Costume au XVe siècle

Les Très Riches Heures du duc de Berry (detail).

Le costume au XVe siècle en Europe a été caractérisé par une série d'extravagances, des robes volumineuses appelées houppelande sorte de robe de chambre, tantôt longue, tantôt courte, avec de très longues manches allant jusqu'au sol. Les chapeaux, chaperon et autres coiffures ont pris une importance croissante, ils étaient drapés, ornés de pierres précieuses, ou à plumes.

Alors que l'Europe continue d’être plus prospère, les classes moyennes urbaines et les travailleurs qualifiés commencent à porter des vêtements plus complexes et aboutis, et à suivre les modes fixées par les élites[1].

Dominance de la cour de Bourgogne

Contexte

Loyset Liédet - Roman de Renaut de Montauban, (1462)

Avec l'Angleterre et la France embourbées dans la guerre de Cent Ans et ses conséquences, puis les Anglais dans la guerre des Deux-Roses à travers la plupart du siècle, la mode européenne au nord des Alpes a été dominée par la cour de Bourgogne. Après avoir ajouté la Hollande, le Hainaut, le Luxembourg et la Flandre à leur domination, les ducs de Bourgogne ont eu accès aux derniers tissus d'Italie et de l'Est et aux exportations de laine anglaise à travers les grandes villes commerçantes de Bruges et d’Anvers[2]. L'État bourguignon est l'état le plus puissant et prospère d'occident et sa cour réglée par Philippe le Bon rayonne par son luxe, son faste et donne le ton dans l'ouest de l'Europe[3]. De son côté, la cour française de Charles VII et Louis XI contraste par sa simplicité et son austérité[4].

Les achats de tissus par des marchands italiens, comme Giovanni Arnolfini[5]ont contribué au développement de la filière textile flamande. Surtout à Florence, où les lois somptuaires ont même empêché les citoyens de porter des vêtements luxueux sur lesquels la fortune de la ville ont été construits[6].

Femme vers le milieu XVe siècle

Les tenues

À la cour de Bourgogne en ce qui concerne les hommes, était portée la houppelande (tenue longue jusqu'au pieds, ou mi-longue jusqu'au dessus des genoux) ou plus tardivement le pourpoint (tenue courte) avec des chausses (sorte de pantalon moulant), des poulaines (chaussures pointues) et sur la tête un chapeau, un bonnet ou plus emblématique, un chaperon. Était également porté à la ceinture, comme accessoire de mode, une miséricorde ou une dague à rouelle[7] mais parfois aussi une aumônière richement brodée et décorée[8].

Pour les femmes, on retrouve également la houppelande mais celle ci se voit progressivement remplacée par la robe dite à tassel[9] ou robe à col en V, serrée par une large ceinture. Robe, plus ou moins épaisse selon l'époque de l'année qui peut être doublée de fourrure. La coiffe discrète en début de siècle, va avec l'apparition du hennin[10], devenir de plus en plus haut et ostentatoire.

Evolution

Sur le XVe siècle la tendance du costume va en se raccourcissant pour les hommes. De la houppelande très longue et surtout très ample au début du siècle, celui ci se termine avec un pourpoint près du corps et très court. Pour les femmes aussi la tendance est aux robes de moins en moins ample, de plus en plus cintrée à la taille et proche du corps dans sa partie haute.

Tissus et fourrures 1400-1500

La laine était le tissu le plus populaire pour toutes les classes sociales, suivie par le lin et le chanvre[11]. Les tissus de laine étaient d’un large éventail de qualités, ce drap était un des piliers de l'économie anglaise et a été exporté dans toute l'Europe. Les tissus de laine ont été teints dans des couleurs riches, notamment du rouge, du vert, or et bleu, bien que la couleur bleu était réalisable avec du pastel (et moins fréquemment l'indigo).

Le tissage de la soie a été établi autour de la Méditerranée au début du siècle, et les soies sont de plus en plus vues sur les costumes italiens et sur les robes des élites de toute l'Europe[12]. La fourrure était utilisée, la plupart du temps comme une doublure, par ceux qui pouvaient se l’offrir. Les fourrures d'écureuil gris et blanc du Moyen Âge, les vair et petit-gris, d'abord pour les hommes et pour les femmes, les fourrures de la nouvelle mode étaient brun foncé, la zibeline et la martes. Vers la fin du siècle, les fourrures d'animaux sauvages tels que le lynx sont devenues populaires[13]. L’hermine est restée la prérogative et la marque de la royauté.

Galerie

Bibliographie et webographie

Notes et références

  1. Boucher, François : 20,000 Years of Fashion, Harry Abrams, 1966.
  2. Parry, History of Costume, p. 199.
  3. Bertrand de Jouvenel et Éric Roussel, Itinéraire d'un curieux encyclopédique, FeniXX, (ISBN 978-2-259-23580-8, lire en ligne)
  4. Scordia Lydwine, Louis XI, Editions Ellipses, (ISBN 978-2-340-05857-6, lire en ligne)
  5. 2% to the elder Giovanni alone, in 1444–46, p. 195 National Gallery Catalogues, The Fifteenth Century Netherlandish Paintings, Lorne Campbell, 1998, (ISBN 1-85709-171-X)
  6. Frick, Carole Collier. Dressing Renaissance Florence: Families, Fortunes, and Fine Clothing. Johns Hopkins University Press (2002).
  7. Jean Étienne Genequand, Grandson 1476 [i.e. quatorze cent soixante-seize]: essai d'approche pluridisciplinaire d'une action militaire du 15e siècle, Centre d'histoire, (ISBN 978-2-8280-0000-4, lire en ligne)
  8. Bob Putigny, L'épopée de Bourgogne: Une marche vers l'Europe, FeniXX, (ISBN 978-2-221-22282-9, lire en ligne)
  9. Provient du nom de la pièce de tissus qui cache la poitrine entre les deux bords de la robe
  10. comte Paul Durrieu, La miniature flamande au temps de la cour de Bourgogne (1415-1530), G. van Oest et cie, (lire en ligne)
  11. Koslin, Désirée, "Value-Added Stuffs and Shifts in Meaning: An Overview and Case-Study of Medieval Textile Paradigms", in Koslin and Snyder, Encountering Medieval Textiles and Dress, p. 237–240
  12. Crowfoot, Elizabeth, Frances Prichard and Kay Staniland, Textiles and Clothing c. 1150 – c. 1450
  13. Favier, Jean, Gold and Spices: The Rise of Commerce in the Middle Ages, 1998, p. 66