Clive Robertson Caldwell ( – ) fut le plus grand asaustralien de la Seconde Guerre mondiale d’où son surnom de « Killer » (tueur). Il a effectué plus de 300 sorties opérationnelles et il est crédité officiellement de 28,5 victoires (la demi-victoire étant partagée avec un autre pilote) auxquelles il faut ajouter six victoires probables et 15 appareils ennemis endommagés[1],[2].
Caldwell a obtenu ses victoires sur deux modèles de chasseurs et deux fronts très éloignés :
Plus grand as de toutes les nations alliées sur Curtiss P-40, un avion qui traînait la réputation d'être inférieur à ses adversaires comme le Messerschmitt 109 et le Mitsubishi A6M. En réalité, entre les mains de pilotes expérimentés, le P-40 était capable de très bons résultats, surtout dans les combats à basse altitude et l'attaque au sol.
Dès que la Seconde Guerre mondiale éclate en Europe, Caldwell s’engage dans la Royal Australian Air Force (RAAF). En , il reçoit ses ailes, puis son affectation pour le Moyen-Orient comme pilote de chasse. Malgré ses trente ans révolus, il doit le fait de ne pas rejoindre les bombardiers ou les transports - affectations réservées aux "vieux" de son âge - à son exceptionnelle aptitude à piloter et à son sens inné du commandement[4]. Il ne se contente pas d'appliquer les méthodes et les tactiques qu'on lui a enseignées, mais il en créé de nouvelles. Ainsi, il se distingue par une approche nouvelle du combat aérien : il attaquait d'en bas, par un angle mort[5].
Le , lors d’une mission d’escorte de bombardiers au-dessus de Gazala, Libye, sa trentième sortie au combat, il remporte sa première victoire aérienne[6] contre un Messerschmitt Bf 109 de la Jagdgeschwader 27 (JG 27).
Le 7 juillet, un Fiat G.50 italien vient s’ajouter à son tableau de chasse.
Le , alors qu’il rentre seul vers sa base, il est attaqué près de Tobrouk par deux Messerschmitt Bf 109 dont un piloté par un as allemand, le LeutnantWerner Schröer, de la JG 27. On dénombrera sur son appareil 113 impacts de balles et d’obus de 20 mm. Bien que blessé, Caldwell parvient à abattre l’ailier de Schröer et à endommager gravement l’appareil de ce dernier, l’obligeant à rompre le combat[8].
Après avoir survécu à ce combat, Caldwell va se faire une spécialité d'affronter, et de vaincre, les plus grands as allemands présents sur le théâtre d'Afrique du Nord.
Pour cet exploit, Caldwell reçoit la Distinguished Flying Cross[9]. et une promotion au grade de Flight Lieutenant, avancement spectaculaire pour un pilote qui n’a que cinq mois de service.
Très rapidement, son palmarès se gonfle de nouveaux succès.
Le 5 décembre, il abat cinq bombardiers en piquéJunkers Ju 87 d’une formation de quarante Stuka près d’El-Adem. À la fin de l’année 1941, il ajoute une bar à sa D.F.C[1],[10]. et se voit promu Flight commander.
Le 14 décembre il semble avoir été impliqué dans un combat contre des appareils de la 2./JG 27 au cours duquel perdit la vie l'Oberfelwebel Hermann Förster, as titulaire de 13 victoires, mitraillé pendant sa descente en parachute[11].
Le 24 décembre, Caldwell prend part à un combat dans lequel est mortellement blessé un autre as allemand, le HauptmannErbo Graf von Kageneck (69 victoires) de la III./JG 27. Caldwell pense l’avoir seulement "endommagé", mais après la guerre on découvre qu’il l’a bel et bien abattu[12].
En janvier 1942, Caldwell est promu Squadron Leader et le 14 janvier il prend le commandement du Squadron no 112(en)Shark, dont les Kittyhawk sont ornés de l’agressive gueule de requin, devenue si célèbre après avoir été reproduite sur leurs P-40 par les pilotes américains des "Tigres Volants" en Chine. Caldwell devient ainsi le premier aviateur du Commonwealth à commander un squadron britannique[13]. À cette époque, le Squadron no 112(en) compte dans ses rangs plusieurs pilotes polonais. C’est pourquoi Caldwell fut décoré de la décoration polonaiseKrzyż Walecznych (KW; "Croix de la Valeur")[14].
Le , alors qu'il dirige une formation de 11 Kittyhawks des squadrons no 112 et no 3 au-dessus de Gazala, il repère une formation de Messerschmitt Bf 109 du I./JG 27 volant 2 000 pieds plus haut, et en abat un au terme d’une spectaculaire chandelle qui prend son adversaire par surprise[15].
Le 10 mars, Clive Caldwell teste le Kittyhawk dans son nouveau rôle de chasseur-bombardier, rôle qui s'avérera très utile lors de la guerre du désert.
Le 14 mars, il revendique ses deux dernières victoires dans le désert : un Messerschmitt Bf 109 (partagé) et un Macchi MC.202. Lorsqu’il quitte la Méditerranée, le , il a environ 550 heures de vol et plus de 300 sorties opérationnelles. Son palmarès fait état de vingt victoires et demie, dont dix Messerschmitt Bf 109 et deux Macchi MC.202, ce qui fait de lui le plus grand as allié de ce théâtre d’opérations.
Lorsque Caldwell rentre en Australie fin septembre 1942, il est accueilli en héros national, d’autant plus que la menace des forces japonaises se rapproche du territoire national. Le 26 novembre on lui confie le commandement du No. 1 (Fighter) Wing(en), qui comprend les squadrons, no. 54 de la R.A.F. et no. 452 et 457 de la RAAF. Equipée de Supermarine Spitfire VC, cette escadre basée à Darwin a pour mission de repousser les raids aériens japonais sur les côtes australiennes.
Le , à la tête d’une patrouille de six Supermarine Spitfire, Caldwell intercepte six bombardiers légers Nakajima B5N "Kate" escortés par douze chasseurs Mitsubishi A6M (nom de code allié : "Zeke"). Il abat un avion de chaque type au-dessus de la mer d’Arafura[17],[18]. Les pilotes des Spitfire découvrent que les chasseurs japonais répugnent à engager le combat contre des chasseurs allies au-dessus de l'Australie en raison de la grande distance qui les sépare de leurs bases aux Indes occidentales néerlandaises. Au début, le Wing subit de lourdes pertes, en raison de l’inexpérience de nombreux pilotes, et des problèmes mécaniques incessants des Spitfire tropicalisés.
« Étant donnée la réputation du Spitfire – réputation d’ailleurs non usurpée, car c’était un splendide avion de guerre que ses pilotes adoraient – la R.A.F. expédia vite à Darwin une escadre australienne d’Angleterre. Cette unité d’élite, équipée de Spitfire IX A, commandée par le fameux wing-commander « Killer » Caldwell, ne comprenait que des pilotes expérimentés qui avaient combattu la Luftwaffe pendant un an, et elle arriva en Australie avec son équipement complet y compris un contrôle radar impeccable. (…) Le 21 mai 1943, vingt et un bombardiers japonais escortés par trente Zéros exécutèrent un raid sur Darwin. L’interception par trente-deux Spitfires dirigés par un contrôleur anglais fut magnifique. Mais après la bataille, quand les comptes furent établis, il fallut convenir que treize Spitfires avaient été perdus pour la destruction d’un bombardier et de cinq Zéros. L’enthousiasme des chasseurs australiens en fut quelque peu refroidi. Le 30 juin 1943, vingt-sept « Betty » escortés par trente Zéros récidivèrent. L’interception fut encore parfaite, mais pour huit bombardiers et deux chasseurs japonais, six Spitfires sur les quarante-et-un qui avaient décollé ne revinrent pas. Les Australiens commençaient à comprendre, car cette fois pourtant ils avaient évité au maximum les Zeros, en se concentrant sur les bombardiers. »
(Pierre Clostermann, Feux du ciel, Flammarion, 1951, p. 63-64)
Sa dernière victime, un Mitsubishi Ki-46 "Dinah", tombe le au-dessus de la mer d’Arafura.
Caldwell revendique au total 6,5 avions japonais abattus[18].
Avec vingt-huit victoires et demie, il est l’as des as australiens et bien qu’il cesse de combattre deux ans avant la fin des hostilités, aucun de ses compatriotes n’affichera un tel palmarès.
Il revient dans la zone des combats le , comme commandant du No 80 Fighter Wing(en), équipé de Spitfire Mark VIII.
En avril 1945, alors qu’il sert à Morotai, Indonésie avec la Australian First Tactical Air Force, il joue un rôle majeur dans la "Mutinerie de Morotai", durant laquelle plusieurs aviateurs démissionnent en signe de protestation contre l’emploi des escadrilles de chasse de la RAAF dans des missions d’attaque au sol, qu’ils considèrent comme dangereuses et sans intérêt stratégique. À l’issue de l’enquête qui suit, trois officiers supérieurs sont relevés de leur commandement, tandis que Caldwell et les autres "mutins" ne sont pas inquiétés[20],[21].
Le 1er août, il est nommé Group Captain. En avril 1945, il entre à l’état-major australien, qu’il ne quittera que le 6 février 1946 pour retrouver la vie civile. « Killer » Caldwell se lance alors dans les affaires.
(en) Kristen Alexander, Clive Caldwell, air ace, Crows Nest, N.S.W, Allen & Unwin, , 298 p. (ISBN1-74114-705-0, lire en ligne).
(en) Russell Brown, Desert Warriors : Australian P-40 Pilots at War in the Middle East and North Africa 1941-1943, Maryborough, Qld, Banner Books, , 321 p. (ISBN1-875593-22-5).
Musciano, Walter. "Killer Caldwell: Australia's Ace of Aces." Air Progress Volume 19, No. 3, September 1966.
(en) George Odgers, The Royal Australian Air Force : an illustrated history, Brookvale, N.S.W., Australia, Child & Henry, , 240 p. (ISBN0-86777-368-5).
(en) Geoffrey Pentland, The P-40 Kittyhawk in service, Melbourne, Kookaburra Technical Publications, , 66 p. (ISBN0-85880-012-8).
(en) Units of the Royal Australian Air Force : a concise history, vol. 1 : Introduction, Bases, Supporting Organisations, Canberra, Australia, Australian Government Public Service (AGPS Press), , 243 p. (ISBN0-644-42792-2).
(en) Christopher Shores, Aces high, vol. 2 : A further tribute to the most notable fighter pilots of the British and Commonwealth Air Forces in WWII, Havertown, Grub Street Publishing, , 256 p. (ISBN978-1-909808-43-0 et 1-909808-43-1, lire en ligne).
(en) Christopher Shores et Clive Williams, Aces high : a tribute to the most notable fighter pilots of the British and Commonwealth Forces in WWII, Londres, Grub Street, , 704 p. (ISBN1-898697-00-0, lire en ligne).
(en) Alan Stephens, The Royal Australian Air Force : A History, South Melbourne New York, Oxford University Press, , 340 p. (ISBN0-19-555541-4).