Victorio est un vieux musicien-marionnettiste perturbé par une expérience personnelle malheureuse. Aussi, ne cesse-t-il de commettre maladresse sur maladresse. Enfin, le voila qui s'adresse, dans sa loge, à un portrait de jeune femme comme s'il s'agissait d'un être vivant. En dépit d'une réelle empathie, le directeur de la troupe choisit de s'en séparer. Il le maintient néanmoins comme veilleur de nuit. Un soir, justement, alors que le spectacle est terminé et le théâtre vidé, Victorio surprend un jeune homme en train de jouer du piano in petto. Charmé, le vieil homme le prend en amitié et se dispose à lui enseigner son art. Quelque temps plus tard, Victorio découvre une photo de la nouvelle poupée-vedette : elle ressemble au portrait de l'adolescente qu'il chérit avec tant d'émotion. Indigné, il pénètre sans ménagement dans l'atelier du sculpteur et dérobe le modèle qui a été utilisé pour créer la marionnette. "Nous partirons loin, là où personne ne se souviendra de nos crimes", marmonne-t-il...
Fiche technique
Titre original : Donde mueren las palabras[1],[2] (litt. langue espagnole : Où meurent les mots)
Maria Ruanova : la danseuse étoile (primera ballerina)
Commentaires
Débarqué à New York en 1935, afin d'exercer les compétences de conseiller technique à Hollywood pour les films d'inspiration latino-américaine, Hugo Fregonese retourne en Argentine en 1945 pour y diriger, conjointement avec Lucas Demare, son premier film, Pampa bárbara. L'année suivante, il se retrouve seul à la réalisation de Donde mueren las palabras. Selon Jacques Lourcelles, le film n'aurait jamais été distribué en France. Son titre serait inspiré par deux citations bien connues ; celle de Heinrich Heine : « Quand les mots échouent, la musique parle », ou celle de Richard Wagner : « La musique commence là où s'arrête le pouvoir des mots. » Lourcelles émet ce point de vue : « L'esthétisme et les recherches formelles de Fregonese, sensibles ultérieurement dans son travail sur les genres hollywoodiens, apparaissent ici en clair dans un conte d'inspiration wildienne contenant une réflexion ambivalente sur l'art et le génie. »[3] Cette réflexion s'inscrit dans un contexte très XIXe siècle et dans une ambiance para-fantastique. Fregonese intègre, de surcroît, le premier grand ballet dans une œuvre cinématographique, avant même les fameux Chaussons rouges (1948) et l'Invitation à la danse (1956) de Gene Kelly. Une petite maison de production - l'Argentinos Associados -, fondée par des metteurs en scène locaux, fut pourtant à l'origine d'une telle réalisation.
Notes et références
↑(es) Raúl Manrupe et María Alejandra Portela, Un diccionario de films argentinos (1930-1995), Buenos Aires, Editorial Corregidor, (ISBN950-05-0896-6), p. 186