Marc 6, 21-28 (voir aussi Matthieu 14, 1-11 et Luc 3,19-20):
« Arrive un jour propice l’anniversaire d’Hérode. Il donne un festin pour ses grands, ses officiers et les premiers de Galilée. La fille d’Hérodiade entre dans la salle, elle danse et plaît à Hérode et à ses invités. Le roi dit à la jeune fille: « Demande-moi ce que tu veux, je te le donne.» (…) Elle demande «Je veux que tu me donnes à l’instant, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste.» (…) Vite, le roi envoie un garde, et lui commande d’apporter sa tête. Le garde va et le décapite dans la prison. Il apporte la tête sur un plat et la donne à la jeune fille ; la jeune fille la donne à sa mère. »
Le personnage du Baptiste intervient de manière anecdotique au XVIIIe livre des Antiquités judaïques, concernant l'infidélité conjugale d'Hérode Antipas et le conflit qu'il entretient avec le roi nabatéen Aretas IV de Pétra[2] : la passion du tétrarque pour la femme de son frère l'a amené à abandonner la sienne, qui se trouve être la fille du roi nabatéen. Celui-ci, déjà en litige frontalier avec Antipas, prend prétexte de cet affront pour livrer bataille à ses troupes, qu'il met en déroute[3].
Josèphe rapporte que le peuple a vu dans la défaite d'Antipas une punition divine consécutive à l'exécution de Jean le Baptiste, « homme de bien » incitant les peuples à « pratiquer la vertu, à être justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu »[4], à une date non précisée.
Le récit de Josèphe rapporte une tradition dont il a peut-être eu connaissance et qu'il intègre dans son récit du règne d'Antipas[5]. Quoi qu'il en soit, il propose l'épisode en insistant sur le fait que la violation des lois divines conduit inévitablement au châtiment[5] ; mais l'auteur ne mentionne pas la critique du mariage du tétrarque comme raison de l'exécution[6].
La commémoration liturgique de la décollation de saint Jean Baptiste est presque aussi ancienne que celle de sa naissance, célébrée le 24 juin.
L'Église catholique la célèbre le 29 août, tout comme l'Église luthérienne et la majorité des Églises formant la Communion anglicane, bien que certaines d'entre elles la désignent comme une commémoration plutôt qu'un jour de fête.
Deux autres fêtes relatives à la décollation de saint Jean sont observées chez les chrétiens d'Orient :
Les première et deuxième inventions (invention, signifiant découverte, mise au jour) du crâne de Jean le Baptiste sont célébrées le 24 février. Selon la tradition populaire, les disciples du Baptiste inhumèrent son corps à Sébaste (Samarie), tandis qu'Hérodiade enterra sa tête sous un tas de fumier. Jeanne la Myrophore, épouse de l'intendant d'Hérode, récupéra alors secrètement la tête afin de l'enterrer sur le mont des Oliviers, où celle-ci resta pendant des siècles. La première invention du chef de Jean Baptiste survint au IVe siècle : un ancien fonctionnaire, devenu moine sous le nom d'Innocent, devint propriétaire du mont des Oliviers ; creusant les fondations pour y construire une église et un ermitage, le religieux y découvrit la tête du Baptiste, mais, craignant qu'elle soit volée ou profanée par les infidèles, il l'ensevelit au même endroit, sous l'édifice religieux, qui fut détruit à sa mort.
La deuxième invention de la tête du Baptiste se produisit au Ve siècle : deux moines en pèlerinage à Jérusalem dirent avoir été visités par Jean Baptiste, qui leur révéla le lieu où se trouvait sa tête. Après avoir exhumé la relique, les pèlerins la placèrent dans un sac pour la rapporter à Rome, puis confièrent le sac à un potier, qui eut à son tour une vision de Jean Baptiste. Le potier plaça le crâne dans un vase qu'il remit à sa sœur, puis un hiéromoine arien du nom d'Eustathius entra en possession de la relique, qu'il enfouit dans une grotte, près d'Emesa (Homs), où elle demeura jusqu'en 452. À cette date, Jean Baptiste apparut à l'archimandrite Marcellus et lui indiqua l'emplacement de son chef. La relique fut d'abord exposée à Emesa, puis transférée à Constantinople.
La troisième découverte du crâne est liturgiquement célébrée le 25 mai. Durant un raid mené par les musulmans vers l'an 820, la relique fut transférée à Comana de Cappadoce, puis enfouie dans le sol au cours d'une période de persécution iconoclaste. Lorsque la vénération des icônes fut restaurée en 850, le patriarche Ignace de Constantinople (847-857) reçut une vision de l'endroit où la tête avait été dissimulée. Le patriarche communiqua sa vision à l'empereur Michel III, qui envoya une délégation à Comana, où la tête fut retrouvée. Elle fut alors de nouveau transférée à Constantinople. Selon la tradition populaire, la relique se trouve aujourd'hui à la basilique San Silvestro in Capite de Rome.
Notes et références
↑(en) Joseph Masson, Josephus and the New Testament, , p. 153
↑(en) Joseph Masson, Josephus and the New Testament, , p. 213
↑Voir (en) Joseph Masson, Josephus and the New Testament, , p. 213, Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, , p. 217...
↑(en) Joseph Masson, Josephus and the New Testament, , p. 157
↑ a et b(en) Joseph Masson, Josephus and the New Testament, , p. 214
↑(en) Joseph Masson, Josephus and the New Testament, , p. 217
Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien du VIe au IIIe siècle. Des prêtres aux rabbins, éd. p.u.f./Nouvelle Clio, 2012
(en) Philipp Nothaft, Dating the Passion : The Life of Jesus and the Emergence of Scientific Chronology (200-1600), Brill, coll. « Time, Astronomy, and Calendars », , chap. 1
Knut Backhaus, « Echoes of Wilderness : the historical John the Baptist » , in Tom Holmén et Stanley E. Porter, Handbook for the Study of the Historical Jesus, vol. II, éd. Brill, 2011, p. 1780
(en) Colin J. Humphreys, The Mystery of the Last Supper : Reconstructing the Final Days of Jesus, Cambridge University Press,
William Horbury (éd.) et William David Davies (éd.), The Cambridge History of Judaism, vol. 3 : The Early Roman Period,
Paul Mattei, Le Christianisme ancien de Jésus à Constantin, éd. Armand Colin, 2008
(en) Herod Antipas in Galilee : The Literary and Archaeological Sources on the Reign of Herod Antipas and Its Socio-economic Impact on Galilee, Mohr Siebeck,
(en) Joseph Masson, Josephus and the New Testament,
Farah Mébarki et Émile Puech, Les Manuscrits de la mer Morte, éd. du Rouergue, 2002
Ben Witherington III, New Testament History : A Narrative Account, Backer Academic,
(en) Rainer Riesner, Paul's Early Period : Chronology, Mission Strategy, Theology, Wm. B. Eerdmans Publishing,
« John the Baptist », dans R. J. Zwi Werblowski et Geoffrey Wigoder (éds.), The Oxford Dictionnary of Jewish Religion, Oxford University Press,
Paul W. Hollenbach, « John the Baptist », in David Noel Freedman (éd.), The Anchor Bible Dictionnary, éd. Doubleday, 1992, vol. 3
E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule. From Pompey to Diocletian : a Study in Political Relations, éd. Brill, 2001 (rééd.) p. 185
Bruce Metzger, The Oxford Companion to the Bible, 1993, éd. Oxford University Press
Wolfgang Schenk, « Gefangenschaft und Tod des Täufers. Erwägungen zur Chronologie », in New Testament Studies, no 29, 1983