Les bactéries vertes sulfureuses vivent généralement dans des eaux très faiblement éclairées, par exemple à 100m de profondeur dans la mer Noire. Leur capacité à absorber l'énergie lumineuse et la rapidité avec laquelle elles peuvent fournir cette énergie aux voies métaboliques qui en ont besoin sont déterminantes pour la capacité de survie de ces bactéries, dont certaines ne reçoivent en une journée que quelques photons par molécule de chlorophylle. Afin d'y parvenir, ces bactéries contiennent des chlorosomes, qui sont des structures rassemblant jusqu'à 250 000 molécules de chlorophylle. Ces chlorosomes on une forme ellipsoïdale dont les dimensions chez les bactéries vertes sulfureuses sont comprises entre 100 et 200nm de long, 50 à 100nm de haut et 15 à 30nm de large[1] ; ceux des bactéries phototrophes anoxygéniques filamenteuses sont plus petits.
Détermination expérimentale de la structure des chlorosomes
La bactériochlorophylle et les caroténoïdes sont deux types de molécules agissant comme antennes collectrices d'énergie lumineuse. Les modèles actuels décrivent leur organisation à l'intérieur des chlorosomes comme lamellaire dans laquelle les queues de farnésol de la bactériochlorophylle s'enchevêtrent entre elles et avec les caroténoïdes en une structure rappelant un multicouche lipidique[2].
Une étude plus récente s'est également penchée sur le problème[3]. L'étude des chlorosomes de bactéries vertes sulfureuses est rendue difficile par le fait que chaque chlorosome possède une structure interne particulière, de sorte que les techniques de cristallographie aux rayons X sont inopérantes pour déterminer leur structure fine, qui reste de ce fait à caractériser. Afin de circonscrire le problème, cette équipe a utilisé un ensemble de techniques complémentaires : création d'une lignée de bactériesmutantes présentant des chlorosomes ayant une structure interne plus régulière, cryo-microscopie électronique pour déterminer les principales caractéristiques de la géométrie interne de ces organites, spectroscopie RMN solide(en) afin de déterminer la structure des molécules de chlorophylle constituant les chlorosomes, et modélisation numérique pour générer une représentation cohérente à partir de tous ces éléments.
La bactérie mutante a été créée en inactivant trois gènes acquis tardivement par les bactéries vertes sulfureuses. Les chlorosomes ont été isolés à partir de la forme mutante comme de la forme sauvage de la bactérie et ont été étudiés par microscopie cryo-électronique, ce qui a permis d'établir que les molécules de chlorophylle s'organisent à l'intérieur des chlorosomes en formant des nanotubes. La combinaison des autres techniques d'investigation a permis d'établir que les molécules de chlorophylle sont orientées quasiment perpendiculairement à l'axe des nanotubes chez les bactéries mutantes, tandis que cet angle est moins net chez les bactéries sauvages. La structure générale des chlorosomes tire profit du désordre introduit par la variabilité de cet angle afin d'améliorer l'efficacité de l'organite, dans lequel une structure interne moins ordonnée est synonyme de performances améliorées.
Notes et références
↑(en) Asunción Martinez-Planells, Juan B. Arellano, Carles M. Borrego, Carmen López-Iglesias, Frederic Gich et Jesús Garcia-Gil, « Determination of the topography and biometry of chlorosomes by atomic force microscopy », Photosynthesis Research, vol. 71, nos 1-2, , p. 83-90 (PMID16228503, DOI10.1023/A:1014955614757, lire en ligne)
↑(en) Swapna Ganapathy, Gert T. Oostergetel, Piotr K. Wawrzyniak, Michael Reus, Aline Gomez Maqueo Chew, Francesco Buda, Egbert J. Boekema, Donald A. Bryant, Alfred R. Holzwarth et Huub J. M. de Groot, « Alternating syn-anti bacteriochlorophylls form concentric helical nanotubes in chlorosomes », Proceedings of the NationalAcademy of Sciences of the United States of America, vol. 106, no 21, , p. 8525-8530 (PMID19435848, PMCID2680731, DOI10.1073/pnas.0903534106, Bibcode2009PNAS..106.8525G, lire en ligne)