Feng Yuanjun est née dans une famille de lettrés[1]. Elle devient orpheline de son père très jeune. C’est sa mère, très présente, qui prend en charge les besoins de la famille et lui permet de continuer à étudier, avec l’aide de ses frères aînés, en travaillant comme directrice d’école[2]. Feng Yuanjun a ainsi la possibilité d’effectuer des études à l'École normale supérieure féminine de Pékin dans la période de 1917 à 1922. Elle participe concomitamment, à partir de début , au mouvement du 4-Mai. Ce mouvement, étudiant au départ, est principalement dirigé contre les prétentions de l'empire du Japon sur la Chine[1].
Après avoir obtenu son diplôme, elle entre à l'université de Pékin pour un cursus en littérature classique chinoise. Elle en sort, diplômée, en 1925[1]. Elle occupe ensuite des postes d'enseignement à l'université de Jinling à Nanjing et l'université Zhongfa à Pékin[1]. En 1929, elle se marie à l’écrivain compatriote Lu Kanru. En 1930, elle a été nommée enseignante à l'université de Pékin. Elle est le premier professeur de sexe féminin[1]. De 1932 à 1935, elle travaille sur une thèse de doctorat sur la littérature classique chinoise, à l'université de Paris, en France[1]. La France est alors une référence récurrente pour les intellectuels chinois dans leur analyse de la situation de leur pays qui s’extrait à grand peine d’un régime impérial[3]. À son retour, elle s'impose dans les auteures importantes des années 1930, parmi une génération acquise aux idées démocratiques, aux côtés de Bing Xin, Ding Ling, Su Xuelin et Ling Shuhua.
Au cours de la seconde guerre sino-japonaise, Feng Yuanjun et son mari Lu Kanru sont conduits à vivre et travailler dans différentes cités dans le sud et le sud-ouest de la Chine[1]. Après la guerre, elle retourne à l'Université Dongbei à Shenyang[1]. En 1946, elle rejoint l'université du Shandong, alors située à Qingdao, et plus tard avec l'université de Jinan[1]. Elle devient ensuite vice-président de l'université du Shandong[1].
Pendant la période dite de révolution culturelle, elle fait l’objet de brimades et de persécutions, ayant été classée « enseignante réactionnaire », comme la plupart de ses collègues. Elle meurt d’un cancer du colon en 1974, avant la fin de cette révolution culturelle[1].
(en) Sally T. Lieberman, The Mother & Narrative Politics in Modern China, University Press of Virginia, (lire en ligne), p. 105-107, 116-128, 145-147, 233.
(en) Kirk A. Denton, « Feng Yuanjun », dans Lily Xiao Hong Lee et A. D. Stefanowska, (zh) (en anglais : Biographical dictionary of Chinese women ; en français : Dictionnaire biographique des femmes de lettres chinoises), vol. 2, M.E. Sharpe (dir.), , 762 p. (lire en ligne), p. 166-169.
(en) Jin Feng, « Sentimental autobiographies: Feng Yuanjun, Lu Yin and the New Woman », dans The New Woman in Early Twentieth-Century Chinese Fiction, Purdue University Press, (lire en ligne), p. 126-148.
Jacqueline Estran, « Un monde rêvé : la France dans la revue Xinyue (1928-1933) », Transtext(e)s Transcultures 跨文本跨文化, , p. 167-181 (DOI10.4000/transtexts.197, lire en ligne).
Jacqueline Estran, « Histoire d’une absence : la place du père dans les œuvres des écrivaines chinoises des années 1920 », Transtext(e)s Transcultures 跨文本跨文化, (DOI10.4000/transtexts.496, lire en ligne).