Sa chronologie est complexe car les événements ne peuvent pas toujours être mis en relation de manière univoque[1].
Développement pré-révolutionnaire
Du au : Congrès de Vienne. On y décida du « nouvel ordre » de l'Europe, enclenchant la restauration. C'est aussi le commencement de la phase du Vormärz politique.
Fin de l'été et automne 1819 : Dans la plupart des pays de la Confédération germanique, les émeutes Hep-Hep aboutirent à des affrontements antisémites s'opposant à l'émancipation juive et vinrent jusqu'à prendre en certains endroits la forme de pogroms[3].
: À la suite de l'assassinat du poète August von Kotzebue, les décrets de Carlsbad créèrent une assise légale à la répression des efforts démocratiques nationaux des Burschenschaften et d'autres cercles d'opposition, notamment au travers d'interdictions de groupes et d'associations démocratiques ou de la censure de la presse[4].
Juillet 1830 : En France, la révolution de Juillet provoqua quelques soulèvements localisés dans les pays de la Confédération germanique[5].
: Pendant la fête de Hambach, une Allemagne unifiée et des droits démocratiques furent de nouveau exigés[6].
: Attaque de la Garde de Francfort, échec de la tentative de soulèvement révolutionnaire pangermaniste[7].
1834 : À Berne, les sociétés secrètes Giovine Italia (Jeune Italie), Junges Deutschland (Jeune Allemagne) et « Jeune Pologne » formées par des démocrates exilés se rassemblèrent au sein de la société secrète supranationale Giovine Europa (Jeune Europe) à l'initiative du révolutionnaire italien Giuseppe Mazzini[8].
1834 : Georg Büchner et Friedrich Ludwig Weidig diffusèrent clandestinement le libelleLe Messager des campagnes hessoises (Der Hessische Landbote)[9] avec le mot d'ordre « Paix aux chaumières, guerre aux palais ! » (Friede den Hütten, Krieg den Palästen!) dans le grand-duché de Hesse[10].
1837 : La lettre de protestation solennelle des Sept de Göttingen (un groupe de professeurs d'université libéraux notables, parmi lesquels on comptait les frères Grimm) contre la révocation de la constitution du royaume de Hanovre trouva un écho dans toute la Confédération germanique. Les professeurs furent renvoyés et certains, expulsés du pays[11],[12].
Juin 1844 : Dans une partie de la Silésie, des tisserands se révoltèrent à cause de la misère (Weberaufstand)[13].
: Pendant le rassemblement d'Offenburg, les politiciens badois radicaux-démocrates exigèrent des droits fondamentaux avec les « exigences du peuple[citation 1],[14] ».
: Lors de la réunion d'Heppenheim, les libéraux modérés rédigèrent leur programme politique[15].
Transition à partir de janvier 1848
Janvier 1848 : des soulèvements révolutionnaires nationalistes contre la domination des Bourbon en Italie du sud (Sicile) et contre la domination autrichienne en Italie du Nord (Milan, Padoue et Brescia) annoncèrent les révolutions dans l'Europe entière de 1848-49[16].
27 février 1848 : Inspirée par la révolution française de 1848, la réunion populaire de Mannheim (Mannheimer Volksversammlung) donna la forme d'une pétition au gouvernement à Karlsruhe aux revendications de mars [citation 2]. Elle devint un symbole de la révolution de mars dans les pays de la Confédération germanique[18],[19].
1er mars : Occupation de la Ständehaus du parlement de Bade à Karlsruhe[20].
15 mars : À Budapest, le Statthalterbeirat (l'organe administratif suprême de la partie hongroise de l'empire d'Autriche), impressionné par 20 000 manifestants, satisfit les « douze points » de revendication des intellectuels hongrois radicaux rassemblés autour de Sándor Petőfi (notamment un ministère et un parlement hongrois indépendants de Vienne, le départ de toutes les troupes autrichiennes de Hongrie, la mise en place d'une armée nationale hongroise et la création d'une banque nationale) et fit ainsi réellement du royaume de Hongrie un État indépendant[22].
18 mars : À la lecture d'une loi édictée par le roi Frédéric-Guillaume IV à propos de réformes en Prusse, un rassemblement devant le Château de Berlin dégénéra en un combat entre citoyens et militaires. Pendant la lecture, la paisible ambiance initiale céda la place à des propos révolutionnaires jusqu'à ce que deux coups de feu fussent tirés, sans qu'on en connaisse l'origine ou la cause. Cela provoqua le revirement de l'humeur des manifestants et l'intervention de l'armée : les violents combats dans les rues où se dressèrent des barricades causèrent la mort de 303 personnes selon les autorités[27],[28].
19 mars : Le roi Frédéric-Guillaume IV de Prusse fut contraint de paraître devant les corps des « victimes de mars » exposés dans la cour du château et de retirer son chapeau. Le 21 mars, il parcourut Berlin à cheval avec une écharpe noire, rouge et or et déclara vouloir la liberté et l'unité de l'Allemagne[citation 4],[29].
du 2 au 20 avril : Soulèvement mené par Hecker dans le Grand-duché de Bade, réclamant la république. Il fut réprimé le 20 avril et Friedrich Hecker s'exila[32].
18 mai : Institution du Parlement de Francfort dans l'Église Saint-Paul de Francfort, le premier parlement de toute l'Allemagne élu démocratiquement ; il devait préparer l'unité allemande ainsi qu'élaborer une constitution pour le nouvel État[36].
24 juin : Répression du soulèvement ouvrier français lors des journées de Juin à Paris. Par la suite, la contre-révolution gagna également en puissance dans les États de la Confédération germanique, et contraignit de manière grandissante les révolutionnaires à être sur la défensive[39],[40].
6 août : Armistice entre l'Autriche et le royaume de Sardaigne[30].
26 août : Armistice entre la Prusse et le Danemark. Le parlement dut finalement accepter le 16 septembre l'armistice de Malmö et manifesta ainsi son impuissance. La crise provoqua de nouveaux troubles à Francfort-sur-le-Main (révolution de septembre) et dans d'autres villes allemandes[41],[42].
12 septembre : Le leader nationaliste républicain Lajos Kossuth devint ministre-président en Hongrie. Le titre de « roi de Hongrie » fut refusé à l'empereur d'Autriche. Cela provoqua des troubles nationalistes contre la suprématie autrichienne[26].
18 septembre : Combats de barricades contre les troupes prussiennes et autrichiennes à Francfort : révolution de septembre[43].
du 21 au 25 septembre : Deuxième soulèvement badois à Lörrach ; Gustav Struve, qui proclama la république allemande le 21 septembre, fut arrêté[44].
9 novembre : Robert Blum, un député du parlement de Francfort, fut sommairement exécuté en dépit de son immunité parlementaire à la suite des mesures de rétorsion contre les révolutionnaires autrichiens à Vienne[43].
Février-mars : De nouveaux soulèvements dans quelques régions autrichiennes d'Italie du Nord, notamment le putsch révolutionnaire contre l'archiduc Léopold II de Toscane, menèrent à une nouvelle guerre entre l'Autriche et le royaume de Sardaigne[48].
23 mars : Nouvelle défaite des révolutionnaires nord-italiens et du royaume de Sardaigne contre l'armée autrichienne à la Bataille de Novare[48].
14 avril : La Hongrie déclara son indépendance vis-à-vis de l'Autriche et proclama la république. Peu après eut lieu la guerre d'indépendance hongroise contre l'Autriche[25].
Du 3 au 9 mai : La proclamation d'une république de Saxe échoua lors du soulèvement de mai à Dresde qui fut réprimé par les troupes prussiennes[50],[51].
11 mai : Mutinerie de la garnison badoise à Rastatt : Début du soulèvement de mai badois[52].
1er juin : La république fut proclamée dans le grand-duché de Bade. Lorenz Brentano prit la présidence du gouvernement provisoire. Les troupes prussiennes commencèrent à avancer contre la République badoise[50].
23 juillet : Prise de Rastatt par les troupes prussiennes, fin de la révolution badoise et point final symbolique de la révolution allemande de 1848-49[53].
Répercussions jusqu'en octobre 1849
9 août : Traité de paix milanais entre l'Autriche et le royaume de Sardaigne[54].
13 août : Capitulation du gouvernement hongroise près de Világos[55].
22 août : Les troupes autrichiennes écrasèrent la république révolutionnaire de Venise. L'Italie du Nord fut de nouveau entre les mains autrichiennes[55].
2 octobre : Les derniers révolutionnaires hongrois capitulèrent face aux Autrichiens dans la forteresse de Komárom[56].
Références
↑Pour une chronologie, consulter Hesse 2010, p. 68.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
En allemand
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