Christopher Tärnström, fils de l'agriculteur et soldat de cavalerie Andreas Tärnström et de Margarethe Bille, est né le 20 mai 1711 à Funbo, dans la province d'Uppland[1],[2],[5]. Il a sept frères et sœurs[5]. Il reçoit probablement une éducation à domicile avant d'entrer à l'université d'Uppsala le 17 décembre 1724[1]. Il y suit des études de théologie[2], mais également d'histoire naturelle[1]. S'il n'assiste que rarement aux cours de Carl von Linné (1707-1778), il l'accompagne dans des excursions sur le terrain[6]. Le 1er décembre 1739, il défend une thèse intitulée Specimen historicum, De Alandia, Maris Baltici insula et consacrée à l'Histoire des îles Aaland[1]. Trois jours plus tard, il est ordonné pasteur luthérien[1]. Pendant ses études, il subvient à ses besoins en travaillant comme professeur particulier, notamment aux îles Aaland où il vit pendant plusieurs années[5].
Christopher Tärnström commence alors à enseigner à Östhammar à l'automne 1739, puis à Vaxholm de 1741 à 1743. Il n'en a toutefois pas encore fini avec ses études puisqu'il obtient une maîtrise en philosophie le 27 novembre 1745[1].
Expédition en Asie
Sur conseil de Linné, Tärnström postule à la Compagnie suédoise des Indes orientales en tant que prêtre afin de pouvoir partir en Asie et y récolter des spécimens botaniques et zoologiques[1]. Une première postulation est refusée à l'automne 1744, mais il se présente une nouvelle fois l'année d'après et sa candidature est retenue[1].
Le voyage de Tärnström est financé par son salaire, par une bourse que Linné lui a procurée et par un subside de l'Académie royale des sciences de Suède[1]. Tant Linné que l'Académie lui donnent en échange une série d'instructions[7]. Linné lui demande notamment de ramener un poisson rouge pour la reine et un arbre à thé[8], mais également des muscadiers afin d'introduire cette plante en Suède[9]. Les demandes de Linné ne sont pas uniquement motivées par sa volonté d'accroître les connaissances scientifiques, mais visent également à obtenir des informations économiquement intéressantes pour la Suède, tant au sujet d'éventuelles plantes productives que de la fabrication de porcelaine[10]. Il est le premier élève que Linné envoie à l'étranger et les attentes de ce dernier sont particulièrement élevées[10].
Le 13 février 1746, Tärnström embarque à bord du Calmar, un navire à destination de Canton et commandé par le capitaine Mathias Estbergen (1705-1773)[2],[11],[12], devenant ainsi le premier des disciples de Linné à partir pour l'Asie du Sud-Est. Le bateau fait escale à Cadix, puis à Java et dans l'archipel de Poulo Condor, au large de la Cochinchine[1],[13]. Tärnström botanise tant à Java qu'à Poulo Condor, où il se rend à terre chaque jour[10]. Le navire reste bloqué plusieurs mois dans cet archipel à cause de la mousson[2]. Tärnström tombe malade et meurt au bout de deux mois, avant que le Calmar ne puisse poursuivre sa route vers la Chine[2],[3]. Quatre autres membres de l'équipage connaissent le même sort dans cet archipel[14].
Selon les sources, seule une petite partie des spécimens récoltés[10], voire aucun de ces spécimens n'atteindront jamais la Suède[8]. Tärnström a en revanche tenu un journal de son voyage qui est publié sous le titre En resa mellan Europa och sydostasien år 1746[1]. Ce journal comprend non seulement des informations sur le voyage lui-même et sur l'histoire naturelle, mais également sur les coutumes, la religion et les modes de vie des populations indigènes[10].
Famille
En 1739, Christopher Tärnström épouse Sara Christina Schick, avec qui il a une fille, mais son épouse décède en 1741[1],[5]. Une année plus tard, il se remarie avec Brigitta Stenhof[1]. À sa mort, il laisse donc une veuve et deux enfants[15],[16]. Linné, qui se retrouve ainsi placé dans une situation délicate et à qui la veuve de Tärnström adresse des reproches, ne choisira plus que des célibataires lorsqu'il s'agira d'envoyer des étudiants en expédition[6],[15]. Sept autres étudiants de Linné perdront successivement la vie dans des expéditions ultérieures[17].
↑ a et b(en) Sverker Sörlin, « Globalizing Linnaeus – Economic Botany and Travelling Disciples », TijdSchrift voor Skandinavistiek, , p. 123 (ISSN1875-9505)
↑ a et b(en) Christina Skott, « Expanding Flora's empire: Linnaean science and the Swedish East India Company », dans Robert Aldrich et Kirsten McKenzie, The Routledge History of Western Empires, Oxon, Routledge, , 522 p. (ISBN978-0-415-63987-3), p. 246-247
↑Marie-Noëlle Bourguet, « Voyage, mer et science au XVIIIe siècle », Bulletin de la Société d'histoire moderne et contemporaine, , p. 50 (lire en ligne)
↑ abcd et e(en) Christina Granroth, « Flora's Apostles in the East Indies. Natural History, Carl Linnaeus and Swedish Travel to Asia in the 18th Century », Review of Culture, , p. 137-156 (lire en ligne)
Marie-Noëlle Bourguet, « Voyage, mer et science au XVIIIe siècle », Bulletin de la Société d'histoire moderne et contemporaine, , p. 39-56 (lire en ligne)
(en) Christina Granroth, « Flora's Apostles in the East Indies. Natural History, Carl Linnaeus and Swedish Travel to Asia in the 18th Century », Review of Culture, , p. 137-156 (lire en ligne)
(en) Christina Skott, « Expanding Flora's empire: Linnaean science and the Swedish East India Company », dans Robert Aldrich et Kirsten McKenzie, The Routledge History of Western Empires, Oxon, Routledge, , 522 p. (ISBN978-0-415-63987-3), p. 238-254