D'argent à la fasce de gueules, cantonnée en chef à dextre d’un écusson de gueules à la bande d’or, accompagnée de six billettes d'or mises en orle (qui est de Saveuse)
Le premier auteur attesté de cette famille est Michel Desplanques[3],[4],[5], lieutenant général des bailliage et gouvernance de Béthune en 1536[4], qui épousa le 20 juillet 1529 Jeanne (de) Bours[6],[3],[7].
Son fils, Pierre des Planques, marié le 26 septembre 1559 avec Jacqueline Le Hibert, entra au service de Charles Quint et fut peut-être le premier seigneur d'Hesdigneul[3]. II eut pour fils Jean Desplanques, créé chevalier à titre personnel en récompense de ses bons services, par lettres patentes de l'archiduc Albert données à Bruxelles le 5 mars 1614[3],[8],[9]. Les lettres patentes originales sont égarées, il ne subsiste qu’une copie tirée en 1781 des registres de l’élection provinciale d’Artois; « Jean Desplancques » y est qualifié « écuyer, seigneur de Hesdigneul, Tencques, Tencquettes, Espreaux, Estrée-en-Cauchies & Isel-lez-Avesnes » et « issu de noble et ancienne famille tant du côté paternel que maternel »[10].
On confond souvent, à tort, celui-ci avec Roger Desplancques, lieutenant du sieur de Noyelles, gouverneur de Bapaume, anobli par lettres patentes le 6 septembre 1606[11], entérinées le 21 mars 1607[12] à Lille, et qui reçut comme armoiries « D'argent à une fasce de gueules, chargée d'un croissant du champ à la bordure engrêlée de gueules ». On remarque une certaine analogie avec celles de la famille de Bethune Hesdigneul[12],[3], ou avec celles de la Maison de Béthune.
Controverse
Les descendants de Michel Desplanques ajoutèrent au milieu du XVIIe siècle à leur nom celui de « Béthune » et ne portèrent plus que celui-ci ensuite.
La famille des Planques de Béthune revendique depuis le XVIIIe siècle une communauté d’origine avec la maison de Béthune[7], et en 1672, le duc de Béthune-Charost accepta d'être parrain d'Armand Adrien de Béthune des Planques décédé en 1686.
Les « des Planques » ne figurent pas dans la Généalogie de la maison de Béthune de l'historien et généalogiste André Du Chesne (1636)[13]. L'Abbé Douay, auteur d'une généalogie controversée sur la famille de Bethune Hesdigneul parue en 1783, justifie cela, dans sa préface, par le fait que Duchesne s'est occupé uniquement des branches françaises, et non étrangères, l'Artois relevant de l'Espagne[14]. Duchesne dit d'ailleurs lui-même, dans son ouvrage, qu'il n'a pu se rendre en Artois du fait de la guerre franco-espagnole[15].
Elle ne se trouve pas non plus dans l' histoire généalogique du Père Anselme, publiée en 1728[16].
En 1778, lorsque le marquis de Béthune Hesdigneul demanda à être admis aux Honneurs de la Cour à Versailles, Bernard Chérin, généalogiste des ordres du roi, réputé pour son professionnalisme et son impartialité, qualifia de fausses une majorité des chartes antérieures au XVIe siècle qui lui furent soumises[17],[5].
Dans le contexte général des grandes enquêtes sur la noblesse en France à la fin du XVIIe siècle la famille des Plancques eut recours aux frères de Launay[18], faussaires, qui avaient profité du traité des Pyrénées et du rattachement de l'Artois au royaume de France, pour devenir hérauts d’armes. Considérés comme excellents travailleurs avant d'être démasqués, beaucoup de familles eurent recours à eux[19], avec les conséquences que l'on connait et qui les poursuivent encore aujourd'hui[20].
Néanmoins en 1783, l'abbé Douay, chanoine de Béthune, dans son Histoire généalogique des branches de la maison de Béthune, dédiée au prince Eugène Léon François de Béthune Hesdigneul, fit remonter la filiation de la famille de Béthune Hesdigneul à un fils cadet de Robert Ier, sire de Béthune, Richebourg, Carency, donné comme premier ancêtre de l'ancienne maison de Béthune. Cependant beaucoup de preuves proviennent des falsifications des frères Launay. Il donne également la généalogie de la famille de Roger Desplanques anobli en 1606, telle qu'elle se trouve dans ses lettres patentes[12], et écrit : « Voilà la généalogie de cette famille de Desplancques, d'où des gens méchans, & d'autres peu instruits, trompés par la conformité du nom, ont voulu faire sortir les deux branches de la Maison de Bethune [...] ». Il rajoute ensuite, dans le style de l'époque : « Il n'est pas impossible que les seigneurs de Villers-au-Flos [du nom de leur seigneurie] ne soient réellement descendans de la bonne famille de Desplancques, soit par bâtardise, soit par quelques cadets sans fortune, qui se sera établi en Flandre ; si il en existoit la moindre preuve, Messieurs de Béthune se feroient un plaisir de les reconnoître, & le pourroient sans rougir, puisque ce que l'on connoît de leur origine & filiation, prouve une famille militaire, distinguée & bien alliée ; mais jusqu'à présent on n'a trouvé aucune apparence de jonction, & comme elle est éteinte, cela devient assez indifférent.»[14]
Gustave Chaix d'Est-Ange écrit :
« Le nom de Desplanques est très répandu en Artois, et dans la réalité rien ne prouve que la famille Desplanques dont descendent les princes de Béthune Hesdigneul et les comtes de Béthune-Sully d'aujourd'hui ait appartenu avant la fin du XVIe siècle à la noblesse de sa région[3]. »
Louis de La Roque écrit :
« Nous avons vu par quelle série d'hypothèses on avait rattaché les Béthune-Sully (la famille du ministre français) aux anciens seigneurs de Béthune du Xe siècle et ceux-ci aux comtes souverains d'Artois, mais ce qui est encore plus curieux, c'est la façon dont on a relié à la fois aux Béthune-Sully et aux anciens Béthune la famille des Plancques qui tirait tout simplement son origine de la ville de Béthune et parait avoir été agrégée à la noblesse postérieurement au XVIe siècle (...) Le fils de Jean des Plancques, seigneur d'Hesdigneul, qui s'appelait Jean comme son père ajouta à son nom celui de Béthune peut-être pour rappeler le lieu d'origine de sa famille et la distinguer des familles homonymes, mais le fils de ce Jean au lieu de s'appeler des Plancques dit de Béthune comme son père, adopta le nom de Béthune en y ajoutant la mention dit des Planques et se prétendit issu des premiers seigneurs de Béthune par les sires de Carency. (...) Voyons maintenant comment les généalogistes ont rattaché les des Planques aux anciens Béthune. Il parait qu'une terre des Planques a appartenu à une maison de Carency qui remontait sa filiation à Hugues de Carency, chevalier, marié en 1187 à Marie de Saveuse. Comme d'un autre côté la terre de Carency avait appartenu avant le XIe siècle et le XIIe siècle à des seigneurs du nom de Béthune qui semblent être issus de la première maison de ce nom, il a paru tout naturel de faire descendre les Carency des Béthune et les des Planques des Carency. Ce procédé de jonction au moyen des noms de terres quand le nom de famille fait défaut est un de ceux que les fabricants de généalogies ont le plus souvent et le plus habilement employés[7]. »
Les généalogistes contemporains reprennent l'opinion de Louis de La Roque :
Joseph Valynseele écrit au sujet de la famille de Béthune Hesdigneul :
« Elle ne possède pas, en revanche, l’ancienneté et l’illustration auxquelles elle prétend et que lui ont concédées certains auteurs : sa filiation n’est établie de manière authentique qu’à partir du XVIe siècle et elle est tout à fait étrangère à la maison de Béthune, aujourd’hui éteinte, dont était Sully[21] ».
En 1955, le chercheur et historien Albert Bollengier reprit les observations de Chérin pour en conclure que la famille « des Plancques » ne descendait pas de l'ancienne maison de Béthune[5].
Branches
La famille des Plancques de Béthune forma deux branches, issues du mariage en 1559 de Pierre des Plancques et Jacqueline Le Hibert :
la branche aînée d'Hesdigneul devint en partie belge à la fin du XVIIIe siècle ; elle subsiste en France et en Belgique ;
la branche cadette de Pénin, puis de Saint-Venant, restée française, s'est éteinte en ligne masculine au début du XXe siècle.
Cette branche cadette fut autorisée à s'appeler de Béthune-Sully, par ordonnance du 16 octobre 1816, après que la mère du dernier duc de Sully, Hortense d'Espinay Saint-Luc, duchesse de Sully, eut fait donation des terres de Sully, Béthune, Lens et Montgommery au comte de Saint-Venant, chef de la branche cadette des Béthune des Planques, sous réserve de la relève du nom de Sully[22],[3],[23],[24],[17].
Personnalités
Branche d'Hesdigneul
Eugène François de Béthune des Planques, dit le marquis d'Hesdigneul (1671-1761), député de la noblesse d'Artois en 1699 ;
Marie Aimé de Bethune Hesdigneul (1777-1836), chambellan du roi des Pays-Bas[25].
Gaston de Béthune, maire de Mézières, député des Ardennes (1813-1891).
Branche de Saint-Venant
Adrien Joseph de Béthune, dit le comte de Saint-Venant (1736-1794), maréchal de camp.
Situation contemporaine
L'actuel chef de nom et d'armes de la famille de Béthune Hesdigneul est Henry Marie Ghislain, 10e prince de Béthune Hesdigneul, né au Creusot le 6 avril 1945, fils d'Eugène de Béthune Hesdigneul (1910-1965) et de Geneviève d'Anglejan (1919-2002)[26].
D'argent à la fasce de gueules (qui est de Béthune), cantonnée en chef à dextre d’un écusson de gueules à la bande d’or, accompagnée de six billettes du même, mises en orle (qui est de Saveuse).
Titres
Prince héréditaire de Bethune Hesdigneul le 7 avril 1781 par ordre de primogéniture, par diplôme de l'empereur du Saint-Empire Joseph II.
Titre reconnu en France le 18 octobre 1781. Le 24 mai 1818, une ordonnance de Louis XVIII promet de le créer duc et pair sous réserve de constituer un majorat de 30 000 livres de rente, condition qui ne fut pas exécutée[27],[28],[14],[29]. Cette ordonnance fut considérée à tort comme étant attachée au titre de prince par de nombreux auteurs qui suivirent l'avis d'Albert Révérend[30],[31],[32]. Or le titre de prince n'était pas prévu dans le textes de lois sur la formation des majorats à instituer par les Pairs, mais bien celui de duc[33]. Dès lors il aurait été impossible qu'il fut fait prince-pair. Précédemment, en 1813, il avait fait une demande en institution de majorat pour le titre de prince auprès de Napoléon Ier, la noblesse d'Ancien Régime ayant alors disparu. Cette demande lui avait été refusée au motif que sa fortune était insuffisante et qu’il jouissait de trop peu de considération personnelle et n’exerçait aucune fonction publique [34],[35],[36].
Titre confirmé en Belgique le 10 juin 1888 et le 13 juillet 1932[31].
Reconnaissance belge du titre de prince en 2023[37].
Reconnaissance de noblesse aux Pays-Bas avec le titre de comte le 5 mars 1816[31]
Marquis par diplôme du roi des Belges du 12 février 1848[31]
Honneurs de la Cour le 4 juin 1780, et en 1786 pour Jeanne Louise le Vasseur de Guernonval, baronne de Béthune.
Preuves de noblesse
à Vienne par l'impératrice Marie-Thérèse : homologation aux Pays-Bas autrichiens des armoiries portées en France par le marquis Eugène-François-Léon de Béthune Hesdigneul. Ces armoiries se blasonnent : d'argent, à la fasce de gueules (qui est Béthune) le canton dextre chargé d'un écusson de gueules, à la bande d'or, accompagnée de six billettes du même, trois en chef et trois en pointe (qui est Saveuse). Couronne (ducale) à cinq fleurons, sommée d'une toque ou bonnet de velours rouge. Tenants: deux hommes sauvages au naturel, couronnés et feuilletés de sinople, s'appuyant sur leur massue. Manteau d'hermines[26] ;
à Vienne par l'empereur Joseph II : concession du titre de prince de Bethune Hesdigneul transmissible par ordre de primogéniture en faveur du marquis Eugène-François-Léon de Béthune Hesdigneul[26] ;
à 's-Gravenhage par le roi Guillaume Ier : nomination de Marie-Aimé-Bernard-Antoine-Joseph-Eugène-Maximilien de Béthune Hesdigneul comme membre du corps équestre de Hainaut avec le titre de comte et inscription sur la 1re liste officielle des nobles avec mention que le titre de comte est transmissible par ordre de primogéniture[26] ;
à Laeken par le roi Léopold Ier : concession du titre de marquis transmissible par ordre de primogéniture en faveur de Maximilien-Guillaume-Auguste-Albert de Béthune, écuyer[26] ;
à Bruxelles par le roi Léopold II : reconnaissance de noblesse avec le titre de prince transmissible par ordre de primogéniture en faveur d'Hippolyte-Marie-Dieudonné-Henri-Maximilien de Béthune[26] ;
à Bruxelles par le roi Albert Ier : concession du titre de comte transmissible par ordre de primogéniture en faveur d'Adolphe-Albert-Joseph-Marie-Ghislain de Béthune Hesdigneul, écuyer[26] ;
à Bruxelles par le roi Albert Ier : reconnaissance du titre de prince transmissible par ordre de primogéniture en faveur du comte Auguste-Albert- Ferdinand-Marie-Ghislain de Béthune Hesdigneul[26] ;
à Bruxelles par le roi Léopold III : autorisation faite en faveur d'Eugène-Amaury-Marie-Ghislain de Béthune Hesdigneul, écuyer, de porter le titre de comte en même temps que son père (Adolphe-Albert-Joseph-Marie-Ghislain de Béthune Hesdigneul)[26] ;
à Bruxelles par le roi Baudouin : concession du titre de comte transmissible par ordre de primogéniture en faveur d'Albert-Joseph-Marie-Ghislain de Béthune Hesdigneul, écuyer[26], et extension des armoiries avec reconnaissance du cri de guerre et de la devise.
à Bruxelles par le roi Philippe : reconnaissance du titre de prince en faveur d'Henry de Béthune Hesdigneul, avec transmissibilité au premier degré par ordre de primogéniture masculine et modification d'armoiries[38].
Notes et références
↑Philippe du Bois de Ryckholt, Dictionnaire des cris et devises de la noblesse belge, Bruxelles, Office généalogique et héraldique de la Belgique, , 236 p. (ISBN2-87018-051-9, OCLC4932658, lire en ligne), p. 177
↑Jean-François Houtart, Anciennes familles de Belgique, Recueil LXI de l'Association royale Office Généalogique et Héraldique de Belgique, Bruxelles, 2008, p. 149
↑ ab et cRecueil de la noblesse de Bourgogne, Limbourg, Luxembourg, Gueldres, Flandres, Artois, Haynau, Hollande, Zeelande, Namur, Malines et autres provinces, (lire en ligne)
↑Hervé Douxchamps, « Les quarante familles belges les plus anciennes subsistantes : Haveskercke », Le Parchemin (OGHB) n°329, , p. 322-342
↑Voir à ce sujet, notamment, Galesloot, L., Pierre-Albert et Jean de Launay, hérauts d’armes du duché de Brabant, Histoire de leur procès, Ed Arnold, Bruxelles, 1866 Lire en ligne
↑Amédée Boudin, Notice sur la maison de Béthune-Hesdigneul, des anciens comtes souverains de Flandre et d'Artois, publiée dans le T. III des Archives de la France Contemporaine, au Bureau central de l'administration, (lire en ligne), p. 67 à 70
↑Biographie universelle et portative des contemporains; ou, Dictionnaire historique des hommes vivants et des hommes morts depuis 1788 jusqu'à nos jours : qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, Chez l'Éditeur, (lire en ligne)
↑Société du High Life, Annuaire High-Life, Paris, Société Annuaire High Life,
↑Ch Poplimont, La Belgique héraldique : recueil historique, chronologique, généalogique et biographique complet de toutes les maisons nobles reconnues de la Belgique. A - Bi, Adriaens, (lire en ligne), p. 614
↑Albert Révérend (1844-1911), Les familles titrées et anoblies au XIXe siècle : titres, anoblissements et pairies de la Restauration, 1814-1830. Tome 1 : par le Vte A. Révérend,..., H. Champion, 1901-1906 (lire en ligne)
↑ abc et dE. de Séréville, F. de Saint-Simon, Dictionnaire de la noblesse française, 1975, page 182
↑Henry de Woelmont, Notices généalogiques : Deuxième série, 1923, page 112
↑Jean Baptiste Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens avis du Conseil d'état, publiée sur les éditions officielles du Louvre : de l'Imprimerie nationale, par Baudouin; et du Bulletin des lois; (de 1788 à 1830 inclusivement, par ordre chronologique) continuée depuis 1830, avec un choix d'actes inédits, d'instructions ministérielles, et des notes sur chaque loi, indiquant : 1 l̊es lois analogues; 2 l̊es décisions et arrêts des tribunaux et du Conseil-d'état; 3 l̊es discussions rapportées au Moniteur. Suivie d'une table analytique et raisonnée des matières, A. Guyot et Scribe, (lire en ligne), p. 204
↑Archives nationales, Ségolène de Dainville-Barbiche et Geneviève Le Moël, Cabinet de Napoléon Ier et Secrétairerie d'Etat impériale, , 302 p. (ISBN978-2-86000-228-8, lire en ligne).
↑Natalie Petiteau , Élites et mobilités: la noblesse d'Empire au XIXe siècle, 1808-1914, La Boutique de l'histoire éditions, 1997, page 63.
↑Bulletin de la Société académique de Laon, volumes 33-34, 1910, page 140
↑Moniteur belge du 22 avril 2024, page 45106 : Par arrêté royal du 20 octobre 2023, Reconnaissance du titre de prince transmissible par ordre de primogéniture masculine, est accordée au comte Henry de Béthune Hesdigneul. Concession de la transmissibilité du titre de prince chaque fois au premier degré, transmissible par ordre de primogéniture masculine, au moment du décès de l’ascendant porteur du titre, est accordée au comte Henry de Béthune Hesdigneul. Modification d’armoiries à celle accordée à Albert Joseph Marie Ghislain de Béthune Hesdigneul en 1968
↑« Reconnaissance du titre de prince », Le Moniteur Belge, , p. 45106