En , une insurrection contre le gouvernement tsariste secoua le royaume du Congrès. La Prusse fit immédiatement fermer sa frontière et mobilisa pour défendre ses provinces orientales contre ce genre de troubles. À la demande pressante du Premier ministre Otto von Bismarck, Alvensleben, aide de camp du roi de Prusse, fut dépêché auprès du tsar Alexandre II de Russie pour négocier des mesures communes à l'encontre des insurgents[1],[2]. Les deux royaumes convinrent que leurs armées respectives étaient fondées à s'engager en territoire polonais pour frapper les révolutionnaires et les traîner devant les cours martiales russes[1],[3],[4].
Toutefois, cet accord n'entra jamais en application car de son côté la Russie réglait seule le soulèvement polonais[5],[6].
Conséquences politiques
Échos en Prusse
Bismarck qui, en septembre 1862, venait d’être nommé Premier ministre et gouvernait sans disposer de majorité stable au Parlement, fut hué par les libéraux prussiens tels Hans Victor von Unruh et Heinrich von Sybel, qui continuaient de sympathiser avec les Polonais, quoiqu'avec beaucoup moins d'emphase[2],[4],[7],[8],[9] qu'en 1848.
Le traité déclencha finalement l'opposition du Parlement prussien : un jour que le président du Landtag l'interrompait alors qu'il s'expliquait sur sa politique polonaise, Bismarck s'écria qu'il n'en répondrait que devant le monarque et qu’« il n'avait pas à se soumettre à l'autorité disciplinaire dont le président du parlement était investi. »
La lutte entre Bismarck et la Diète se poursuivit jusqu'à ce que le les parlementaires adressent une note des plus sèches au roi : « La Chambre des Députés n'a plus les moyens de s'expliquer avec ce ministre… Chaque nouvelle tentative de négociation ne fait que renforcer notre conviction qu'une espèce de mauvais sort divise les conseillers de la Couronne et le pays. » En conséquence, le roi finit par dissoudre la Chambre[10], cependant que Bismarck faisait marche arrière : à son instigation, l'émissaire russe Gortchakov démentit l'entrée en vigueur de l'accord[3].
Conséquences internationales
Cette convention fut critiquée par les libéraux d'Europe de l'Ouest et déchaîna une crise diplomatique sérieuse[3]. La Grande-Bretagne, Napoléon III et l'Autriche-Hongrie protestèrent, la France ne cachant pas ses sympathies pour les indépendantistes et allant jusqu'à suggérer le renvoi de Bismarck[2]. L'impératrice Eugénie alla jusqu'à présenter à l'ambassadeur autrichien une carte de l'Europe sur laquelle la Pologne était indépendante et où les frontières des monarchies européennes étaient bouleversées[8],[11].
Cet accord réchauffa naturellement les relations diplomatiques entre la Russie et la Prusse, tout en éloignant la France, de par la sympathie évidente de Napoléon III envers les insurgés polonais[2],[12]. Bismarck lui-même s'aperçut plus tard qu'elle constituait un atout pour obtenir la neutralité russe lors de la guerre austro-prussienne et de la guerre de 1870[12].
Notes
↑ ab et cEncyclopedia of the United Nations and international agreements, Routledge, (ISBN0-415-93924-0), p. 81.
↑ abc et d(en) Bascom Barry Hayes, Bismarck and Mitteleuropa, Rutherford N.J./Madison N.J./Teaneck N.J./London/Toronto, Fairleigh Dickinson university press / Associated university presses, , 623 p. (ISBN0-8386-3512-1, lire en ligne), p. 93.
↑ ab et cGeorge O. Kent, Bismarck and his times, Southern Illinois University, , 184 p. (ISBN0-8093-0858-4), p. 45.