Le Congrès des Syndicats des Fidji (anglais : Fiji Trades Union Congress) est l'organisation fédératrice des syndicatsfidjiens.
Histoire
Le FTUC est né en 1951 avec le nom de Congrès des Travailleurs industriels des Fidji (Fiji Industrial Workers Congress) et sous la présidence de panditAmi Chandra, fondateur et président du Syndicat des Enseignants des Fidji[3].
La fédération rassemble alors cinq syndicats : le Syndicat des Travailleurs du Sucre (Chini Mazdur Sangh, en hindi des Fidji), le Syndicat des Enseignants des Fidji, le Syndicat des Travailleurs fidjiens des Mines (Fijian Mineworkers Union), le Syndicat des Employés des aéroports des Fidji (Fiji Airport Employees Union) et le Syndicat des Employés du Département des Travaux publics des Fidji (Fiji Public Works Department Employees Union)[4]. Leur rassemblement en une fédération se fait sur recommandation du sous-secrétaire d'État aux Colonies du gouvernement travailliste britannique, John Dugdale, lors d'une réunion aux Fidji avec leurs représentants respectifs[4]. Elle devient le Congrès des Syndicats des Fidji en 1973[3].
Durant la période coloniale britannique, c'est-à-dire avant l'indépendance du pays en 1970, la fédération des syndicats participe à d'importantes grèves dont celle des travailleurs des mines en 1955, celle des travailleurs de l'industrie sucrière en 1957, celle des ouvriers de la distribution du pétrole en 1959 et celle des fermiers des plantations de cane à sucre en 1960, obtenant de la part du gouvernement la création d'un service d'arbitrage en 1954 et d'un Conseil des Salaries en 1957[5].
En 2011, un décret (Essential National Industries (Employment) Decree 2011(en)) du régime militaire issu du coup d'État de 2006 restreint fortement les activités des syndicats et leur défense des intérêts des travailleurs. En particulier, il annule tous les accords collectifs existant entre syndicats et entreprises (art. 8), soumet l'élection de représentants syndicaux à l'approbation du gouvernement (art. 10), permet aux employeurs d'annuler unilatéralement les accords collectifs passés avec les syndicats (art. 17) et n'autorise les grèves qu'à l'issue de trois ans de négociations infructueuses avec l'employeur concerné. Une grève doit alors être annoncée au moins vingt-huit jours à l'avance, et est soumise à l'autorisation du gouvernement, qui peut ensuite unilatéralement y mettre fin. L'employeur peut licencier les employés grévistes. Toute personne participant à une grève illégale peut être punique de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 50 000 dollars fidjiens (environ 20 250 euro) (art. 27)[8]. Le décret est vivement condamné par Amnesty International[9], et le Congrès des Syndicats du Royaume-Uni appelle à une mobilisation internationale de solidarité avec les syndicalistes et travailleurs fidjiens[10]. Dans la foulée, le président et le secrétaire national du FTUC, Daniel Urai(en) et Felix Anthony, sont arrêtés[11].
Le régime militaire prend fin en 2014, et en 2015, lors de négociations tripartites avec le gouvernement et les représentants patronaux, le FTUC obtient que soient à nouveau reconnus la liberté d'association des syndicats, ainsi que le droit à la négociation collective[12]. Durant les années qui suivent, toutefois, le FTUC souligne que le gouvernement refuse régulièrement d'accorder aux syndicats le droit de manifester, et impose à des employés des contrats individuels ne leur permettant pas de bénéficier de négociation collective[13].
Daniel Urai(en), le secrétaire général du Syndicat national des Employés des Industries de l'Hôtellerie, de la Restauration et du Tourisme, est (en date de 2021) le président du FTUC[1]. Il est député de la ville Lautoka à la Chambre des représentants pour le Parti travailliste durant la législature 2001-2006 et la brève législature de 2006.
Le FTUC subit une importante scission en 2002, lorsque quinze syndicats le quittent, reprochant à Felix Anthony sa trop grande proximité avec le Parti travailliste. Ils fondent le Conseil des Syndicats des îles Fidji(en) (FICTU) comme fédération rivale, avec pour secrétaire général Attar Singh(en), membre du Parti de la fédération nationale[15]. Le FICTU se dissout finalement en 2018, ses membres réintégrant le FTUC[16].
En 2013, Felix Anthony, en conflit avec le chef du Parti travailliste Mahendra Chaudhry, quitte ce parti et fonde le Parti démocrate populaire (PDP)[17]. Après l'échec cinglant à la fois du PDP et du Parti travailliste aux élections de 2014, le PDP disparaît en 2018[18]. Le Parti travailliste existe toujours et se veut un défenseur des syndicats mais n'est plus formellement associé au FTUC[19].
Membres
En date de 2021, le FTUC fédère vingt-huit syndicats, représentant des travailleurs à la fois du secteur privé et du secteur public et couvrant environ 70 % des travailleurs salariés du pays[3],[20] :
Syndicats d'ouvriers et d'autres travailleurs manuels
Association des Employés du Comité de Fiducie des Terres autochtones
TLTBEA
Itaukei Land Trust Board Employees Association
Le Comité de Fiducie des Terres autochtones gère les terres qui sont la propriété collective de communautés autochtones, et dépend du ministère des Terres.
Le FTUC se présente par ailleurs comme le garant du respect des droits des travailleurs fidjiens tels que définis par l'Organisation internationale du travail, dont les Fidji sont membres depuis 1974[24],[25].