L'Euridice de Peri est considéré comme le premier opéra véritable[1], même si Peri avait apparemment déjà composé un Dafne (créé en 1598, perdu), et participé à la composition des intermezzi de La Pellegrina en 1589, qui était une sorte de proto-opéra.
Le livret d'Ottavio Rinuccini tire son argument des livres X et XI des Métamorphoses d'Ovide, qui est une version canonique du mythe d'Orphée : l'histoire de ce musicien fabuleux dont le chant enchantait même les bêtes féroces, et qui à la mort de sa bien-aimée et toute récente épouse, la nymphe Eurydice va descendre aux Enfers pour tenter d'émouvoir Pluton dans l'espoir de revoir sa dulcinée. Il s'agit du premier opéra abordant ce mythe, qui deviendra l'argument le plus populaire du genre : en moins de vingt ans, Peri, Caccini, mais aussi Monteverdi, Domenico Belli et Stefano Landi composèrent chacun un opéra sur ce thème.
Pour la composition musicale, Jacopo Peri se fit aider de Giulio Caccini, qui avait déjà participé avec lui à l'aventure de La Pellegrina, et représentera lui-même son propre Euridice en 1602.
D'un point de vue musical, l'Euridice met en place de nombreux codes qui deviendront canoniques dans l'opéra. Notamment, il introduit la succession des parties en solo lyrique, en duo et en chœur. Il alterne aussi des passages plus ou moins dramatisés auxquels correspond un phrasé plus ou moins chanté, ce qui va du langage parlé normalement à l'aria en passant par le récitatif. De même, la complexité des harmonies et le nombre d'instruments en jeu se veulent signifiants dramaturgiquement. Par ailleurs, chaque personnage semble avoir, en plus de sa tessiture de voix, une base harmonique qui lui correspond, et sur laquelle vient s'ajouter la tonalité particulière de chaque scène. On note enfin déjà des audaces musicales, comme le recours à des exclamations arythmiques, à la dissonance, ou à des extravagances burlesques de la basse.