Né à Vire le , Edgar Monteil est le fils d'un avoué de première instance[3] et d'Adèle Louise Shaw, née a Tours, Indre-et-Loire 17 janvier 1816, la fille de William Shaw et Frances Catherine Steer d'Angleterre. Selon les sources, il mène des études secondaires soit à Paris, au lycée Bonaparte, soit à Lyon, dans l'actuel collège-lycée Ampère, comme il le déclare lui-même dans ses Souvenirs de la Commune[4], soit à Saint-Étienne[5], avant de se tourner vers la littérature et le journalisme[6]. Élevé dans la foi catholique, il évolue vers l'agnosticisme, avant de se tourner vers le positivisme, sous l'influence de Philémon Deroisin, en 1860[7]. Après avoir collaboré à des feuilles locales, il part étudier le droit à Paris, où il fonde le journal L'Étudiant en 1867[3], dont l'originalité, outre son titre, est de s'adresser, pour la première fois, à l'ensemble des élèves de l'enseignement supérieur[8]. Ayant sollicité les conseils de George Sand, celle-ci lui répond :
« Je comprendrais un journal de jeunes gens avec cette devise « Liberté absolue de croyance ou de négation pour nous dans le présent et l'avenir. Guerre aux entraves du passé, guerre à tout ce qui empêche l'homme de croire ou de nier ce qu'il veut ». C'est je crois le seul terme de ralliement pour tous, une croisade contre le véritable ennemi, le moyen âge encore debout, le prêtre qui damne, le gendarme qui prononce sur les choses de l'esprit. La jeunesse ne peut pas se fondre dans une seule nuance, il faut qu'elle ait son initiative individuelle dans tous les sens, autrement elle ne serait plus la jeunesse c'est-à-dire la spontanéité. Je ne comprends donc pas comment son expression serait une doctrine; mais je la concevrais marchant contre l'ennemi commun (le déni de liberté intellectuelle), avec le même ensemble et la même ardeur qui poussent un régiment de zouaves à l'assaut d'une forteresse[9]. »
Engagé, après les élections, dans la lutte contre le plébiscite du 8 mai 1870, il est élu dans le VIe arrondissement membre de la commission de surveillance des votes de l’armée, dont il est nommé secrétaire, Édouard Lockroy occupant quant à lui la présidence. Mais, devant le succès du plébiscite, fatigué, découragé, il choisit de se retirer à Thodure dans l'Isère[10], où se trouve une partie de sa famille, et emmène avec lui son ami Gaston Lemay[11].
De retour à Paris le soir du [13], il assiste à la proclamation de la Commune et reprend sa place au Rappel. Au mois d'avril, Napoléon La Cécilia, chef d'état-major du général Eudes, qu'il a connu à la rédaction de cette revue, le prend comme officier d'ordonnance. Puis, quand il est promu général commandant de la place, le 24, il fait du journaliste son secrétaire avec le grade de lieutenant d'état-major. Le 10 mai, le service de Monteil est transféré au ministère de la Guerre, et il devient secrétaire général de Charles Delescluze. Le matin du , au lendemain de l'entrée des Versaillais dans Paris, le ministère de la Guerre est évacué, et il se replie sur l'hôtel de ville, où Delescluze le libère alors de ses obligations[10]. Retourné au Rappel, il change son uniforme contre des vêtements civils et y passe la nuit. Fait prisonnier le lendemain par les Versaillais dans une gargote, près des locaux de la revue, il est emmené à l'arsenal de Satory[14]. Le , il passe devant le cinquième conseil de guerre, à Versailles, qui le condamne à un an de prison et cinq ans de privation de droits[15] pour port illégal d'uniforme et commandement dans les bandes armées[16]. Il est interné à la prison de Beauvais[17].
Un écrivain libre-penseur sous l'Ordre moral
Libéré le matin du , il rentre au Rappel[18], journal d'extrême gauche, tout en collaborant au National, plus modéré, et devient gérant de l'Excommunié de Lyon. Par ailleurs, il donne des cours à la Société philotechnique[10]. Toutefois, à la suite de la publication de l’Histoire d'un frère ignorantin, le frère Philippe[19],[20], le Supérieur général de l'Institut des Frères de la doctrine chrétienne, une congrégation religieuse masculine de l'est de la France, dépose une plainte en correctionnelle à son encontre pour diffamation le [21]; le , la septième chambre du tribunal correctionnel de Paris condamne l'auteur à un an de prison, 2 000 francs d'amende, 10 000 francs de dommages-intérêts et deux ans de contrainte par corps[6], l'éditeur Jean Brouillet à six mois de prison et 1 000 francs d'amende[22]. Monteil choisit alors de s'exiler et publie à Anvers son Catéchisme du libre-penseur, en 1877[23]. La même année, il se rend aux funérailles de Gustave Courbet, où il prononce un discours au nom de l'art et des artistes[24].
En 1887, il se présente comme candidat radical à une élection législative partielle dans l'Isère[6] mais échoue au second tour le 5 juin avec 22 793 voix sur 76 068 votants et 164 356 inscrits face à son concurrent opportuniste, François-Maximin Valentin, qui obtient 35 382 voix[31]. Un troisième candidat, Paviot, républicain modéré indépendant, obtient, quant à lui, 16 169 voix[32].
Membre depuis de la loge parisienne « La Clémente amitié »[15], dont il a gravi aussitôt les trois premiers grades (apprenti, compagnon, maître), avant de devenir vénérable maître en 1891[38],[35],[39], il fréquente assidûment « Les Préjugés vaincus » de Guéret, puis « Les Artistes réunis » de Limoges[40], où il est considéré comme « l'auxiliaire ardent et dévoué des œuvres de défense et de propagande républicaines »[2], et se voit surnommer le « préfet des Loges »[41]. Il est élu et membre du conseil de l'ordre du Grand Orient de France en 1898[42].
Ses difficultés politiques finissent par rejaillir sur sa santé[2]. « Eu égard à ses états de service »[43], Émile Combes le nomme alors directeur de l'asile public d'aliénés de Villejuif, par arrêté du , alors qu'il donne des signes de dérangement mental[44]. Il démissionne de ces fonctions le , étant, d'après l'un de ses contemporains médecin en chef des asiles, Louis Lucipia, « gâteux au sens médical du terme »[45].
Œuvres
Monteil a publié de nombreux ouvrages pour les étrennes et les distributions de prix adoptés par le Ministère de l'Instruction publique et le Conseil municipal de Paris : François François illustré par Édouard Loëvy, Jean-le-Conquérant illustré par Montégut, Les 3 du Midi illustré par Albert Robida, Jeanne-la-Patrie illustré par Paul Lelong, Le Roi Boubou illustré par Émile Mas, Histoire de pauvre Louise illustré par Vauzanges, Histoire du célèbre Pépé illustré par Henri Pille, La Petite institutrice illustré par Tauzin, etc.
Poésies. Pièces fugitives. Pensers d'amour. Giuseppe. Les Chansons des Vaux-de-Vire, Paris, L. Beauvais, 1866, 72 p.
Les Dernières tavernes de la bohème, le Cochon Fidèle et le Temple de l'Humanité (en collaboration avec Paul Tailliar), Paris, E. Sausset, 1866, 15 p.
Lettre sur le Conservatoire, section de déclamation, Paris, Dentu, 1868, 16 p.
Le Dixain vaudevirois, Rouen, Ch. Haulard, 1869, 63 p.
Le Rhin allemand, Paris, G. Charpentier, 1870, 237 p., lire en ligne sur Gallica
Études humaines. Sous le confessionnal, Paris, A. Sagnier, 1873, 144 p.
L'An 89 de la République, Paris, Jean Brouillet, 1873, 154 p.
Le Cléricalisme et les rois Bourbons, Paris, Le Chevalier, 1873, 16 p., lire en ligne sur Gallica
Le Régime du goupillon, Paris, A. Sagnier, 1873, 48 p., lire en ligne sur Gallica
Études humaines. Histoire d'un frère ignorantin, Paris, Jean Brouillet, 1873, 144 p.
Du Blindage des navires de guerre, 1877, 10 p.
Catéchisme du libre-penseur, Anvers, Mees & Co, 1877, 253 p.
Des prisons et des peines, Anvers, Mees & Co, 1878
Études humaines. Madame de Féronni, Paris, G. Charpentier, 1880, 306 p.
Études humaines. Antoinette Margueron, Paris, G. Charpentier, 1880, 357 p.
Les Couches sociales, Paris, G. Fischbacher, 1880, 487 p.
Henriette Grey: études humaines, Paris, G. Charpentier, 1880, 529 p., lire en ligne sur Gallica
Programme électoral de 1881, par le citoyen Monteil, Paris, Périnet, 1881
Cornebois: études humaines, Paris, G. Charpentier, 1881, 344 p., lire en ligne sur Gallica
Rochefière: études humaines, Paris, G. Charpentier, 1882, 298 p., lire en ligne sur Gallica
Souvenirs de la Commune, 1871, Paris, Charavay frères, , 334 p., lire en ligne sur Gallica
Études humaines. Les Petites mariées, Paris, G. Charpentier, 1883, 312 p.
Manuel d'instruction laïque, Paris, C. Marpon & E. Flammarion, 1884, 183 p.
Études humaines. Le Grand village, Paris, G. Charpentier, 1885, 395 p.
Documents de l'histoire contemporaine. L'exécution de Gustave Chaudey et de trois gendarmes, publiée par Edgar Monteil (récit de Préau de Védel), Paris, Charavay frères, 1885, 26 p.
Code de la séparation des Églises & de l'État, Paris, Derveaux, 1886, 207 p.
La bande des Copurchics: études humaines, Paris, L. Frinzine, 1886, 354 p., lire en ligne sur Gallica
Édouard Lockroy, vol. 41 des Célébrités contemporaines, Paris, Maison Quantin, 1886, 32 p.
La Grande Babylone: études humaines, Paris, Librairie moderne, 1887, 439 p., lire en ligne sur Gallica
Le Roman du roman: société française, mœurs de province, Paris, A. Piaget, 1888, 365 p., lire en ligne sur Gallica
Jean-le-Conquérant, Paris, C. Marpon & E. Flammarion, 1888, 422 p.
François François, Paris, Maison Quantin, 1888, 307 p.
Jean des Galères, Paris, C. Marpon & E. Flammarion, 1889
Jeanne-La-Patrie, Paris, Charavay, Mantoux, Martin, 1890, 206 p.
La tournée dramatique: études humaines, Paris, G. Charpentier, 1890, 322 p., lire en ligne sur Gallica
L'entreprise de dix lycéens à travers la Russie et la Chine, Paris, Librairie d'éducation de la jeunesse, 1890-1899, 160 p.
La petite institutrice, Paris, H.E. Martin, 1890-1910, 64 p.
Histoire du célèbre Pépé, Paris, Charavay, Mantoux, Martin, Librairie d'éducation de la jeunesse, 1891, 354 p., lire en ligne sur Gallica
Le Roi Boubou, Paris, Charavay, Mantoux, Martin, 1892, 228 p.
Les 3 du midi, Paris, Charavay, Librairie d'éducation de la jeunesse, 1893, 309 p., lire en ligne sur Gallica
L'Administration de la République, Paris, Librairie de la Nouvelle revue, 1893, 334 p., lire en ligne sur Gallica
La jambe: études humaines, Paris, M. Dreyfous & M. Dalsace, 1894, 371 p., lire en ligne sur Gallica
L'Amour sublime, Paris, Jouvet, 1895, 327 p., lire en ligne sur Gallica
Les femmes s'en mêlent: études humaines: le monde officiel, Paris, M. Dreyfous & M. Dalsace, 1895, 337 p., lire en ligne sur Gallica
Mémoires de jeunesse de Benjamin Canasson, notaire, ouvrage augmenté de la musique inédite de Ch.-L. Hess, Paris, Jouvet, 1897, 271 pages, lire en ligne sur Gallica
Histoire d'un jeune homme et de plusieurs femmes : études humaines, Paris, E. Flammarion, 1898, 372 p., lire en ligne sur Gallica
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