Culture enfantine

La culture enfantine peut qualifier la culture entretenue et transmise par les enfants eux-mêmes sans intervention d'adultes, par exemple les comptines, les rondes, les jeux. A côté existe celle produite par les adultes à destination des enfants. Ces deux aspects s'inspirent et s'imbriquent souvent, (ainsi certains "héros" de bandes dessinés deviennent des passions autonomes dans le public des enfants, échappant à leurs créateurs commerciaux), mais sont à bien distinguer.

De nombreux artistes, intellectuels et professionnels dans tous les domaines culturels ont créé pour un public enfantin, en tentant de s'adapter à leurs attentes. Souvent, les œuvres de culture enfantine sont créées avec en filigrane une volonté éducative. Quelques éléments de cette culture enfantine ont également tendance à se mondialiser.

Histoire de la culture enfantine

La culture enfantine est probablement vieille comme l'humanitĂ© elle-mĂŞme. Traditionnellement, l'enfant est considĂ©rĂ© comme une personne et dans la noblesse comme dans les basses classes, il a toujours Ă©tĂ© forcĂ©, dès que sa force le permettait, Ă  s'adonner aux tâches qu'il exercerait toute sa vie. Durant la pĂ©riode oĂą ils Ă©taient inutiles, les enfants Ă©taient confiĂ©s Ă  leurs aĂ®nĂ©s, Ă  des nourrices ou plus rarement Ă  leur mère qui devaient les occuper. Il existe de fait dans la culture populaire un ensemble d’œuvres et d'activitĂ©s qui leur sont consacrĂ©s : contes traditionnels, poupĂ©es, marionnettes, jeux, cirque, etc. On trouve aussi une archĂ©ologie du jouet et du jeu dans nombre de cultures du globe, apportant un Ă©clairage sur la vie de ces enfants, les rĂŞves, les règles et les normes qui les habitent depuis le plus jeune âge et Ă©galement sur la relation adultes/enfants[1].

Le XXe siècle a Ă©tĂ© un tournant majeur pour la culture enfantine : avec l'Ă©mergence de nouvelles mĂ©thodes pĂ©dagogiques (dont l'Ă©ducation nouvelle), la condition individu Ă  part entière des enfants Ă©merge, et avec elle la possibilitĂ© de pourvoir une Ă©ducation parentale plus adaptĂ©e. Le regard sur les pratiques des enfants a Ă©galement Ă©voluĂ©. Sur les jeux, par exemple, ils ont Ă©tĂ© longtemps considĂ©rĂ©s comme des divertissements insignifiants, ou comme la rĂ©surgence sans grand intĂ©rĂŞt d'anciennes incantations. Mais l'ouvrage de Johan Huizinga, Homo Ludens, publiĂ© en 1938 s'emploie Ă  montrer que le jeu est Ă  la fois invention, libertĂ© et discipline, et que toutes les manifestations culturelles viennent du jeu[2].

La création culturelle contemporaine a inventé des produits entièrement nouveaux spécialement dédiés à l'enfance, en particulier la littérature enfantine et les jouets. Certains support, tels les jeux de société, les films d'animation ou plus récemment les jeux vidéo, ont une histoire indissociablement liée à leur jeune public, qui représente une part majeure de leurs cibles (mais pas à leurs débuts)[3].

Une part de connaissances et d'imaginaire collectif, qu'on peut qualifier de culture, Ă  l'Ă©tat plus ou moins rudimentaire, est entretenue par les enfants eux-mĂŞmes dans leurs relations sociales hors de toute intervention d'adultes.

Le premier lieu d'Ă©change hors de l'autoritĂ© est la cour de rĂ©crĂ©ation[4], avec ses activitĂ©s (par exemple le jeu du loup en France, ou son Ă©quivalent, la «tag» au QuĂ©bec), ses histoires et lĂ©gendes urbaines qui circulent parmi les enfants, etc. On constate aussi la transmission et la diffusion de coutumes comme les formulettes d'Ă©limination (plouf-plouf) ou la règle du « prems ! Â», et d'expressions chantĂ©es comme nananère.

Une autre part de cette culture est alimentée par des productions adultes (télévision, star-système, modes…) mais accaparée, transformée puis entretenue et transmise par les enfants entre eux. Des jeux comme les Pokémon, les pogs, ou des blagues véhiculées par des bonbons (Carambar, etc.) peuvent rentrer dans cette catégorie, avec une tendance à la mondialisation d'éléments, appuyés par une industrie, notamment américaine, avec une société telle que la Walt Disney Company, ou japonaise, avec l'exemple des Pokémon[3],[5].

Le caractère magique et le merveilleux sont souvent associés à la perception de l'enfance, donc très présents dans la culture enfantine.

Création culturelle pour l'enfant

La crĂ©ation pour l'enfant est souvent liĂ©e aux thĂ©ories psychologiques de l'enfance. La volontĂ© est souvent Ă©ducative en mĂŞme temps qu'artistique : apporter Ă  l'enfant de quoi construire sa vision du monde et des connaissances de façon ludique.

Cette création est souvent accompagnée ou réalisée par des personnes étudiants les enfants, en particulier pédiatres, psychologues, pédagogues, enseignants… Certaines entreprises spécialisées, comme Playmobil, font directement appel à des enfants pour concevoir leurs collections.

Adaptation de la culture Ă  l'enfance

Une part importante des œuvres produites pour les enfants sont en fait des adaptations d’œuvres destinées à un public plus âgé, voire adulte. Ces adaptations sont réalisées pour être en adéquation avec l'âge et la maturité de l'enfant.

Exemples de culture enfantine

La littérature enfantine

Contes, livres pour enfants, éditions et collections spécialisées pour enfant, littérature permettant de stimuler l'imaginaire et d'accompagner l'entrée des enfants dans l'écrit, bande dessinée, etc.

Le cinéma et l'audio-visuel pour enfants

Dessins animés, films pour enfants, émissions télévisées pour enfants, etc.

Les spectacles pour enfants

Cirque, théâtre pour enfants, marionnettes, etc.

La musique adressée aux enfants

Rondes et comptines, chansonnettes, etc.

Le Carnaval des animaux (Camille Saint-Saëns, ), Pierre et le Loup (Sergueï Prokofiev, ) et The Young Person's Guide to the Orchestra (Benjamin Britten, ) sont des œuvres orchestrales qui ont été composées spécialement à l'intention des enfants, pour faciliter l'éveil musical.

L'art pictural adressé aux enfants

Illustration, etc.

Le jeu

Jouets, jeux de société, modélisme, jeu de billes en cour de récréation, etc.

Références

  1. ↑ Andy Arleo (dir.) et Julie Delalande (dir.), Cultures enfantines : UniversalitĂ© et diversitĂ©, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne)
  2. ↑ Roger Caillois, « Nature des jeux Â», dans Jeux et sports, Gallimard, coll. Â« EncyclopĂ©die de la PlĂ©iade Â», , p. 5-18
  3. ↑ a et b Christine Legrand, « Une culture enfantine de masse mondialisĂ©e Â», La Croix,‎ (lire en ligne)
  4. ↑ Julie Delalande, « La rĂ©crĂ©ation. Le temps d'apprendre entre enfants Â», Enfances & Psy, vol. 4, no 24,‎ , p. 71-80 (DOI 10.3917/ep.024.0071, lire en ligne)
  5. ↑ « La nouvelle jeunesse des films d'animation Â», Le Monde,‎ (lire en ligne)

Articles connexes