Erik Lundberg introduit ces fonctions dans le cadre de la résolution de l'équation différentielle[1] :
avec m et p deux entiers tels que m < p. Il appelle alors les solutions fonctions hypergoniométriques, comme généralisations des fonctions trigonométriques circulaires et hyperboliques. Lundberg s'intéresse aux cas m = p, m = 2 et p impair, et m = p – 1, ce dernier cas correspondant à la courbe de Fermat(en) d'ordre p.
Définitions
On peut définir les fonctions trigonométriques généralisées de trois façons équivalentes.
Par un système différentiel
On peut définir les fonctions cosp et sinp comme les solutions du système différentiel :
Cette fonction est bijective, et on note sinp sa réciproque. Cette fonction peut être prolongée de sur par des propriétés de symétrie et d'imparité : on pose d'abord
puis on prolonge sur comme une fonction impaire.
On en déduit la définition du cosinus généralisé par sa fonction réciproque :
Trigonométrie hyperbolique
On pose la fonction, pour :
Cette fonction est bijective, et on note sinhp sa réciproque.
On en déduit la définition du cosinus hyperbolique généralisé et de la tangente hyperbolique généralisée :
On retrouve alors des identités similaires à celles impliquant les fonctions trigonométriques circulaires usuelles :
Par une étude d'aire
En considérant le cercle unité d'équation , on peut montrer que, pour t réel, le nombre X = cos t est l'unique réel vérifiant :
De même, en considérant l'hyperbole unité d'équation , on peut montrer que, pour t réel, X = cosh t est l'unique réel vérifiant :
Ainsi, par extension, on peut poser que pour t réel, X = cospt est l'unique réel vérifiant :
Cas particuliers
Dans le cas p = 1, qui renvoie à la métrique de la distance taxicab, les fonctions trigonométriques généralisées sont parfois appelées sinus taxicab, cosinus taxicab, etc[1].
Dans le cas p = 4, la courbe est appelée squircle et certains auteurs parlent de squigonométrie[2].
Propriétés
De façon similaire, on définit les fonctions tangente, sécante, cotangente et cosécante généralisées par :
Expressions directes
On peut exprimer les fonctions trigonométriques généralisées à partir des fonctions trigonométriques usuelles :
Dérivées
On a :
Applications
Ces fonctions apparaissent comme fonctions propres du p-laplacien. En effet, on a :
Ainsi, cosp et sinp sont les solutions de l'équation différentielle non linéaire du second degré :
Extensions à deux paramètres
En 2012, Shingeku Takeuchi définit des fonctions trigonométriques généralisées à deux paramètres, ainsi que des extensions des fonctions elliptique de Jacobi[3],[4]; par exemple, en reprenant la définition par les intégrales abéliennes, on peut définir, pour :
Notes et références
↑ a et b(en) Robert D. Poodiack et William E. Wood, Squigonometry: The Study of Imperfect Circles, Springer Nature, , 289 p. (lire en ligne)
↑(en) William E. Wood, « Squigonometry », Mathematics Magazine, vol. 84, no 4, , p. 257-265 (DOI10.4169/math.mag.84.4.257)
↑(en) Shingo Takeuchi, « Generalized Jacobian elliptic functions and their application to bifurcation problems associated with p-Laplacian », Journal of Mathematical Analysis and Applications, vol. 385, no 1, , p. 24--35 (ISSN0022-247X, DOI10.1016/j.jmaa.2011.06.063)
↑(en) Barkat Ali Bhayo et Matti Vuorinen, « On generalized trigonometric functions with two parameters », Journal of Approximation Theory, vol. 164, no 10, , p. 1415-1426 (DOI10.1016/j.jat.2012.06.003)
Voir aussi
Bibliographie
(en) David E. Edmunds, Petr Gurka et Jan Lang, « Properties of generalized trigonometric functions », Journal of Approximation Theory, vol. 164, no 2012, , p. 47–56 (DOI10.1016/j.jat.2011.09.004, lire en ligne)
(en) Petr Girg et Lukáš Kotrla, « Generalized trigonometric functions in complex domain », Mathematica Bohemica, vol. 140, no 2, , p. 223–239 (lire en ligne)
(en) Peter Lindqvist et Jaak Peetre, « Two Remarkable Identities, Called Twos, for Inverses to Some Abelian Integrals », The American Mathematical Monthly, vol. 108, no 5, , p. 403-410 (DOI10.2307/2695794, JSTOR2695794)
(en) Petr Girg et Lukà Kotrla, « Differentiability properties of p-trigonometric functions », Electronic Journal of Differential Equations, Conference 21, , p. 101–127 (ISSN1072-6691, lire en ligne)