Dreux Budé

Dreux Budé (entre 1396 et 1399 - avant )[c 1], maître, était secrétaire des rois de France Charles VII et Louis XI[a 1]. Il était seigneur d'Yerres, d'Évry, de Brégy, de Bretoche, de la Motte-Saint-Merry, de Sarçay, de Trancy, de Mandre, de Bellegrand, de Gentilly, et de Villiers-sur-Marne ainsi qu'en 1445 de Grigny, et en 1463 sous le règne de Louis XI, de Marly-la-Ville[b 1],[1]. Il était fils aîné de Jean Ier Budé, également notaire et secrétaire de Charles VII, et d'Isabeau Laubigeois, fille de Jean Laubigeois, grenetier de la ville d'Auxerre et maître des garnisons des vins du Roi, et de Jeanne Porcher[b 2], elle-même fille d'Étienne Porcher. En tant que le meilleur maître de l'époque, il conservait les archives royales depuis le XIIIe siècle dans le bâtiment annexe de la Sainte-Chapelle à Paris[d 1].

Secrétaire des rois

Armoiries de Dreux Budé (hôtel de ville de Paris)

Le roi Charles VII expédia une lettre patente royale à Montpellier le . En tant que maître, un certain DE BUDE aussi signa cette lettre. Il est probable qu'il s'agissait du maître Dreux Budé[2].

Le , il se qualifiait lui-même secrétaire de Charles VII, dans une quittance par lui donnée à Jean Beaupoil, commis à recevoir les aides du bas pays de Limousin[a 2]. Puis, il se dit encore secrétaire et audiencier du roi le , dans une autre quittance donnée au même Beaupoil[a 3].

Il était contrôleur général des aides en Languedoc. En 1443, Étienne Chevalier, futur gendre, lui succéda[e 1].

Charles VII lui autorisa en 1448 la fortification de sa maison noble à Villiers-sur-Marne[b 2].

Ensuite, le roi lui chargea les rôles plus importants. Il lui accorda la haute justice en 1450, en tant que garde du scel. En 1452, il fut nommé grand audiencier de la chancellerie ainsi que prévôt des marchands de Paris le [b 2],[d 2]. La même année, il acheta la châtellenie d'Yères.

Avant le trépas de Charles VII en 1461, avec son gendre Étienne Chevalier, il fut nommé exécuteur de son testament[b 3], tout comme lors de la mort d'Agnès Sorel en 1450[e 1]. Ils furent cependant arrêtés à Montargis, à cause d'un conflit avec un officier de Louis XI, Jean de Montespedon, dit Houaste. Le nouveau roi dut intervenir afin que l'on les relâchât. Il en profita pour les confirmer, l'un comme audiencier de la chancellerie, l'autre comme trésorier[d 3].

Le , un mois après le sacre de Louis XI, Dreux Budé effectua à Paris sa signature pour une lettre patente royale en latin, non comme conseilleur, mais maître[3].

Toutefois il rétablit honorablement ses services. Ainsi, le , le roi lui expédia une lettre. Elle fut destinée « A nostre ame conseillier, garde et tresorier de noz chartres Me Dreux Bude, audiencier de la chancellerie de France »

« De par le roy.

Nostre ame et feal. Nous envoyons presentement par dela nostre ame et feal conseillier et chambellan, Guillaume Couisinot, chevalier, pour aucunes matieres qui fort nous touchent, et pour lesquelles puet estre sera besoing de veoir au tresor de noz chartres. Et pour ce, s'il vous requiert de ainsy le faire, faictes lui en ouverture et y besongnez avec luy, ainsy qu'il semblera estre a faire, et en ce ne faictes aucune faulte. Donne a Abbeville, le XXIXe jour de septembre.

LOYS.
ROLANT[a 4]. »

Il s'agissait des pièces utiles à l'examen des griefs du duc de Bretagne, pour aider ledit Cousinot dans sa besogne[d 4]. À vrai dire, Dreux Budé était le meilleur maître de l'époque qui soit capable de rechercher les documents juridiques anciens dans les archives[d 1].

En , il conservait encore ses fonctions : « A nostre ame et feal conseiller maistre Dreux Bude, audiencier de nostre chancellerie et garde des chartes de nostre tresor a Paris »[4].

Louis XI bénéficiait toujours du talent de Dreux Budé. À la suite des États généraux de 1468, c'était le à la vassalité du duc de Bretagne que s'attachait le roi en faisant rechercher par lui dans les registres et actes du trésor des chartes tous les procès-verbaux de prestation d'hommage des ducs. Le garde des chartes devait en faire des vidimus et les envoyer en diligence par le chancelier. Finalement, le , l'anneau des ducs de Normandie fut placé dans la grande salle de l'Échiquier de Rouen, sur une enclume, et publiquement brisé d'un coup de masse. La Normandie, retrounée au royaume de France, n'existait dorénavant plus[d 5].

Deux pièces originales précisent qu'il conservait encore, le , sa fonction en tant que trésorier des chartes du roi :

« Je, Dreux Bude, conseiller tresorier des chartres du Roy, audiancier de la chancellerie de France, et seigneur de Ver le Grant en partie, certiffie a tous que Jehan Bude, mon filz, ......... le derennier jour de janvier l'an mil IIIIc soixante et dix (1471, en raison d'avant Pâques). D. BUDE[5]. »

Dreux Budé vivait encore le , car Louis XI logea, ce jour-là, dans l'établissement de Dreux Budé situé à Bois-le-Comte[6],[7]. De plus, il est certain que son fils Jean II Budé lui succéda cette année-là[d 4].

Il mourut avant le [c 1].

Mariage et descendance

Jehanne Peschart et ses filles, Jacquette et Catherine Budé, en tant que donatrices (XVe siècle).

Dreux Budé épousa, par contrat du [c 2], Jeanne Peschart ( - † 1468?), fille de Jean Peschart, écuyer, et de Jeanne Gencien, dont il eut[b 4] :

  • Jean II Budé (1430 - † )[c 3] : maître[8], seigneur d'Yères, de Villiers-sur-Marne, de Marly-la-Ville, de Bagnaux, de Bois-le-Vicomte ainsi que de plusieurs autres terres. Il était notaire et secrétaire des rois de Louis XI et Charles VIII, trésorier, gardes des cartes et grand audiencier en la chancellerie de France, après son père Dreux Budé[d 6]. Il mourut le à Paris.
  • Jacquette Budé ( - † entre et )[c 4] : elle se maria le avec Antoine Raguier trésorier des guerres, seigneur du fief de la Tournelle de l' Hay, Thionville et d'Esternay[9].
  • Catherine Budé ( - † )[c 5],[e 2] : dame de Grigny et du Plessis-le-Comte par sa dot. Elle épousa en 1444 Étienne Chevalier, seigneur de Prunes, trésorier de France sous Charles VII en 1452. Catherine Budé hérita également une partie des fiefs-rente sur Montreuil. Elle donna naissance à un fils, Jacques Ier Chevalier et à trois filles, Jeanne, Marie et une autre inconnue. Elle mourut le à Paris, dans le demeure de la rue de la Verrerie paroisse Saint-Nicolas-des-Champs[10].

La Crucifixion du Parlement de Paris et Dreux Budé

La Crucifixion du Parlement de Paris (vers 1450).

Assez curieusement, le nom de Dreux Budé est relié à un tableau du musée du Louvre, la Crucifixion du Parlement de Paris. Cette œuvre est distinguée de ses caractéristiques royales. D'une part, elle fut commandée pour la Grande chambre du parlement de Paris. D'autre part, elle est consacrée aux saints patrons de la monarchie française. Grâce à l'enregistrement du Parlement, la naissance de cette œuvre est fixée entre 1449 et 1453[11]. Si l'on considère, de nos jours, qu'il s'agit d'André d'Ypres, le Maître de Dreux Budé en tant qu'auteur était attribué à ce tableau depuis longtemps[12]. De quelle origine cette confusion, notamment le mot maître ? Par ailleurs, un autre tableau Jeanne Pechard (d. 1468) and her daughters, Jacquette and Catherine Budé, as donors par Master of Dreux Budé triptych était récemment passé en vente à Londres[13]. Il est possible que Dreux Budé fût aussi donateur ou mécénat, à la suite de sa nomination au garde du scel en 1450. Depuis les services aux rois de son père, il était assez fortuné à fortifier sa maison en plein pays en 1448[b 2] et à acquérir la châtellenie d'Yères en 1452[b 2].

Il est vrai que sa descendance gardait parfois les postes auprès du parlement de Paris. Dreux II Budé ( - † 1528), petit-fils, était conseiller de ce parlement[b 5] tandis que Dreux III Budé ( - † 1578), son petit-fils, fut nommé l'un des quatre notaires de la cour du Parlement ainsi que conseiller[b 6],[14]. Toutefois, il s'agit sans aucun doute de Dreux Ier Budé qui concerne, car fut bien établie la certitude de l'installation de l'œuvre dans cette institution au milieu du XVe siècle.

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Ordonnance des Roys de France de la troisième race, recueillies par ordre chronologique. Avec des renvoys des unes aux autres, des sommaires, des observations sur le texte, & cinq tables. La I.ère des pâques, la 2.e des ordonnances par ordre de date, la 3.e des matières, la 4.e des noms des personnes, et la 5.e des noms des lieux. Premier volume [- vingt-et-unième volume]. Contenant ce qu'on a trouvé d'Ordonnances imprimées, ou manuscrites, depuis Hugues Capet, jusqu'à la fin du regne de Charles Le Bel. Par M. de Lauriere ancien avocat au parlement, , 1170 p. (lire en ligne), p. 290.
    à la fin de la note (a)
  2. Ordonnances des roys de France de la troisième race : Ordonnances rendues depuis le commencement du règne de Louis XI jusqu'au mois de mars 1473. 1811-20, , 994 p. (lire en ligne), p. 133.
  3. Ordonnances des roys de France de la troisième race : Ordonnances rendues depuis le commencement du règne de Louis XI jusqu'au mois de mars 1473. 1811-20, , 994 p. (lire en ligne), p. 34.
  4. De par le roy. Nostre ame et feal, nostre chier et ame cousin le comte de Penthievre nous a fait dire et remonstrer que, en certaine cause qu'il a pendant en nosre court de Parlement pour raison de la baronnie, terre et seigneurie de Champtoceaux ou pays d'Anjou luy est besoing de soy aider de certaines lectres, tiltres et enseignements estans entre les chartes de nostre tresor a Paris, touchant la chastellenie de Lodun, baillee en recompense par noz predecesseurs au duc d'Anjou au lieu de ladicte baronnie de Champtoceaux, en nous suppliant et requerant que des dictes lectres, tiltres et enseignemens ainsi servans a sa matiere, luy vueillons faire bailler ou a ses gens et officiers pour luy le double ou coppie a ses despens raisonnables. Si voulons et vous mandons que des dictes lectres, tiltres et enseignements que trouverez en nostre Chambre des comptes ou entre nos dictes chartes servans a l'entencion de nostre dit cousin, vous baillez et delivrez ou faictes bailler et delivrer a nostre dit cousin ou a ses gens et officiers le double ou coppie en forme auctentique et vallable a ses despens, pour soy en aider et lui servir et valoir ce que de raison sera. Et gardez que en ce n'ait faulte, car tel est nostre plaisir. Donne aux Montilz lez Tours, le XIXe jour d'avril. LOYS. TOUSTAIN. (Bibliothèque nationale, Collection Dupuy, vol.746, fol.109 ; publiée par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome X, p.265-266, Société de l'Histoire de France et Librairie Renouard, Paris 1908).
  5. Prou, Maurice, « Dreux Budé, trésorier des chartes. », Bibliothèque de l'École des chartes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 46, no 1,‎ , p. 724–725 (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  6. http://websicd2.upmf-grenoble.fr/numerisation//384212101_54527_46_011.pdf p.146 par livre et p.161 par dossier numérique
  7. Philippe de Commynes et Godefroy, Mémoires sur les principaux faicts de Louis XI et de Charles VIII, , 688 p. (lire en ligne), p. 112.
  8. Henri Sauval, Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris par Mr. Henri Sauval..., , 884 p. (lire en ligne), p. 478.
    Ordinaire de Paris, 1487, domaine non muable
  9. http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Raguier.pdf p.3
  10. http://montreuil93.wifeo.com/documents/Sitemaker-partie3.pdf
  11. http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/la-crucifixion-du-parlement-de-paris
  12. Marie-Claude Chaudonneret et Centre André Chastel, Les artistes étrangers à Paris, , 288 p. (ISBN 978-3-03911-192-3, lire en ligne), p. 22.
  13. « Jeanne Peschard d 1468 and her daughters Jacquette and Catherine Budé as donors par Master of the Dreux Budé triptych », sur artnet.fr (consulté le ).
  14. L. Charondas Le Caron, Coustumes de la ville, prévosté et vicomté de Paris, ou droict civil parisien..., , 492 p. (lire en ligne), p. 206.

Références bibliographiques

  • Bibliothèque nationale, Pièces originales, vol.547, dossier Budé 12353, pièces n°22, 24 et 213 ; citées par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome II, p.219, note n°2, Librairie Renouard, Paris 1885
  1. p.219
  2. p.219 ; pièce n°24
  3. p.219 ; pièces n°22 et 213
  4. p.219 ; Archives nationales, J476, n°16.
  • Jean-Baptiste-Pierre Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume, et des maisons de princières de l'Europe, 1824 [1]
  1. p.2 (p.150 selon le livre numérique)
  2. a b c d et e p.2
  3. p.3
  4. p.3 (p.151 selon le livre numérique)
  5. p.4
  6. p.7
  • Descente généalogique d'Estienne Porcher [2]
  1. a et b 4.4
  2. Selon ce site, 29 juin 1422
  3. 5.7
  4. 5.6
  5. 5.5
  1. a et b p.255
  2. p.256 ; il restait avec cette fonction jusqu'en 1456.
  3. p.188
  4. a et b p.256
  5. p.537-538
  6. p.256 ; il fut remplacé en 1482 par Jacques Louet.
  • Judith Förstel, Étienne Chevalier, Jean Fouquet et Melun, Conseil régional d'Île-de-France [3]
  1. a et b p.3
  2. p.5