Chloé Moglia est une danseuse française, chorégraphe, acrobate, artiste de cirque et dessinatrice[1], née en à Perpignan (Pyrénées-Orientales).
Elle est l’une des rares femmes artistes de cirque à diriger une compagnie, la compagnie Rhizome. Elle développe une pratique, tout à la fois poétique, sportive et philosophique, appelée suspension, qui consiste à évoluer lentement sur des agrès, pour évoquer la « conscience d’être mortel, mais [la] saveur d’être en vie aussi. »
Biographie
Chloé Moglia naît en 1978 à Perpignan[2] dans une famille de céramistes[3], grandit dans le village de Laroque-des-Albères[4], pratique la gymnastique et intègre, à 17 ans, l’École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois[5], puis le Centre national des arts du cirque[6] où elle se spécialise dans les disciplines aériennes[2]. Dans cette école qui valorise la force masculine, elle surjoue la masculinité[3].
À sa sortie de l'école en 2000, elle fonde avec Mélissa Von Vépy la compagnie Moglice-Von Verx. Elles créent ensemble les spectacles Un certain endroit du ventre (2001), L’Avion-décalage horaire (2002), Temps troubles (2003), I look up, I look down (2005)[2], et En suspens (2007), dans lequel elles explorent déjà une recherche autour de la suspension[7]. Chloé Moglia collabore ensuite avec les compagnies Fattoumi Lamoureux, Jean Gaudin et Kitsou Dubois[2]. Leur travail est récompensé par le prix SACD des arts du cirque en 2007[3].
Elle rencontre les arts martiaux grâce au chorégraphe Thierry Baë qui lui enseigne une certaine pratique de l'attention, et le professeur Chomet qui lui fait essayer le systema, un art martial russe qui explore la peur, la douleur et le danger. Elle se réconcilie alors avec le trapèze[3].
En 2009, elle crée la compagnie Rhizome en Bretagne[8],[5],[9],[10]. Dans son travail, tant athlétique que cérébral, elle met en scène la suspension lente, en se tractant par les bras à un agrès, sans filet ni protection, avec ce que ce mouvement engendre de prise de risque et de mise en danger[11],[12],[13]. Elle explique[4] :
« Ma pratique, plutôt que se fonder sur des figures spectaculaires, dont je me cogne au demeurant, malgré un rapport indéniable au risque et au danger, englobe la pensée et la rêverie en portant une attention amoureuse au monde qui élève l’acuité. »
Dans une démarche féministe, et pour provoquer l'étonnement plutôt que de creuser les stéréotypes, elle ne forme à la suspension que des femmes[3].
Réponse à Yoann Bourgeois
En 2021, lorsque Yoann Bourgeois est accusé de l'avoir plagiée, elle réagit dans un long texte introspectif où elle interroge les limites entre les « emprunts » de motifs chorégraphiques, l'appropriation et l'abus de pouvoir[14],[7],[15]. Selon son analyse, « ce qui se joue dans cette affaire relève plus de l’éthique que du juridique, donc de jeux de domination, et interroge la transformation du geste d’auteur en marchandise[16]. » Plusieurs observateurs y voient l'émergence d'un « #MeToo du spectacle »[14],[17].
2014 : Horizon (solo)[11],[21],[22]Un court métrage intitulé Horizon, inspiré de ce solo, réalisé par Sébastien Bergé et diffusé sur Arte[23], la montre suspendue à un agrès spécial baptisé la Courbe (une longue perche blanche recourbée), au milieu des vestiges du manoir de Saint-Pol-Roux, sur la falaise de Pen Hat, à Camaret-sur-Mer[24].