Edmond Poillot

Edmond Poillot
Description de cette image, également commentée ci-après
Edmond Poillot aux commandes d’un biplan Voisin à l’école de pilotage de Mourmelon (Marne)
Nom de naissance Edmond Julius Poillot
Naissance
Paris 18e
Drapeau de la France France
Décès (à 22 ans)
Gellainville (Eure-et-Loir)
Drapeau de la France France
Nationalité Drapeau de la France France
Profession
  • Rédacteur de journal
  • Pilote pionnier de l'aviation
  • Boxeur amateur
Aviateur
Brevets
n°182, délivré le


Edmond Julius Poillot, né le à Paris 18e et mort le (à 22 ans) à Gellainville (Eure-et-Loir)[1], est un journaliste, pilote pionnier de l'aviation et boxeur amateur français.

Biographie

Edmond Poillot naît le du mariage de Jules Doctrové Poillot, expert-comptable, et Louise Léontine Angèle Darreau. Il fait d'excellentes études chez les Pères Jésuites à Boulogne sur Mer (Pas-de-Calais)[2]. Ses études classiques terminées, il voyage deux ans en Europe. Puis en 1907[3] il débute à L’Auto, dans le journalisme sportif, dont il est à cette époque le plus jeune représentant. Il y était fort bien préparé par sa connaissance pratique de presque tous les sports. Bon cavalier, fleurettiste entraîné, il avait fait aussi de l’aviron, du tennis, du patinage.

Il est surtout excellent boxeur et représente plusieurs fois la France dans des compétitions internationales de boxeurs amateurs, dont les Jeux olympiques de 1908 à Londres[4], où il est battu en quarts de finale de la catégorie poids plumes par Richard Gunn qui remportera le titre Olympique[5],[6],[7].

Mais les sports mécaniques l’attirent et, après s’être occupé de yachting automobile, il se voit confier la rubrique aéronautique de L’Auto. Il collabore aussi à La Vie au grand air et à L'Aérophile.

Une courte envolée en qualité de passager avec Louis Blériot dans la cuvette d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)[8] le décide à abandonner le journalisme et à devenir aviateur à son tour. En septembre 1909 il effectue ses premiers vols au camp de Châlons sur un biplan Voisin[8]. En janvier 1910 il quitte le journal l’Auto pour faire son apprentissage à l’école de pilotage Voisin de Mourmelon (Marne)[9],[10].

Au printemps 1910 il effectue pendant deux mois une série d’exhibitions publiques en Espagne, en particulier à Barcelone le 28 mars[11], et au Portugal. Le il est engagé par Robert Savary pour diriger son école de pilotage à Chartres (Eure-et-Loir)[2]. Le il passe les trois épreuves du brevet de pilote aviateur de l’Aéro-Club de France, à Chartres, sur biplan Savary[12], qui lui est délivré sous le no 182 le [13] et devient chef pilote Savary à l’aérodrome de Chartres[14].

Accident aérien

Edmond Poillot aux commandes d’un biplan en 1910
Edmond Poillot aux commandes d’un biplan (1910).

Le dimanche , Edmond Poillot effectue des vols avec ses élèves dans les faubourgs de Chartres, sur son biplan Savary à deux hélices. Lors de son 5e vol de la journée, avec Gérard Partiot pour passager, alors qu'il effectue sa descente pour atterrir et qu’il vire à une vingtaine de mètres du sol pour éviter un bosquet, son aéroplane pique du nez, fait une culbute presque complète, tourbillonne deux fois sur lui-même, puis s'effondre sur le sol au lieu-dit Marin Fosse, à Gellainville (Eure-et-Loir). Edmond Poillot succombe quelques minutes plus tard à une fracture du crâne et à une rupture de la colonne vertébrale[2],[9],[14],[15],[16],[17].

Son passager, Gérard Partiot, n’est que blessé, mais il trouvera à son tour la mort à la suite d'une collision d’aéroplanes avec son camarade Peugeot, à l'école d'aviation militaire du Pont-Long, à Pau (Pyrénées-Atlantiques) le [18].

À cette époque, les accidents d'aviation n'étaient suivis d'aucune enquête, technique ou administrative, les causes de cet accident sont donc restées inconnues : une rafale de vent[10],[19], ou une déchirure de la toile d'une des ailes dont s’est souvenu Gérard Partiot[2],[16], peut-être due à la rupture d’un tendeur[20],[21], ou la perte de vitesse due à une résistance structurelle à l’avancement du biplan Savary[22] ?

Le , le corps d'Edmond Poillot est transféré à son domicile, à Paris[23],[24]. Les obsèques sont célébrées le en l’église Saint-Jean-l’Évangéliste de Montmartre et il est inhumé au cimetière du Nord, communément appelé cimetière de Montmartre, dans la 14e division[25],[26]. Le surlendemain, le , sa maîtresse Gabrielle Prévôst, danseuse, inconsolable, se donne la mort sur sa tombe d’une balle dans le cœur[27],[28].

Edmond Poillot volait, mais il semblait qu'il avait un pressentiment du sort qui lui était réservé :

« Que veux-tu mon vieux, si la fatalité veut que je succombe, nous le verrons bien ! »

— Propos tenus à un passager la semaine précédant son accident[15]

« Je suis engagé au meeting de la Baie de Seine ; Avec cette nouvelle, je vous adresse quelques détails sur moi pour que vous prépariez ma nécrologie. »

— Lettre à Frantz Reichel, [2]

De fait à ce meeting de la Baie de Seine, le dernier jour, le 6 septembre 1910, il est soufflé et violemment plaqué dans un virage, l'appareil est détruit mais lui s'en sort miraculeusement indemne[2],[29].

Hommages

Monument à Edmond Poillot.
  • Le un monument élevé par souscription à la mémoire de l'aviateur Edmond Poillot, la première victime de l'aviation tombée sur le sol beauceron, a été inauguré à l'aérodrome de Chartres, presque en bordure de la route, sur un terrain acquis par la Société chartraine d'encouragement à l'aviation.
Le monument, œuvre de M. Armand Mouton, architecte à Chartres, se compose d'une triple assise de pierres sur laquelle repose une pyramide monolithique surmontée d'une flamme, sculptée dans la matière. Sur un côté on lit cette inscription : À Edmond Poillot, aviateur, 21 janvier 1888 - 25 septembre 1910. Ses amis[30],[31].
  • Une rue porte son nom à Chartres[32],[33].
Le monument à sa mémoire y a été déplacé en 1966, à l’angle de la rue de Sours[21].

Références

  1. « Mairie de Gellainville, Registre des décès de l’année 1910 : Acte no 6, Décès de Edmond Julius Poillot », Gellainville N.M.D. 1897-1912 p.195/223, 3 E 177/009, sur Archives Départementales d’Eure et Loir.
  2. a b c d e et f Frantz Reichel, « La conquête de l'air : Mort de l'aviateur Poillot », Le Figaro, Paris, Gaston Calmette, 3e, vol. 56e année, no 269,‎ , p. 3 (ISSN 1241-1248, lire en ligne).
  3. « Une nouvelle victime de l’aviation : L'aviateur Poillot se tue près de Chartres », Gil Blas, Paris, Henri de Noussanne, vol. 31e année, no 12.279,‎ , p. 2 (ISSN 1149-9397, lire en ligne).
  4. « L'aviateur Poillot tombe et se tue à Chartres », La Croix, Paris, vol. 31e année, no 8.440,‎ , p. 1 (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  5. H. Lambert, « Boxe aux Jeux Olympiques : Résultats complets », L’Auto, Paris, Henri Desgrange, vol. 9e année, no 2.934,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  6. Edmond Poillot, « Les boxeurs français aux Jeux Olympiques », L’Auto, Paris, Henri Desgrange, vol. 9e année, no 2.936,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  7. Victor Breyer, « Boxe : une fameuse journée de sport à Londres », L’Auto, Paris, Henri Desgrange, vol. 9e année, no 2.939,‎ , p. 5 (lire en ligne).
  8. a et b Edmond Poillot, « Mon premier vol : Au camp de Châlons », L’Auto, Paris, Henri Desgrange, vol. 10e année, no 3.260,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  9. a et b Jacques May et A. Guymon, « Chute mortelle d'Edmond Poillot : Le jeune aviateur, après un beau vol, fait une chute de 20 mètres et se tue », L’Auto, Paris, Henri Desgrange, vol. 11e année, no 3.633,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  10. a et b Roger Dépagniat, Les martyrs de l'aviation, Paris, E. Basset et Cie, , 350 p. (lire en ligne), « Edmond Poillot », p. 112-114.
  11. « Les aéroplanes à travers l'Europe », La Revue aérienne, Paris, Ligue nationale aérienne, vol. 3e année, no 36,‎ , p. 209 (lire en ligne).
  12. « Les aéroplanes : Au jour le jour un peu partout », L'Aérophile, Paris, Georges Besançon, vol. 18e année, no 17,‎ , p. 398 (ISSN 0994-8929, lire en ligne).
  13. « Liste alphabétique des pilotes-aviateurs : Titulaires du Brevet de l’Aéro-Club de France », L'Aérophile, Paris, Georges Besançon, vol. 19e année, no 2,‎ , p. 41 (ISSN 0994-8929, lire en ligne).
  14. a et b « Les journées tragiques de l’aviation : Chute mortelle d’Edmond Poillot », L'Aérophile, Paris, Georges Besançon, vol. 18e année, no 19,‎ , p. 450 (ISSN 0994-8929, lire en ligne).
  15. a et b « Encore une victime de l'aéroplane : Poillot se tue à Chartres », Le Petit Parisien, Paris, Jean Dupuy, vol. 35e année, no 12.385,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  16. a et b « Poillot s’est tué en aéroplane », Le Petit Journal, Paris, Charles Prévet, vol. 48e année, no 17.440,‎ , p. 1 (ISSN 1256-0464, lire en ligne)
  17. Raymond Saladin, « Le premier journaliste pilote : Edmond Poillot », Aviation Magazine, Paris, Pierre Laureys, no 48,‎ , p. 16 (ISSN 0005-2132, lire en ligne)
  18. « Obsèques des aviateurs Partiot et Peugeot », L’Indépendant des Basses-Pyrénées, Pau, Octave Aubert, vol. 48e année, no 282,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  19. M. Pelloux, « La mort de Poillot », La Revue aérienne, Paris, Ligue nationale aérienne, vol. 3e année, no 48,‎ , p. 562-563 (lire en ligne).
  20. « La conquête de l’air : Comment se produisit la chute de Poillot », La Démocratie, Issy-les-Moulineaux, Marc Sangnier, vol. 1re année, no 43,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  21. a et b « Sur le champ d’aviation de Chartres, documents choisis dans les collections patrimoniales, 1909-1914 : Edmond J. Poillot (1888-1910) » [PDF], sur Les bibliothèques de Chartres, p. 9-11.
  22. Gastinger (Edouard Verdier), « L’aviation à Chartres - 1910/1912 : Quelques détails sur les accidents de POILLOT, de MARON et de LEVEL sur avions SAVARY » [PDF], sur Site personnel de François-Xavier Bibert, p. 4-6.
  23. « Les obsèques de Poillot », Le Petit Parisien, Paris, Jean Dupuy, vol. 35e année, no 12.387,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  24. « Après la mort de Poillot », L’Auto, Paris, Henri Desgrange, vol. 11e année, no 3.634,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  25. Frantz Reichel, « Les obsèques de Poillot », Le Figaro, Paris, Gaston Calmette, 3e, vol. 56e année, no 273,‎ , p. 4 (ISSN 1241-1248, lire en ligne).
  26. « Les obsèques de Poillot », L’Auto, Paris, Henri Desgrange, vol. 11e année, no 3.636,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  27. « Une page d’amour : La maîtresse de Poillot se tue sur sa tombe », Le Petit Parisien, Paris, Jean Dupuy, vol. 35e année, no 12.391,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  28. « Nouvelles diverses : Suicide de la fiancée de Poillot », Le Figaro, Paris, Gaston Calmette, 3e, vol. 56e année, no 275,‎ , p. 3 (ISSN 1241-1248, lire en ligne).
  29. (en) « Havre-Deauville-Trouville Meeting », Flight, Royaume-Uni, Royal Aero Club of United Kingdom, vol. II, no 38,‎ , p. 753 (ISSN 0015-3710, lire en ligne).
  30. « Un monument à l’aviateur Poillot », Le Petit Parisien, Paris, Jean Dupuy, vol. 36e année, no 12.769,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  31. « Inauguration d’un monument à Poillot », L'Aérophile, Paris, Georges Besançon, vol. 19e année, no 22,‎ , p. 537 (ISSN 0994-8929, lire en ligne).
  32. Juliette Clément, « Les Clos : un « Beau-Lieu » à l’assaut des hauteurs : La rue Edmond-Poillot, via sacra de la ZI », Votre Ville Le Magazine de Chartres, Chartres, Mairie de Chartres, no 187,‎ , p. 45 (ISSN 1257-5194, lire en ligne).
  33. Claude Dannau, « Edmond Poillot », sur Aérostèles.
  34. « Aéronautique : La grande fête de l'Union aérienne, dimanche prochain à Juvisy », L'Action Française, Paris, Léon Daudet, vol. 5e année, no 276,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  35. « Aviation : Le meeting de Juvisy », Le Journal, Paris, Fernand Xau, no 7.316,‎ , p. 7 (lire en ligne).

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