Dans le journalisme, l’enveloppe brune, ou enveloppe kraft, désigne un type de corruption qui consiste à verser de l’argent liquide à un journaliste dans le but d’orienter sa couverture médiatique.
Origine
L’origine du terme anglais « brown envelope » est incertaine, mais elle vient probablement d’Afrique de l'Ouest[1]. Le terme fait référence au fait que l’argent est souvent donné aux journalistes dans des enveloppes brunes[2].
Les pays africains anglophones utilisent aussi les euphémismes « journalisme d’extra » (« bonus journalisme »), « graisser la patte » (« oiling hands »), « journalisme de cocktail » (« cocktail journalism »). En Tanzanie, la « prime d’assoiement » (« sitting fee ») désigne la prime versé par les organisateurs d’évènements pour inciter les journalistes à venir et à rester jusqu’à la fin. En Éthiopie, la « taxe sainte » (« blessing fee ») désigne la pratique équivalente quand l’Église orthodoxe est impliquée[1].
Pratiques
Éthiopie
En Éthiopie, les journalistes de la chaîne de télévisionEBC, détenue par le gouvernement, acceptent les enveloppes brunes pour compenser leurs faibles salaires[1].
Nigeria
Au Nigeria, les « enveloppes brunes » sont courantes et acceptées[3]. La pratique est tellement répandue que les journalistes qui les refusent sont vus comme exclus ou moralisateurs par rapport à leurs collègues. Ce type de corruption touche toutes les formes de publications : blogs, magazines et journaux, ainsi que la radio et la télévision[2]. Il permet aux journalistes de compenser leurs salaires, faibles ou payés en retard[4].
Rwanda
Au Rwanda, la pratique est difficilement évitable à cause des bas salaires, même si des acteurs comme Radio Rwanda augmentent les salaires et punissent le fait d’accepter une « enveloppe brune » d’un licenciement immédiat[5].
Références
↑ ab et cBerhanu Lodamo et Terje S. Skjerdal, « Gratifications et enveloppes dans le journalisme éthiopien: Corruption ou formes légitimes d'encouragement professionnel ? », Afrique contemporaine, vol. 240, no 4, , p. 77 (DOI10.3917/afco.240.0077, lire en ligne, consulté le )