Emily Howland est la seule fille et la seconde des trois enfants de Slocum Howland et de Hannah Talcott épouse Howland, ses deux frères se nomment William et Benjamin. Ses deux parents descendent de migrants quakers qui, au début du XVII° siècle, ont fuit le royaume d’Angleterre pour s'installer dans la Nouvelle Angleterre. On retrouve la trace de ses ancêtres qui se sont faits remarquer durant la guerre d'indépendance des États-Unis. En 1798, Benjamin Howland quitte la ville de Dartmouth, dans l'État du Massachusetts pour s'implanter aux abords de la frontière occidentale de l'État de New York. Son fils Slocum Howland y devient un riche propriétaire foncier et un négociant qui spécule sur les cours des grains, de la viande de porc et de la laine. Sa mère Hannah Howland l'élève dans la stricte tradition des quakers mais avec douceur et tendresse[1],[2],[3],[4].
Le quakerisme
La jeune Emily Howland est profondément marquée par la dévotion de ses grands parents maternels, Sarah Hawkshurst épouse Talcott est une ministre quaker réputée, de son côté Joseph Talcott est connu pour ses positions abolitionniste, de réforme sociale, pacifiste et soucieux du sort des amérindiens. De son éducation religieuse, Emily Howland garde du quakerisme la simplicité dans tous les domaines que ce soit dans la manière de s'habiller ou de parler ainsi de la croyance en la Inward light(en) qui se traduit par « lumière intérieure »[1].
Scolarité
Susanna Marriot
Emily Howland, suit ses études primaires, dans un pensionnat situé à Aurora sur les rives du Lac Cayuga, elle y bénéficie de l'enseignement de Susanna Marriot qui lui transmet les valeurs d'un quakerisme vivant. Plus tard, Emily Howland compare Susanna Marriot à Margaret Fuller. Tout comme son père, Susanna Marriot possède une riche bibliothèque de livres et de journaux abolitionnistes qu'elle met en location[5].
Bien que jeune, Emily Howland se rend à des conventions antiesclavagistes, lors des repas, elle écoute les paroles de ces militants[6].
Poplar Ridge
Emily Howland suit ses études secondaires à un séminaire féminin situé à Poplar Ridge, New York(en). Elle y connait une liberté qu'elle n'a jamais connue auparavant. En 1844, Emily Howland et trois de ses condisciples écrivent et signent une lettre ouverte à l'attention du Parti whig local par laquelle elles prennent le défense de Henry Clay qui veut mettre fin à l'esclavage. Ayant appris les positions de sa fille, Slocum Howland envoie sa fille à la Young Ladies' Academy of Philadelphia(en), puis dans un établissement géré par Mary Grew(en), cette dernière est connue pour ses positions féministes et abolitionnistes et être une proche de Charles Burleigh(en) un abolitionniste notoire. Dans cet établissement, Emily Howland assiste à des conférences données par des quakers et des abolitionnistes comme Lucretia Mott, James Mott(en), Sarah Pugh(en) et Sallie Holley. Grâce à Mary Grew et Charles Burleigh, Emily Howland conforte ses convictions féministes et abolitionnistes[1],[7].
Les femmes du cercle de Mary Grew, portent le bloomer pour se distinguer et d'affirmer leur indépendance en tant que femmes. On ne sait si Emily Howland a revêtu le bloomer[8]
La rupture
Slocum Howland met fin aux études de sa fille Emily Howland alors qu'elle est âgée de seize ans, sous le prétexte qu'elle doit prendre en charge les tâches ménagères de la résidence familiale, sa mère gravement malade n'étant plus en état de les assumer. Elle continue tout de même à garder et continuer ses études pour la littérature française, la peinture et l'art floral. Dans une lettre qu'elle signe Emily Howling (« Emily la hurlante ») elle écrit « Je suis pareille à une cloche qui ne peut sonner »[1],[2],[3],[9].
Carrière
L'abolitionniste
Emily Howland sort de son ennui en se joignant à la cause abolitionniste. Son père fait partie des proches de William Lloyd Garrison, qui se rend régulièrement à la résidence de Sherwood. La propriété familiale, dès les années 1850, est une des étapes du Chemin de fer clandestin, ses grands parents maternels lui ont transmis le soutien à la cause antiesclavagiste, elle même lit les articles du Liberator, qui prônent l'abolition de l'esclavage et plus généralement la littérature abolitionniste[1],[2].
Emily Howland, accompagnée de son, père assiste régulièrement à des conventions abolitionniste. Parallèlement elle prend fait et cause pour soutenir le droit de vote des femmes, le développement de l'éducation et la promotion de la paix[1],[2].
Philadelphie
À partir de 1851, Emily Howland loge dans une pension de famille à Philadelphie ; là elle suit plusieurs conférences données au Woman's Medical College of Pennsylvania et approfondit sa maîtrise du latin, de l'allemand et de la botanique. Elle adhère à la section locale de l'Ethical Union et celle de l'American Moral Reform Society[10].
En 1856, Emily Howland rend visite à Myrtilla Miner alors qu'elle est de passage à Philadelphie. À la suite de quoi, faisant fi des conseils qui la mettent en garde, Emily Howland part le pour se rendre à Washington (district de Columbia) afin de se porter volontaire en tant qu'enseignante au sein de la Normal School for Colored Girls fondée par Myrtilla Miner. Lorsque cette dernière tombe malade en 1856, Emily Howland reprend la direction de l'école assistée par une Afro-Américaine. Elle entame des relations amicales avec plusieurs élèves et échangera avec elles une correspondance pendant des dizaines d'années[1],[2],[13].
Lors de sa période d'enseignement à la Normal School for Colored Girls, Emily Howland fait l’expérience de l'hostilité des Blancs à son endroit[1].
Emily Howland reçoit le soutien de Frances Seward, l'épouse du très influent sénateur de New York, William Henry Seward, ce dernier lui fait rencontrer de nombreuses personnalités dirigeantes présentes à Washington (district de Columbia)[1].
Le retour à Sherbrooke et la guerre de Sécession
En 1859, Emily Howland retourne à Sherbrooke, transformée par son expérience d’enseignante à la Normal School for Colored Girls[1].
En 1866, à la fin de la guerre de Sécession, Emily Howland convainc son père d'acheter un terrain de 400 acres[note 1], à Heathsville dans le comté de Northumberland, dans l’État de Virginie et à l'embouchure du Potomac. Elle y fait construire une école la Howland Chapel School(en)qu'elle ouvre en 1867 école à destination des esclaves émancipés, et parallèlement elle invite ces mêmes émancipés à s’y installer et construire des fermes. Emily Howland appelle ce projet « Arcadia »[note 2], une terre promise pour ceux qui y viennent[1],[2].
La Howland Chapel School est une des toutes premières écoles ouvertes à la fois aux enfants pauvres Blancs ou Noirs. Cet établissement est à l'abri de toutes menaces sectaires, policières ou politiques car construit sous la houlette de son père Slocum Howland[1],[2].
L’héritière
Quand sa mère Hannah Howland meurt en décembre 1867, Emily Howland doit s’occuper de son père et de la gestion et de l'entretien de leur résidence de Sherwood. Lorsque son père décède en 1881, elle reçoit en héritage deux fermes, une résidence en Virginie et celle de Sherwood[1],[2].
À partir de 1890, Emily Howland devient membre du conseil d'administration de l'Aurora National Bank d'Aurora dans l'État de New York ce qui lui permet de gérer au mieux son héritage[1].
Elle continue de soutenir, de financer, créer des établissements d'enseignement pour les jeunes afro-américains, elle finance des jeunes afro-américaines pour qu'elles puissent suivre des études à l'université Howard, où elle donne des conférences[1].
Avec l'âge Emily Howland devient sourde et éprouve des difficultés à se déplacer, mais cela n'entache point sa vivacité d'esprit et ses la continuité de ses actions et engagements[1].
Emily Howland meurt âgée de 101 ans, ses funérailles sont célébrées dans sa résidence de Sherwood, puis elle est inhumée dans le caveau familial de Sherwood. Par son testament elle lègue sa fortune estimée à 239 000 $[note 3] à des établissements scolaires et des institutions caritatives[1],[2],[16].
En 1927, la Sherwood Select School, un établissement d'enseignement secondaire fondé en 1871 par les quakers est rebaptisée la Emily Howland High School[3].
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↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 11
↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 12-13
↑ a et bBreault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 22-23
↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 13-14
↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 20-22
↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 24
↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 27
↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 30-32
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↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 156-158
↑Breault, The world of Emily Howland (lire en ligne), p. 163-164
↑(en-US) « The Emily Howland Papers », sur Cornell University Library's Division of Rare and Manuscript Collections
↑(en-US) « Emily Howland », sur National Women Suffrage Association
Pour approfondir
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Notices dans des encyclopédies et manuels de références
(en-US) Edward T. James (dir.), Janet Wilson James (dir.), Paul S. Boyer (dir.) et Florence Woolsey Hazzard (rédactrice), Notable American Women 1607-1950, vol. 2 : G-O, Cambridge, Massachusetts, Belknap Press of Harvard University Press (réimpr. 1974, 1982, 2004, 2014) (1re éd. 1971), 659 p. (ISBN9780674288355, lire en ligne), p. 229-231.,
(en-US) Robert McHenry, Famous American Women : A Biographical Dictionary from Colonial Times to the Present, New York, Dover (réimpr. 1983, 1993) (1re éd. 1980), 482 p. (ISBN9780486245232, LCCN83007176, lire en ligne), p. 200-201,
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(en-US) Anne Commire (dir.), Deborah Klezmer (dir.) et Barbara Morgan (rédactrice), Women in World History, vol. 7 : Harr - I, Waterford, Connecticut T, Yorkin Publications & Gale Groupe ; (réimpr. 2002) (1re éd. 1999), 746 p. (ISBN9780787640668, lire en ligne), p. 522,
Essais et biographie
(en-US) Judith Colucci Breault, The world of Emily Howland : Odyssey of a humanitarian, Millbrae, Californie, Les Femmes, , 196 p. (ISBN9780890879870, lire en ligne).,
Articles
(en-US) « Obituaries », The Quarterly Journal of the New York State Historical Association, vol. 10, no 4, , p. 346-348 (3 pages) (lire en ligne).,
Liens externes
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :