Le commandant Ferdinand Forzinetti (1839-1909) est un officier français lié aux péripéties de l'affaire Dreyfus.
Biographie
Né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le , ce fils d'un maçon italien s'engage en 1857. Sergent-major en 1860, il est sous-lieutenant en 1865, et fait les campagnes d'Italie et du Mexique, avec le 2e régiment étranger d'infanterie. Capitaine en 1871, il est chef de pénitencier militaire à partir de mars 1876, en fonction au pénitencier de Birkhadem en Algérie. À partir de 1865 il dirige la prison d'Alger-Bab el Oued. Nommé commandant des prisons militaires de Paris, le 15 octobre 1890, il reçoit dans celle du Cherche-Midi, à l'automne 1894, le capitaine Dreyfus, « muré vivant dans sa chambre (dont la porte) ne devait s'ouvrir qu'en (sa) présence ». Il s'alarme de son désespoir et conçoit des doutes sur sa culpabilité.
Mis à la retraite par décret du 20 février 1895, Ferdinand Forzinetti participe aux travaux ministériels, et reçoit le 29 janvier 1897 un témoignage de satisfaction du ministre pour sa participation à la commission de révision des règlements pénitentiaires et la justice militaire. Mais ses relations étroites avec les dreyfusards, notamment avec Mathieu Dreyfus, l'en font écarter le 16 novembre 1897. Il témoigne à Rennes en faveur de Dreyfus tout en admirant qu'il n'ait « jamais eu un mot de haine pour ses bourreaux ». Son témoignage sert notamment à récuser celui du capitaine Lebrun-Renault, commandant le peloton qui conduisit Dreyfus de la prison à l'École militaire le 5 janvier 1895, et qui affirme que l'accusé a alors avoué sa trahison[1].
Dénoncé par la presse antisémite comme italien et demi-juif, Forzinetti est accusé par elle comme étant membre du « Syndicat ». Il s'était réjoui de la réhabilitation de 1906 en écrivant : « La revanche est belle et je la salue ». Son ancien prisonnier rendra hommage à son geôlier qui le dissuada d'attenter à sa vie et « qui sut allier les devoirs stricts du soldat aux sentiments les plus élevés de l'humanité ».
Michel Drouin, Être Dreyfusards, hier et aujourd'hui : Le commandant Forzinetti, premier dreyfusard de l’armée française, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 552 p. (ISBN978-2-7535-0947-4)[2].