais pu être fournie sans le soutien d'un milieu sympathisant. Soutenue dans un premier temps par la France libre, l'action des FTP-MOI, parce qu'elle entraîne des représailles et l'exécution d'otages, est très vite désavouée, dans le cadre de rivalités politiques, tant par Marcel Cachin que par Charles de Gaulle, si bien qu'elle sera privée par Winston Churchill de livraisons d'armes. C'est ce désaveu que tentera d'exploiter le régime de Vichy en en commandant au Comité d’action antibolchévique la campagne de propagande de l'Affiche rouge, qui aura au contraire pour effet de créer un mythe des partisans, alors que l'effectif de ceux-ci, cumulé sur l'ensemble de la période, n'aura pas dépassé trois cents.
Le détachement des dérailleurs, une trentaine d'hommes.
L'équipe spéciale, chargée de repérer et d’éliminer des personnalités composée d'une dizaine d'hommes[14].
L'équipe de renseignements composée d'une vingtaine de personnes.
L'équipe médicale avec une dizaine de médecins.
Chaque cellule de combat comprenait un responsable militaire, un responsable politique et un responsable technique. Chaque détachement disposait d'un service technique équipé d'un laboratoire servant à préparer des engins pour les attaques.
Entre et les FTP-MOI accomplirent un grand nombre d'attentats à Paris. Les résistants ayant commis les attentats ignoraient eux-mêmes quels en avaient été les effets. Les historiens restent extrêmement prudents pour évaluer les dégâts. Les documentaristes le sont parfois moins. Ainsi, dans le documentaire de Mosco Boucault Des terroristes à la retraite, on entend une voix off égrener les actions des FTP « 92 hôtels allemands attaqués à la bombe, 33 hôtels attaqués à la grenade, 15 bureaux de recrutement incendiés, 11 traîtres abattus, 125 camions militaires détruits, 31 formations militaires attaquées, 10 trains militaires attaqués ou déraillés »[15]. Dans ce même documentaire Boris Holban, commissaire militaire des FTP-MOI jusqu'en août 1943 explique que le but de ces actions était de porter des coups à l'occupant, de harceler l'armée allemande afin de la démoraliser et de lui rendre la vie impossible à Paris en empêchant celle-ci de se transformer en ville de loisirs pour les Allemands.
Dès la constitution des Francs-tireurs et partisans en , il est décidé de mettre sur pied des FTP-MOI en région parisienne. Au plus fort des actions à Paris, 65 personnes, tous services confondus, en font partie. Les FTP-MOI de la région parisienne sont regroupés en quatre détachements dont trois à dominante nationale, le quatrième étant spécialisé dans les déraillements[16].
En , Missak Manouchian devient commissaire technique des FTP-MOI de Paris, dans une période qui lui semble difficile car "à partir de juin" 1943[17], les "instructions venues d'en haut sont devenues très rares"[17], et que "le matériel fait défaut"[17], même si les archives démentiront ce sentiment[18].
Les FTP-MOI sont particulièrement connus à travers les épisodes du procès de vingt-trois membres du groupe Manouchian-Boczov-Rayman auquel participe Missak Manouchian. Ce dernier, versé aux FTP-MOI parisiens en , en avait été promu commissaire technique en , et le mois suivant, commissaire militaire en remplacement de Boris Holban, démis de ses fonctions pour raisons disciplinaires[19].
Le procès se déroule devant le tribunal militaire allemand du Grand-Paris, réuni à l'hôtel Continental à partir du , dure entre deux et quatre jours, et après une délibération de trente-cinq minutes, s'achève par le verdict suivant[20] :
23 accusés sont condamnés à mort : en l'absence de possibilité d'appel, 22 d'entre eux sont fusillés sans délai, le , à la forteresse du Mont-Valérien ; l'exécution d'Olga Bancic est suspendue pour supplément d'enquête. Rejugée le à Stuttgart, elle est de nouveau condamnée à mort et immédiatement exécutée par décapitation.
1 accusé, Migratrice, est transféré devant une juridiction française.
Région de Marseille, la Compagnie Marat
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Des témoignages de résistants de la compagnie Marat ont été réunis par l'historien Grégoire Georges-Picot dans un livre publié par les Éditions Tirésias, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence 1940-1944 Paris, Éditions Tirésias, 2011[21].
Mala Kriegel, chirurgienne-dentiste et membre du groupe marseillais, est assassinée par l'armée allemande le [22].
Michel Fey assume pendant une courte période la direction des opérations militaires des FTP-MOI marseillais, avant d’être envoyé en à Lyon, où il devient responsable régional pour le Rhône. Blessé et arrêté le près du parc de la Tête-d'Or, il disparaît[23].
Le , Simon Frid et Francis Chapochnik (véritable prénom Nathan) couvrent Norbert Kugler(de), un ancien des Brigades internationales qui lance une grenade sur une colonne d'Allemands sur les quais de la Saône, mais elle explose dans un caniveau.
Le , à la suite d'une opération de récupération de tickets de rationnement à Lyon, Simon Frid est blessé et arrêté. Il est condamné à la peine de mort par la section spéciale de Lyon – un des tribunaux d'exception créés par Vichy –, puis guillotiné le à la prison Saint-Paul. Jacques Faure-Pinguely, vice-président de la section spéciale qui a condamné Simon Frid, est exécuté sur ordre de Norbert Kugler par Ignaz Krakus et Ezer Najman (Gilles) et un autre camarade, déguisés en agent de la Gestapo et en uniforme allemand.
Léopold Rabinovitch et son frère Léon sont arrêtés le et accusés d'avoir participé à l'action. Ils sont condamnés à la réclusion à perpétuité. Elie Amselem et Max Tzwangue sont recherchés mais ne sont pas retrouvés.
Le , le groupe de résistance d'une dizaine de personnes dirigé par Max Sulewicz (Gaby) fait irruption dans le garage cours Gambetta à Lyon, un commerce travaillant pour la Wehrmacht, au moment où les ouvriers sont en pause déjeuner. Un groupe fait le guet, tandis que l'autre, Jeanine Sontag (Jeannette), met des explosifs sous les camions. Jeannette tient le directeur en joue. On appelle la police qui encercle le bâtiment. Les autres résistants avec leurs chaussures en cuir atteignent le toit de la maison voisine sur une planche étroite, mais pas Jeanine, qui a des chaussures de bois brut, glissantes. Elle se blesse le pied dans la montée puis tombe, se blesse à la jambe et ne peut pas se relever. Elle donne son revolver à un camarade pour s'en débarrasser. Elle est la seule membre du groupe arrêtée par un Groupe mobile de réserve. Elle est donnée à la Gestapo. La jeune fille, sous sa fausse identité de Marie-Louise Beroujon, est interrogée, mais ne dit ni son identité réelle, ni aucune des nombreuses informations malgré la torture au siège de la place Bellecour ou dans la prison Montluc.
Le , 120 détenus, dont Jeanine Sontag, sont amenés en autocar au fort de Côte-Lorette et massacrés par une équipe d'exécution de la Gestapo allemande sous les ordres de Klaus Barbie. Son corps, explosé à la dynamite, est retrouvé dans le charnier de Saint-Genis-Laval, brûlé, et identifié grâce à quelques parcelles de vêtements[24].
Sylvestre Podklebnik, après avoir été interné à Drancy le 20 août 1941 à l'âge de 16 ans, libéré le 6 novembre 1941 est entré dans la résistance à Lyon en janvier 1943. Muté aux FTP-F à Grenoble le 15 janvier 1943, il participe à l'attaque du château d'Uriage, base militaire de la Milice de la région. Le 5 mars 1944, il contribue au sabotage de la ligne Chambéry. Il participe à la libération de Grenoble et de Lyon.
En 2024, Léon Landini, dernier survivant des combattants du Bataillon Carmagnole-Liberté et des FTP-MOI, assiste à la panthéonisation des époux Missak et Mélinée Manouchian le 21 février. Il est alors placé au premier rang, dans la Garde d’honneur, à côté d'un autre résistant, Robert Birenbaum[29],[30]
La 35e brigade devient alors la brigade « Marcel Langer ».
Le , est organisé un attentat à la bombe au cinéma les Variétés à Toulouse sous les ordres de Wiktor Bardach, lors de la projection de deux films de propagande nazie - Le Juif Süss et La Libre Amérique.Rosine Bet, Enzo Godeas et David Freiman sont chargés de le réaliser. La bombe est censée exploser entre les deux séances, en causant seulement des dégâts matériels. À la fin de la première séance, alors que le public commence à sortir, la bombe explose plus tôt que prévu dans les mains de David Freiman. David Freiman et un spectateur sont tués sur le coup. Enzo Godéas, grièvement blessé, parvient à sortir du cinéma mais il est immédiatement arrêté par la police. Rosine Bet est grièvement blessée aux jambes. Rosine et Enzo sont conduits à l’hôtel-Dieu et interrogés par la police française. Rosine est torturée pendant l'interrogatoire. Elle meurt deux jours après l'attentat des suites de ses blessures à l'hôpital de Purpan sans avoir parlé, sans même avoir révélé sa véritable identité ; elle est enterrée sous sa fausse identité, Paulette Cavérac.
Dix huit FTP-MOI sont arrêtés par la police de Vichy et livrés aux Allemands. Deux meurent dans le train qui les emmène en déportation. Quatre sont fusillés.
« Nous ne sommes pas des héros. Il ne faut pas croire que nous n'avions pas peur. Nous avons résisté parce que nous en avions la possibilité : pas de famille, pas de travail. Et parce que nous aimions la France. Elle nous avait adopté. Mais il faut imaginer dans quel état nous étions. Pour ma part, je ne mangeais pas. Je n'arrivais pas à avaler, j'avais comme une boule dans la gorge. Je ne dormais pas non plus et si, par épuisement, je finissais par sombrer, je ne faisais que des cauchemars. A la fin de la guerre, je faisais quarante kilos. »
Les FTP-MOI dans la Résistance (2013), documentaire de Mourad Laffitte et Laurence Karsznia, produit par Images contemporaines[34].
Notes et références
↑ a et bFlorent Georgesco, « « Anatomie de l’Affiche rouge », d’Annette Wieviorka : « Pourquoi faire entrer un couple au Panthéon, alors que c’était un groupe qui était visé par les nazis ? » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑Pierre Maury, La Résistance communiste en France, 1940-1945 : Mémorial aux martyrs communistes, Pantin, le Temps des cerises, 2006, 567 p. (ISBN2-84109-623-8).
↑ abcde et f"La presse clandestine polonaise en France pendant la Seconde guerre mondiale par Jan E.Zamojski J, Acta Poloniae Historica, 1987 [1]
↑ abcdefg et h"Presse de la résistance polonaise en France (XXe)", sur Patrimoines Partagés, par Henryk Citko, conservateur à la Bibliothèque Nationale de Pologne, en août 2017
↑"Les polonais et la Pologne dans la tourmente de la Deuxième Guerre mondiale" par Edmond Gogolewski, aux Editions Septentrion en 1996 [2]
↑ abcde et fBoris Holban, Testament. Après quarante-cinq ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris, Paris, Calmann-Lévy, , 324 p. (ISBN2-7021-1778-3), p. 284
↑Denis Peschanski, article Francs-tireurs et partisans de la Main-d'œuvre immigrée dans Dictionnaire Historique de la Résistance, dir. Francois Marcot, pp.187-188
↑« Léon Landini, 88 ans et toujours résistant », Le Parisien, (lire en ligne).
↑Elsa de La Roche Saint-André, « CheckNews. Panthéonisation : l’Élysée avait-il évincé de la cérémonie Léon Landini, dernier survivant du groupe de résistants de Missak Manouchian ? », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
↑Thomas Saint-Antonin, « La colère de Léon Landini, Résistant un temps écarté de la Panthéonisation de Manouchian », L'Internaute, (lire en ligne, consulté le ).
Daniel Goldenberg, Raymond Kojitsky, dit Pivert, histoire d'un résistant ordinaire. Paris, Calmann-Levy, 1991.
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Damira Titonel-Asperti(*), Carmela Maltone, Écrire pour les autres. Mémoires d’une résistante. Les antifascistes italiens en Lot-et-Garonne sous l’occupation, Presses universitaires de Bordeaux, 1999.
Greg Lamazères, Marcel Langer, une vie de combats. 1903-1943. Juif, communiste, résistant... et guillotiné, Toulouse, Privat, 2003.
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F.F.I. - F.T.P.F., Pages de gloire des vingt-trois, Immigration, 1951.
Philippe Robrieux, L'Affaire Manouchian - Vie et mort d'un héros communiste, Fayard, 1986.
Annette Wieviorka, Ils étaient juifs, résistants, communistes, Denoël, 1986.
Ouvrage Collectif, édité par le Comité de Quartier Saint-Michel-Toulouse, " Hommage à la 35° Brigade FTP-MOI MARCEL LANGER ", juillet 2008.
Francis Chapochnik - Témoignage Musée de la Résistance nationale Fonds des anciens FTP-MOI du Bataillon Carmagnole-Liberté
Claude Collin « Les italiens dans la M.O.I et les FTP-MOI à Lyon et Grenoble », Guerres mondiales et conflits contemporains 2/2005 (no 218), p. 67-83. [lire en ligne].
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