Plus spécifiquement, un faisceau gaussien est un faisceau dont l'évolution du profil transversal d'amplitude en fonction de la propagation spatiale est proportionnel à une fonction gaussienne, par exemple une fonction de Gauss-Hermite.
Définitions d'un faisceau gaussien
Il existe plusieurs façons de définir un faisceau gaussien. Historiquement, les faisceaux gaussiens ont été utilisés en optique comme une solution de l'équation de propagation dans le cadre de l'approximation paraxiale. L'approximation paraxiale suppose une faible divergence du faisceau par rapport à son axe de propagation. L'angle de divergence maximal généralement admis est de l'ordre de 20 degrés.
D'autres approches provenant de l'électromagnétisme permettent d'obtenir une formulation de faisceaux gaussiens. Ainsi, on peut définir les faisceaux gaussiens monomodes et multimodes comme étant un cas particulier dans l'approximation paraxiale d'un ou plusieurs points source complexe[1].
Une autre solution peut consister à étendre le formalisme des rayons de l'optique géométrique aux rayons complexes, c'est-à-dire à des rayons dont la position, la direction et la matrice de courbure peuvent être complexes[2].
Enfin, on peut également définir un faisceau gaussien à partir de sa représentation spectrale. En définissant un champ dont l'amplitude est gaussienne sur un plan, on peut exprimer en utilisant un spectre d'ondes planes de cette distribution d'amplitude le champ propagé en un point quelconque[3].
Propagation des faisceaux gaussiens
L'approximation faite ici est celle du faisceau gaussien scalaire où le champ électrique est considéré linéairement polarisé selon une direction orthogonale à sa direction de propagation. Cette approximation donne de bons résultats lorsque le rayon du col du faisceau est très supérieur à la longueur d'onde. Dans le cas contraire, on doit utiliser le faisceau gaussien vectoriel décrit par la formulation plus compliquée de Davis (cf. Biblio.), où en particulier, le champ électrique a aussi une composante déphasée selon la direction de propagation, d'où le qualificatif de vectoriel.
Dans le cas de l'approximation scalaire, le champ électrique complexe d'un faisceau gaussien mesuré (en volts par mètre) à une distance du centre du faisceau et à une distance de son origine est :
La distribution de l'intensité moyenne temporelle (ou radiance), mesurée en watts par mètre carré est obtenue à partir de l'expression du champ électrique :
est la distance au centre de l'axe du faisceau où l'amplitude du champ électrique est multipliée par 1/e, ce qui correspond à une multiplication de l'intensité par (1/e)2. Ce paramètre est appelé la largeur du faisceau.
et sont respectivement l'amplitude et l'intensité du champ électrique au centre du faisceau à l'origine, c'est-à-dire et .
et sont respectivement la phase de Gouy et le rayon de courbure du front d'onde du faisceau, et sont définis plus bas.
Paramètres du faisceau
La géométrie et le comportement d'un faisceau gaussien dépend de divers paramètres indiqués ci-dessous.
Largeur de Faisceau
Pour un faisceau gaussien se propageant dans le vide, la largeur du faisceau sera à une valeur minimale de à son origine. Pour une longueur d'onde et à une distance le long de l'axe du faisceau, la variation de la largeur du faisceau sera :
où l'origine de l'axe est définie comme le point d'origine du faisceau et :
Le paramètre s'approche d'une ligne droite pour . L'angle entre cette ligne droite et l'axe central du faisceau est appelé la divergence du faisceau. Elle est donnée par :
L'angle d'ouverture du faisceau depuis son origine est donc :
Cette propriété d'un faisceau gaussien rend un faisceau laser très évasé si à son origine il a un diamètre très petit. Pour qu'il reste constant sur une grande distance, il faut donc que ce faisceau soit de grand diamètre à son origine.
Comme le modèle gaussien utilise une approximation paraxiale, il ne s'applique plus lorsque l'on regarde en un point où le front d'onde fait plus de 30° avec la direction de propagation[4]. À partir de la définition de la divergence, ceci veut dire que le modèle gaussien n'est valide que pour un faisceau avec une largeur à l'origine supérieur à .
La qualité d'un faisceau est calculée par le produit de sa divergence et de sa largeur à l'origine. Ce nombre obtenu sur un faisceau réel est comparé à celui d'un faisceau idéal gaussien de même longueur d'onde. Le rapport de ces deux nombres est noté et doit tendre vers 1 idéalement.
Phase de Gouy
Le délai longitudinal de la phase de l'onde ou Phase de Gouy du faisceau est :
Paramètre complexe du faisceau
Le diamètre et la courbure d'un faisceau gaussien en fonction de peuvent aussi être représentés par le paramètre complexe de faisceau donné par :
L'inverse de cette grandeur complexe contient le rayon de courbure du front d'onde et l'intensité relative sur l'axe, dans sa partie respectivement réelle et imaginaire
Le complexe Z obtenu joue un rôle crucial dans l'analyse des propriétés du faisceau gaussien, spécialement dans celle des cavités résonantes et les matrices de transfert de rayonnement.
Puissance et intensité
Puissance par une ouverture
La puissance (en watts) passant par un disque de rayon dans un plan transverse à la propagation et à une distance est :
où est la puissance totale transmise par le faisceau.
On trouve que :
Pour un disque de rayon , la fraction de la puissance transmise est :
.
Environ 95 % de la puissance du faisceau passera par un trou de rayon .
Intensité moyenne et maximale
L'intensité maximale sur l'axe du faisceau à de l'origine est calculée en utilisant la règle de L'Hôpital pour l'intégration de la puissance comprise dans le cercle de rayon divisé par la surface sous-tendue par :
L'intensité maximale (sur l'axe du faisceau) est donc le double de l'intensité moyenne (sur tout le faisceau) obtenue par la division de la puissance totale par .
Illustrations
Image instantanée d'une onde gaussienne simulée
Tache d'un rayon laser
Notes et références
↑(en) G. Deschamps, « A. Gaussian beams as a bundle of complex rays », Electronics Lett., vol. 7, 1971, p. 684-685.
↑(en) G. Deschamps, « Ray Techniques in electromagnetics », Proc. of the IEEE, vol. 60, 1972, p. 1022-1035.
↑(en) D. H. Martin et J. W. Bowen, « Long-Wave Optics », IEEE Trans. Antenna Propagat., vol. 41, 1993, p. 1676-1690.
(en) Bahaa E. A. Saleh et Malvin Carl Teich, Fundamentals of Photonics, 1991, John Wiley & Sons, New York (ISBN0-471-83965-5), chap. 3 (« Beam Optics »), p. 80–107 pour l'approximation scalaire et chap. 5 (« Electromagnetic Optics »), p. 173 pour le faisceau gaussien vectoriel
(en) Anthony E. Siegman, Lasers, University Science Books, (ISBN0-935702-11-3), chap. 6
(en) Amon Yariv, Quantum Electronics, 3e éd., Wiley, 1989 (ISBN0-471-60997-8)
(en) L. W. Davis, « Theory of electromagnetic beams », Phys. Rev., vol. 19, 1979, p. 1177-1179