Avocat au barreau de Paris à partir du 11 novembre 1884, il fut élu deuxième secrétaire de la Conférence du stage (1887-1888), membre du Conseil de l'Ordre (1905-1909 et 1910-1917), puis bâtonnier du barreau de Paris[2] (1911-1913).
Il fut le défenseur d'Alfred Dreyfus devant le conseil de guerre, au procès de Rennes[2] en 1899. C'est Louis Leblois qui le convainc, en , de venir défendre Lucie puis Alfred Dreyfus. Durant ce procès, le 14 août, il fut victime d’une tentative d’assassinat – une balle tirée dans le dos – après avoir marché seul sur le quai de Richemont à Rennes. Il s'apprêtait à rejoindre Edmond Gast et Marie-Georges Picquart qu'il venait d'apercevoir, lorsque le coup de feu l'atteint[2],[3].
Après Rennes, et dans le sillage de Picquart, il se sépare bruyamment des Dreyfus, coupables à ses yeux de se satisfaire de la grâce et de travailler d'accord avec le gouvernement à imposer l'amnistie. Sa rancœur lui fait alors écrire des pages terribles dans lesquelles il célèbre Drumont et s'en prend aux juifs avec des mots que n'auraient pas reniés ses adversaires de 1898-1899[4].
Juriste autant qu’orateur, Labori collabora activement à La Gazette du Palais, dont il fut le rédacteur en chef (1892-1895), puis fonda en 1897 et dirigea la Revue du Palais, qui devint plus tard la Grande Revue. Il (co)défendit Guillaume Apollinaire au moment de son incarcération en septembre 1911.
Son talent oratoire, difficilement transposable à l'écrit, a été souligné par René Benjamin dans des longues pages de son ouvrage sur les gens de justice[5].
↑« La grande éloquence tempétueuse, la défense pied à pied, l'offensive impétueuse, le débattement acharné. » in Charles Péguy, Œuvres en prose : Hommage à Bernard Lazare, vol. 1, Paris, Pléiade, p. 1211.
↑Frédéric Chauvaud, « Les millions et les picaillons de la « Grande Thérèse » (1878-1903) », dans Impossibles victimes, impossibles coupables : Les femmes devant la justice (xixe-xxe siècles), Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN978-2-7535-6671-2, lire en ligne), p. 213–228.
Marguerite Labori, Labori, ses notes manuscrites, sa vie, Paris, V. Attinger, , 412 p.
Thierry Lévy et Jean-Pierre Royer, Labori, pour Zola, pour Dreyfus, contre la terre entière, un avocat, Paris, L. Audibert, , 271 p. (ISBN2-84749-083-3).
Philippe Oriol, Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.