Emmanuel Lochac nait à Kiev le 27 mars 1886, de Joseph Loschack (translittération approximative d'un nom, écrit en alphabet cyrillique, qui signifie mulet en slave) et Sonia Zudkowitch. En 1894, sa famille émigre en France et s'installe à Paris, rue François-Miron. Il fréquente l'école communale de garçons située rue des Hospitalières-Saint-Gervais. Son père, érudit et polyglotte, joue un rôle certain dans son éducation[1].
En 1898, lui nait un frère, Georges. Étant de santé fragile, atteint de tuberculose pulmonaire, il fait entre 1901 et 1914 de fréquents séjours en sanatorium, en particulier à Cimiez, près de Nice. En 1906, il rencontre à Villiers-le-Bel Albertine Cornet, qui a alors quatorze ans, et qu'il épousera en 1922. En 1914, considéré comme guéri, il revient de Nice à Paris, tente en vain de s'enrôler dans la Légion étrangère[2], et s'inscrit à l'École du Louvre. En 1919, encouragé par Han Ryner, il publie son premier livre. En 1922, il épouse Albertine Cornet, reste installé à Paris, fréquente Han Ryner et Jean de Gourmont, puis Jean Royère et Valery Larbaud en 1924. Il s'établit alors 13 rue Édouard-Manet, mais conserve pour ses activités professionnelles, leçons et traductions — en particulier du portugais —, un bureau avenue de la Sœur-Rosalie, au domicile de ses parents. Il publie dans diverses revues : La Flandre littéraire, La Revue nouvelle, Les Cahiers du Montparnasse.
En 1931, il s'établit à Fontenay-sous-Bois, 53 rue du Clos-d’Orléans. Sa mère meurt en 1934, époque où il fait la connaissance de Sully-André Peyre. En 1936, il publie ses Monostiches. En 1940, l'occupation de la France coïncide avec la mort de son père. Il a alors une vie à risque, du fait de ses origines juives et de sa nationalité russe, mais il continue à fréquenter des lieux publics parisiens tout en refusant de porter l'étoile jaune et étant démuni de papiers d'identité. Il finit par entrer dans la clandestinité, et se réfugie à Marolles-en-Brie. Il cesse alors temporairement de publier.
En 1945, recruté par le poète Charles Tillac, il entre au jury de la Société littéraire des PTT. En 1947, il est reconnu par Jean Paulhan dans son anthologie Poètes d'aujourd'hui. Entre 1948 et 1956, il publie sept livres. À la même époque, il fréquente le groupe Les Poètes inactuels, qui donnera naissance, avec Jacques-Gustily Krafft, au groupe Le Poisson d'Or, devenu ultérieurement Le Cercle Aliénor, cercle d'esthétique qui à ce jour existe encore. En 1955, Alberte Lochac ayant pris sa retraite, il s'installe à Nice, où il meurt le 10 novembre 1956 d'un accident cardiaque.
Un Souffle et une Ombre, ghazels, Marsyas, Éditions Aigues-Vives, 1951
Sixains de Persévérances, poèmes, Marsyas, Éditions Aigues-Vives, 1956
Proses
Le Dimanche des malades, prose suivies de quelques vers, Éditions La Veilleuse, 1919. Dédié à Han Ryner.
Le Secret du Belvédère, avec un avant-propos de Valery Larbaud, les Écrivains réuinis, Paris, 1927, hors commerce
Le Poète et les Sphynges, Marsyas, Éditions Aigues-Vives, 1949
Avant Arcturus, maximes, Marsyas, Éditions Aigues-Vives, 1949
La Charte de l'Ephémère, maximes, Marsyas, Éditions Aigues-Vives, 1952
Propitiations du Temps, maximes, Marsyas, Éditions Aigues-Vives, 1953
La Bouteille dans le Vide, maximes, Marsyas, Éditions Aigues-Vives, 1954. Avec en épigraphe une phrase d'Alexandre Chneour : Le lendemain, toutes les plages du nord de Tunis étaient couvertes de millions de papillons rejetés par la mer.
Contre le forclos, livre posthume, Marsyas, Éditions Aigues-Vives, 1958
Pré-publications en diverses revues
Douze tercets de l'Oiseau sur la pyramide, parus dans La revue de l'Époque, 1921
Faux-jour, six quatrains, paru dans Yggdrasill, bulletin mensuel de la poésie en France et à l'Étranger, no 6, octobre 1936
Le Poète et les Sphynges, paru en revues et non tiré en volume, 1949
Pré-publications dans la revue Marsyas
Marsyas était la revue bilingue provençal-français de Sully-André Peyre, publiée de 1921 à 1961. Elle accueillit Emmanuel Lochac, toujours en première page, comme auteur-contributeur. Figurèrent au sommaire de la revue :
no 246, juin-juillet 1946, pages 1243 à 1253 : Hier nous attend
no 261, juin-juillet 1948, pages 1419 et 1420 : Le poète et les sphynges, 1re partie
no 271, septembre-octobre 1949, pages 1535 à 1539 : Avant Arcturus
no 283, janvier-février 1951, Un souffle et une ombre
no 292, mars-avril 1952, pages 1755 à 1759 : La charte de l'éphémère
no 301, avril 1953, pages 1879 à 1882 : Propitiation du temps
no 313, septembre 1954, pages 1991 à 1995 : La bouteille dans le vide
no 325, janvier-février 1956, pages 2119 à 2123 : Sixains de persévérance
Présence dans des anthologies
Anthologies à proprement parler
Poètes d'aujourd'hui, supervisée par Jean Paulhan, Éditions de Clairefontaine, 1947
Anthologie des Poètes du Poisson d'Or, Éditions Sésame, Paris, 1956
Anthologie critique, établie par Sully-André Peyre, Marsyas, juin 1958
Nouveau trésor de la poésie, par Pierre Menanteau, Éditions Sudel, 1974
Florilèges
Au pas feutré du songe, choix de vers et de proses, Cahier des Images de Paris, introduction par Élie Richard, 1967
Le Charbonneur de murailles, éditions L'Oie de Cravan, 2003, avec une brève présentation due à Pierre Peuchmaurd, (ISBN2 922399 24 9), 33 p. Signalée à tort sur certains sites internet comme étant un ouvrage d'Emmanuel Lochac, cette plaquette est en fait une compilation -significative- d'extraits de son œuvre en prose, essentiellement des aphorismes[5]. Le titre est repris d'une des publications faites dans Le Manuscrit autographe.
La revue de Jean Royère, Le Manuscrit autographe, chez Auguste Blaizot et fils, qui connut 44 numéros (janvier 1926 / octobre 1933), a publié à plusieurs reprises des fragments de l'œuvre d'Emmanuel Lochac :
numéro 8, 1927, Le cueilleur de simples, aphorismes
numéro 12, 1927, Le charbonneur de murailles, aphorismes
numéro 20, 1929, Le livre d'or de l'auberge, aphorismes
numéro 24, 1929, Monostiches, cinquante monostiches qui ne sont pas repris dans le recueil de 1936
Signalement dans des ouvrages de littérature française
René Lalou, Histoire de la littérature française contemporaine, PUF, 1941, t. II, p. 2
Henri Clouard, Histoire de la littérature française, Albin Michel, t. II, p. 170-171
Jean Rousselot, Dictionnaire de la Poésie française contemporaine, Larousse, 1968, p. 152
Robert Sabatier, La Poésie du XXe siècle, Albin Michel, 1982, t. I, p.491-492 ; t. III, p. 48 et 89
Articles, études et morceaux choisis dans des revues littéraires
Action Poétique no 105, 3e trimestre 1986, p. 2-10. Article de Jean Tortel sur le monostiche ; extraites de Monostiches et de Obélisque.
« Lochac und Bousquet », Der Moderne französische Aphorimus, Werner Helmich, Tübingen, Niemeyer, 1991, p. 150-153. Chapitre en allemand sur son œuvre aphoristique.
Emmanuel Lochac, ses visages et leurs énigmes, ouvrage collectif, 240 pages, sous la direction de Jacques Arnold, Éditions La Jointée, Paris, 1994