La consonne occlusive palatale voisée est un son consonantique assez rare dans les langues parlées. Le symbole dans l’alphabet phonétique international est [ɟ]. Ce symbole est originellement un f minuscule ‹ f › culbuté[1] sans relation phonétique avec le f minuscule [f] qui transcrit une fricative. Ce symbole est fréquemment représenté par un j minuscule barré sans point, le j minuscule [j] transcrivant une consonne spirante palatale voisée, donc un son voisin de [ɟ].
Caractéristiques
Voici les caractéristiques de la consonne occlusive palatale voisée.
Son mode d'articulation est occlusif, ce qui signifie qu'elle est produite en obstruant l’air du chenal vocal.
Son point d'articulation est dit palatal, ce qui signifie qu'elle est articulée avec le milieu ou l'arrière de la langue contre le palais rigide.
Sa phonation est voisée, ce qui signifie que les cordes vocales vibrent lors de l’articulation.
C'est une consonne orale, ce qui signifie que l'air ne s’échappe que par la bouche.
C'est une consonne centrale, ce qui signifie qu’elle est produite en laissant l'air passer au-dessus du milieu de la langue, plutôt que par les côtés.
Son mécanisme de courant d'air est égressif pulmonaire, ce qui signifie qu'elle est articulée en poussant l'air par les poumons et à travers le chenal vocatoire, plutôt que par la glotte ou la bouche.
En français
Le français standard ne possède pas le [ɟ]. Cette articulation se rencontre néanmoins comme un allophone de g devant une voyelle antérieure ou de d̪ devant le son [i].
Autres langues
Le corse retranscrit cette consonne par la lettre ‹ ghj ›, comme dans maghju (mai) ou oghje (aujourd'hui). C'est également le cas de certains dialectes toscans et calabrais.
L'occitan auvergnat utilise typiquement le phonème [ɟ] pour exprimer [g] devant les voyelles [i] et [y]. Par exemple les mots guidar (« guider ») et benvenguda (« bienvenue ») s'y prononcent respectivement [ɟiˈda] et [bə.veŋˈɟy.dɔ].
L'arpitan utilise également le phonème [ɟ] mais proche de [dj], comme dans « diot » [ˈɟo].
L'italien peut utiliser le [ɟ] pour retranscrire [ɡj] comme dans les mots ghetto et ghianda.
Cette consonne est commune en hongrois, où elle est notée ‹ gy › comme dans Magyarország (Hongrie) [mɒɟɒrorsaːg] ainsi qu'en albanais qui la transcrit ‹ gj › comme dans përgjigje ( réponse ) [pərɟiɟe] ou Gjergj ( George ) [ɟorɟ].
Le letton retranscrit cette consonne par la lettre ‹ ģ ›.
Dans plusieurs dialectes bretons, et notamment le vannetais, elle représente la réalisation usuelle de [ɡ] devant les voyelles antérieures (e, i, u).
↑Kemp 2006, p. 398 : « [ɔ ə ɟ ɯ ɹ ʌ] are all phonetic symbols formed by inverting ⟨c e f m r v⟩, respectively. »
Bibliographie
(en) J. Alan Kemp, « Phonetic Transcription: History », dans Keith Brown, The encyclopedia of language and linguistics, vol. 9, Amsterdam, Elsevier, , 2e éd., 396–410 p.
Les parties grisées indiquent une articulation jugée impossible. Les cases blanches vides indiquent des articulations théoriques possibles mais non encore attestées. Les cases marquées d’un astérisque (*) indiquent des sons attestés non encore représentés officiellement dans l’API.
Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite une consonne voisée (ne s’applique pas aux clics, présentés au centre des cases en bas du tableau).
Les cases séparées par des pointillés emploient normalement les mêmes symboles API de base, et ne diffèrent éventuellement que par les diacritiques appliqués pour déplacer leur articulation, par exemple la nasale n represente une dentale ou une alvéolaire.
Les affriquéest͡s, d͡z, t͡ʃ, d͡ʒ, t͡ɕ, d͡ʑ sont parfois notées à l’aide des ligaturesʦ, ʣ, ʧ, ʤ, ʨ, ʥ ne faisant plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par les deux articulations, liées avec une ligature tirant – suscrite ou souscrite).
Les occlusivesinjectivessourdes, sont parfois notées à l’aide des symboles ƥ, ƭ, ƈ, ʠ (formés sur la base de la consonne pulmonique correspondante avec une crosse ajoutée), qui ne font plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par le symbole de la consonne voisée avec l'anneau diacritique de dévoisement).