Phrases R : R36/37/38 : Irritant pour les yeux, les voies respiratoires et la peau.
Phrases S : S26 : En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l’eau et consulter un spécialiste. S36 : Porter un vêtement de protection approprié.
La curcumine ou diféruloyl-méthane est le pigment principal du curcuma (Curcuma longa), aussi appelé safran des Indes. C'est un pigment polyphénolique (curcumoïde) qui donne une couleur jaune (c'est le colorant alimentaire E100(i)).
Chimie
La curcumine est un pigment soluble dans l’huile et l'éthanol. Elle est extrêmement stable à la chaleur et peut généralement être utilisée dans des produits présentant des degrés d’acidité divers. Elle est sensible à l’anhydride sulfureux à des niveaux supérieurs à 100ppm et est peu stable lorsqu’elle est exposée à la lumière.
Utilisations
Colorant
Alimentaire
La curcumine est utilisée dans des applications diverses y compris en cuisine dans les crèmes glacées, les sorbets, les produits laitiers, les mélanges secs et certains types de produits de confiserie. Beaucoup moins chère avec moins de goût que le safran, elle est surtout utilisée comme colorant : c'est le colorant alimentaire E100 - plus précisément, E100(i), le E100(ii) correspondant au curcuma.
Cosmétique
En cosmétique et en pharmaceutique la curcumine est parfois renommé CI 75300.
In vitro, la curcumine présente des propriétés d'interférence qui font que l'on peut se tromper lorsqu'on interprète les résultats[4],[5].
Certaines études[6],[7] menées avec la curcumine ont suggéré qu’elle contribuerait à inhiber la prolifération cellulaire et l'angiogénèse à différentes étapes du développement de différents cancers. Elle possède aussi un fort pouvoir antioxydant, anti-inflammatoire et d'immuno-modulation[8],[9]. Elle inhiberait la cyclo-oxygénase 2 ainsi que le facteur de transcription NF Kappa B impliqués dans les processus inflammatoires[10]. La curcumine étant complètement insoluble dans l'eau, elle n'est pas utilisable en infusion.
Cependant, bien que la curcumine ait été testée lors de nombreuses études, selon Monya Baker, elle ne présente aucune propriété médicale qui aurait été montrée[5]. D'après une méta-analyse de 2017 portant sur 120 études, la curcumine n'a montré d'efficacité dans aucun essai clinique, amenant les auteurs à conclure que la curcumine est un composé instable, manquant de biodisponibilité, et que c'est par conséquent une piste qui ne mènera probablement nulle part[4].
Tous les essais[Lesquels ?] qui ont pu être réalisés sur l’homme avec de la curcumine ont montré que lorsqu'elle est utilisée seule, la curcumine est très rapidement éliminée par l'organisme. La pipérine (présente dans le poivre noir) est capable d'inhiber les voies d'élimination de la curcumine, et ainsi de multiplier sa biodisponibilité par un facteur 20[11],[10]. Des extraits de curcuma hautement concentrés en curcumine sont donc parfois associés à de la pipérine de poivre pour améliorer la biodisponibilité de la curcumine et sont proposés comme complément alimentaire pour contribuer à la protection cellulaire générale ou dans les situations physiologiques de gênes articulaires.
Une combinaison de 3 g de curcumine et de pipérine équivaut à une consommation de 1 à 10 kg de curcuma par jour[réf. souhaitée] et augmente le taux sanguin de curcumine à un niveau qui endommage l'ADN de lignées cellulaires cancéreuses (HepG2) dans les essais in vitro, pouvant jouer un rôle dual à la fois positif (autodestruction des cellules cancéreuses) et négatif (carcinogène/oxydant) à ces très hautes doses[12],[13],[14].
Cependant, en 2012, les études sur la curcumine menées par le professeur Bharat Aggarwal(en), précédemment chercheur à MD Anderson Cancer Center, ont été jugées frauduleuses et retirées par l'éditeur[15].
Dans un essai clinique contre le cancer colorectal, la curcumine combiné au traitement standard (folinic acid/5-fluorouracil/oxaliplatin) a permis de multiplier la durée de vie médiane par 2,5[16].
La curcumine a été étudié dans de nombreux problèmes de santé[17].
En 2004, le JECFA, comité d’experts travaillant sur les additifs alimentaires en lien avec l'OMS, attribue une dose journalière de curcumine admissible de 0 à 3 mg/kg de poids corporel par jour.
L’ANSES a déterminé qu'en raison du risque d'hépatite la dose de curcumine apportée par les compléments alimentaires doit rester inférieure à 153 mg par jour pour un adulte de 60 kg[20].
Notes et références
↑Yana Manolova, Vera Deneva, Liudmil Antonovet al., « The effect of the water on the curcumin tautomerism : A quantitative approach », Spectrochimica Acta, vol. 132A, no 1, , p. 815–820. (DOI10.1016/j.saa.2014.05.096)
↑ ab et c« Curcumin », sur www.reciprocalnet.org (consulté le )
↑ a et b(en) Nelson, J. L. Dahlin, J. Bisson, J. Graham, G. F. Pauli et M. A. Walters, « The Essential Medicinal Chemistry of Curcumin: Miniperspective », Journal of Medicinal Chemistry, vol. 60, no 5, , p. 1620–1637 (PMID28074653, PMCID5346970, DOI10.1021/acs.jmedchem.6b00975)
↑Shoba G, Joy D, Joseph T, Majeed M, Rajendran R, Srinivas PS, Influence of piperine on the pharmacokinetics of curcumin in animals and human volunteers, Planta Med. 1998 May;64(4):353-6. PMID9619120.
↑Jun Cao, Li Jia, Hui-Min Zhou et Yong Liu, « Mitochondrial and nuclear DNA damage induced by curcumin in human hepatoma G2 cells », Toxicological Sciences: An Official Journal of the Society of Toxicology, vol. 91, no 2, , p. 476–483 (ISSN1096-6080, PMID16537656, DOI10.1093/toxsci/kfj153, lire en ligne, consulté le )
↑Lynne M. Howells, Chinenye O. O. Iwuji, Glen R. B. Irving et Shaun Barber, « Curcumin Combined with FOLFOX Chemotherapy Is Safe and Tolerable in Patients with Metastatic Colorectal Cancer in a Randomized Phase IIa Trial », The Journal of Nutrition, vol. 149, no 7, , p. 1133–1139 (ISSN1541-6100, PMID31132111, PMCID6602900, DOI10.1093/jn/nxz029, lire en ligne, consulté le )
↑(en) « Curcumin », sur Linus Pauling Institute, (consulté le )
↑"Radioprotective activity of curcumin-encapsulated liposomes against genotoxicity caused by Gamma Cobalt-60 irradiation in human blood cells" [1]
(en) Deodhar SD, Sethi R, Srimal RC., Preliminary study on antirheumatic activity of curcumin (diferuloyl methane). Indian J Med Res. 1980;71:632-634.
(en) Satoskar RR, Shah SJ, Shenoy SG., Evaluation of anti-inflammatory property of curcumin (diferuloyl methane) in patients with postoperative inflammation, Int. J. Clin. Pharmacol. Ther Toxicol. 1986;24(12):651-654. (PubMed)
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(fr) Mélisande BERNARD, Rémi COUDERC, Luc CYNOBER. LES ALIMENTS TRADITIONNELS : REMÈDES DE BONNE FEMME OU PHARMACOPÉE DU e SIÈCLE - L’EXEMPLE DE LA CURCUMINE, Cahiers de Nutrition et de Diététique Vol 40, No 6 - décembre 2005, p. 325-333; Doi : CND-12-2005-40-6-0007-9960-101019-200508527