Daidō Moriyama(森山 大道, Moriyama Daidō?) est un photographe japonais, né le à Ikeda, près d'Osaka. Ses photographies témoignent de l’évolution des mœurs dans le Japon de la deuxième moitié du XXe siècle[1].
Biographie
Daidō Moriyama nait en 1938 à Ikeda dans la préfecture d'Osaka. En 1955, il quitte l'école et commence à travailler à son compte comme concepteur graphique[2]. Moriyama s'intéresse d'abord à la peinture avant de se tourner définitivement vers la photographie à l'âge de 21 ans.
En 1960, Moriyama est embauché comme assistant par le studio de Takeji Iwamiya à Osaka. Il étudie aussi l'instantané de rue avec Seiryū Inoue. En 1961, il s'installe à Tokyo où il devient l'assistant d'Eikō Hosoe, l'un des fondateurs de l'agence Vivo[2].
En août 1965, sa série sur la ville de Yokosuka parue dans la revue Camera Mainichi dirigée par Shōji Yamagishi a un immense écho, et lance véritablement sa carrière. Il fait partie du groupe "Provoke", réuni autour du magazine du même nom, à la fin des années 1960, et publie également dans Asahigraph, Asahi Camera ou encore Weekly Playboy. En 1967, l'Association japonaise des critiques de photographie lui attribue le Prix du débutant[2].
Le radicalisme de Moriyama fait alors écho aux protestations étudiantes et politiques au Japon, notamment contre la révision du Traité de sécurité nippo-américain. Ce n'est plus le cas dans les années 1970, et son état physique et mental se détériore. Il retrouve l'inspiration en photographiant de simples objets en jouant sur la lumière et l'ombre dans la série Hikari to kage (« Lumière et ombre ») parue dans la revue Shashin jidai, qui publie par la suite plusieurs de ses séries expérimentales[2].
Dans les années 1990, le fabricant de vêtements Hysteric Glamour publie trois recueils de ses photos baptisés Daido Hysteric. Il se met à voyager, et publie dans les années 2000 les séries Buenos Aires (2005), Hawaii (2007) et Sao Paulo (2009)[2].
Style
Il travaille au Japon et à New York, mais son quartier de prédilection est Shinjuku, avec ses rues étroites où se mélangent toutes les couches de la population. Il aime s'y promener, prendre et reprendre des photos des mêmes endroits et jouer avec sa mémoire et ses souvenirs[3]. Lorsqu'il déambule, Moriyama entre pour ainsi dire en transe, tout le corps à l'affut. Il se transforme en chasseur d'images ou, pour reprendre ses propres mots, en chien errant[4].
Une de ses photographies les plus connues est celle d'un mendiant aveugle dans le métro de Tokyo. Au moment du déclic, celui-ci regarde le photographe, c'était un vrai mendiant, mais un faux aveugle.
Moriyama est surtout connu pour ses photographies en noir et blanc, aux contrastes marqués et au fort grain. Ses angles de vue sont originaux, et il aime jouer avec les plans, par exemple en intégrant dans ses photos les inscriptions de la ville, les reflets de fenêtres ou des images publicitaires, plus ou moins défraichies. Parfois ses photos semblent imparfaites, car elles peuvent être floues ou surexposées[5].
Mais Daido Moriyama est aussi un photographe de nus. Sa première série, datée de 1969, aborde le nu de manière inédite : une dizaine d’images, mal tirées, une femme sans visage et sans identité, sur un lit, les positions sont naturelles, sans fard ni pose. Certaines images proviennent d’un travail de commande pour Playboy, l’édition japonaise. Une fois toutes les deux semaines le magazine publiait ses photos, alternativement, l’autre semaine, était consacrée à Kishin Shinoyama, célèbre figure de la photographie commerciale, qui se fera connaître par ses nus[6].
Moriyama est aussi l’auteur d’un livre de souvenirs : Mémoires d’un chien.
(en) Philip Charrier, « The Making of a Hunter: Moriyama Daidō 1966–1972 », History of Photography, vol. 34, no 3, , p. 268-290 (DOI10.1080/03087290903361431).
Hayashi-Hibino Yôko, « Autour de la photographie contemporaine au Japon "Un Chasseur de lumière : Moriyama Daidô, 1965- 2003" », Ebisu, no 30, , p. 217-220 (lire en ligne).