Leur vie est uniquement connue par la tradition[2],[3],[Note 1].
Crépin et Crépinien[4], venus de Rome, étaient chrétiens et cordonniers à Soissons. Ils fabriquaient des chaussures pour les pauvres, qu'ils ne faisaient pas payer, et pour les riches qui appréciaient leur production.
En 285 ou 286, voire 287, ils furent dénoncés et conduits devant l'empereur Maximien de passage dans le nord de la Gaule. L'empereur leur ordonna d'abjurer leur foi chrétienne, ce qu'ils refusèrent vivement. Maximien les fit alors torturer par Rictiovarus, un de ses plus cruels exécuteurs. Celui-ci leur fit enfoncer des roseaux pointus sous les ongles, mais les roseaux jaillirent des mains des saints et vinrent blesser les bourreaux. On les précipita ensuite dans une rivière, avec une meule attachée à leur cou mais ils flottèrent à la surface sans se noyer. Puis l'empereur les fit jeter dans une citerne remplie de plomb fondu, mais une goutte de plomb rejaillit dans l'œil de l'exécuteur qui fut éborgné, tandis que Crépin et Crépinien en sortaient indemnes. Finalement, après qu'ils eurent résisté à plusieurs autres supplices, Rictiovarus les fit jeter dans de l'huile bouillante d'où deux anges vinrent les sortir, tandis que lui-même s'y jetait de rage. Crépin et Crépinien furent finalement décapités le lendemain.
Culte et reliques
Leurs corps furent ensuite cachés par des fidèles qui, à la fin des persécutions, les déposèrent dans deux sépulcres voisins, où fut construite une basilique qui leur a été dédiée à Soissons, dont saint Grégoire de Tours parle à plusieurs reprises, notamment en 580 (Historia Francorum, livre V, chapitre 35). Par la suite, cette basilique s'est transformé en sanctuaire plus important.
Vers 570, le roi Sigebert Ier transféra certaines de leurs reliques de Soissons à Lisdorf près de Sarrelouis, où elles furent murées dans la table d'autel de l'église paroissiale qui porte leur nom. D'autres reliques furent transférées à la cathédrale d'Osnabrück au IXe siècle où des reliquaires des deux saints sont toujours conservés.
Si les événements de leur vie ne peuvent être obtenus qu'à partir de textes hagiographiques enrichis de nombreux éléments fabuleux, l'antiquité et la diffusion du culte des deux martyrs semblent prouver leur historicité. Ils sont célébrés le 25 octobre.
Si les Français les associent à la ville de Soissons où ils auraient vécu, les Anglais, eux, les font vivre dans le comté de Kent. Cette « délocalisation » n'est pas rare en hagiographie. Shakespeare y fait allusion dans Jules César et dans Henry V.
This story shall the good man teach is son : And Crispin Crispian shall ne'er go by, From this day to the ending of the world, But we in it shall be rememberéd ; We few, we happy few, we band of brothers : For he to-day that sheds his blood with me Shall be my brother: be he ne'er so vile, This day shall gentle his condition. And gentlemen in England, now a-bed, Shall think themselves accursed they were not here; And hold their manhoods cheap, whiles any speaks That fought with us upon Saint Crispin's day.
Cette histoire, le bonhomme l'apprendra à son fils : Le jour de Crépin Crépinien ne passera jamais, À compter d'aujourd'hui jusqu'à la fin du monde, Sans qu'on se souvienne de nous ; De nous cette poignée, cette heureuse poignée d'hommes, cette bande de frères. Car quiconque aujourd'hui verse avec moi son sang, Sera mon frère : si roturier qu'il soit, Cette journée l'anoblira. Quant aux gentilshommes anglais qui sont dans leur lit à cette heure, Ils se tiendront pour maudits de n'avoir pas été ici, Et compteront pour rien leur valeur quand parlera Quiconque aura combattu avec nous le jour de la Saint Crépin.
Dédicaces
De nombreuses églises sont dédiées à ces deux saints :
l'église Saint-Crispinus et Saint-Crispinianus à Lisdorf (Allemagne);
Il existe aussi une rue saint-Crépin à Québec et une montée Saint-Crépin à Luxembourg.
De plus Soissons a donné le nom de Saint-Crépin au plus grand parc de la ville.
Saint-Crépin a donné son nom à une commune des Hautes-Alpes. Bien que l'église sous ce vocable n'y ait été construite qu'en 1452, des traces d'usages chrétiens datant du Ve siècle ont été trouvés dans l'ancienne église Notre-Dame-de-l'Assomption, partagée avec le village voisin d'Eygliers[7].
Saint-Crespin a donné son nom à une commune de Seine-Maritime (autrefois appelée "La Hétraie") près de Dieppe.
Dans les arts
On représente Crépin et Crépinien sous l'aspect de cordonniers à leur établi, comme dans le tableau de 1523 d'un auteur anonyme, au Musée Carnavalet.
Ces deux saints sont, de par leur métier, patrons des cordonniers, mais aussi des gantiers, des bourreliers et des tanneurs.
Représentation
Ils sont souvent représentés soit dans leur atelier, réparant des chaussures ou les distribuant aux pauvres, soit durant leur supplice, alors qu'on leur enfonce des alènes sous les ongles[9] ou encore avec leur épée de martyre.
Dictons
À la Saint Crépin, les mouches voient leur fin.
À la Saint Crépin, la pie monte au pin (ou au sapin).
Usage commercial
Le nom Saint Crépin, en tant que saint patron des tailleurs et des cordonniers, a inspiré les noms de marque de chaussuresCRESPIN en France, Holy Crispins en Angleterre et la marque autrichienne Saint Crispin's ainsi que la marque de chaussettes Saint-Crespin en France.
↑Michel Pastoureau et Gaston Duchet-Suchaux, La Bible et les saints : comprendre et reconnaître les principales représentations religieuses occidentales, Paris, Flammarion, , 16 p. de pl. + 317 (ISBN978-2-08-134382-5).
Voir aussi
Bibliographie
Vie des Saints pour tous les jours de l'année - Abbé L. Jaud - Éditions Mame - Tours - 1950.
Le petit livre des saints - Rosa Giorgi - Larousse - 2006 - (ISBN2-03-582665-9)
Dictionnaire des Saints imaginaires et facétieux - Jacques E. Merceron - Seuil - 2002