D’Éon a joué un rôle important dans la diplomatie officielle et surtout dans la diplomatie parallèle de Louis XV. Il a contribué à faire basculer la Russie dans le camp français au début de la guerre de Sept Ans. Puis, lors de son ambassade en Angleterre, il a élaboré, entre autres, un plan d’invasion du pays par la mer.
D’Éon a vécu habillé en homme pendant quarante-neuf ans et en femme pendant trente-deux ans, ce qui a amené ses contemporains à spéculer sur son sexe, et en a fait l’un des personnages les plus énigmatiques du XVIIIe siècle.
Mondain et érudit, D’Éon a écrit des essais sur des sujets aussi divers que précis (par exemple : Mémoire sur l'utilité de la culture des mûriers et de l'éducation des vers à soie en France).
Biographie
Origines familiales
Si l'on en croit la généalogie, revue et vérifiée en 1775, que le chevalier d'Éon fait publier en 1779 par de la Fortelle[1],[Note 1], la souche de sa famille serait en Bretagne[2] et la même que celle des « le Senéchal » de Bretagne[3],[4]. Deux membres de la lignée, le comte de Kercado et le marquis de Molac, s'élevèrent aussitôt contre ces prétentions, soutenant que le nom « d'Éon » n'était pas patronymique et qu'il n'y avait jamais eu de telle famille en Bretagne[5],[6]. Ils assignèrent le chevalier d'Éon au Châtelet de Paris « pour voir dire qu'il serait tenu de prouver les faits par lui avancés, ou de s'en rétracter et de leur en faire une réparation authentique[7],[8] ».
Deux sentences, publiées dans le no 39 du Mercure de France de l'année 1780, intervenues au Châtelet de Paris sur cette contestation le [9], puis, sur appel du chevalier, le , ont laissé le chevalier d'Éon dans la possession incontestable de tirer son origine des Éon de Bretagne[10].
Le chevalier descendrait du fameux hérésiarque du XIIe siècle, Éon de l'Étoile[4],[11], condamné en 1148 par un concile de Reims, qui quitta la
Bretagne et parcourut les diocèses de Sens, de Reims et de Langres, accompagné de plusieurs de ses parents qui s'étaient faits ses disciples. Après sa condamnation, ses parents ne retournèrent pas en Bretagne, mais se fixèrent dans plusieurs des pays où les avait conduits leur chef. Quelques-uns d'entre eux s'établirent sans doute à Ravières et formèrent la branche, d'où est issu le chevalier[12]. Ils conservèrent audacieusement leur nom et les trois étoiles d'or, pour armes parlantes ; ils y ont ajouté depuis un coq au naturel, tenant en son pied dextre levé un cœur enflammé de gueules au chef d'azur, symbole de la vigilance et de l'enthousiasme d'Éon de l'Étoile, avec cette devise : vigil et audax[13],[6],[14],[15].
La généalogie par filiation suivie de cette famille commence à Robert d'Eon[16],[10], dit de Molesmes, né en 1309, faute de pouvoir remonter plus haut, avec preuves suffisantes, à cause de l'incendie général, qui consuma entièrement la ville de Tonnerre le . François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois en publie une en 1865[17], laquelle reprend intégralement les travaux de la Fortelle[1] publiés en 1779, qu'il actualise et complète. La lignée agnatique des descendants conduit en 1576 à André d'Éon, né à Ravières[18],[19].
Gustave Chaix d'Est-Ange note en 1918 à propos de la famille d'Éon que La Chesnaye des Bois en a donné une généalogie très détaillée, en faisant remonter la filiation au XIVe siècle. « Dans la réalité », écrit-il, « la famille d'Éon paraît avoir simplement appartenu à la haute bourgeoisie de sa région. On ne voit pas, en tout cas, qu'elle ait jamais fait reconnaître sa noblesse par jugement, ni même qu'elle ait fait enregistrer son blason à l'Armorial général de 1696[20] », blason qu'Henri Jougla de Morenas mentionne dans son Grand Armorial de France publié en 1935[21]. Chaix d'Est-Ange reprend ensuite l'arbre descendant agnatique d'André Déon des généalogies précédentes[20].
Plus récemment Jean-Robert Blot[22],[Note 2] a entrepris, grâce aux sources aujourd'hui disponibles, de vérifier les travaux de la Fortelle[1] établis et dressés du vivant du chevalier, où l'on trouve une attestation d'état noble le concernant[24]. Il conclut que cette généalogie est erronée pour la partie la plus ancienne remontant à Éon de l'Étoile, ajoutant que le patronyme Deon est fréquent dans la région de Ravières, Ancy-le-Franc, Chassignelles[22].
Pour Blot, « l’ancêtre attesté de cette famille est André Deon[Note 3], il aurait un frère Nicolas qui aurait fait trois pèlerinages à Rome dont au moins un pied nu et qui se serait retiré dans un ermitage près de Ravières. Cette famille est une famille bourgeoise qui va s’élever dans la société tonnerroise, mais elle n’arrivera pas à se faire passer pour noble, notamment en 1668. Comme il est d’usage à l’époque dans toutes les familles bourgeoises, les différents enfants vont porter des surnoms ajoutés à leur nom (souvent un lieu-dit ayant un rapport avec leur propriété)[22] ».
Jeunesse
Charles-Geneviève d’Éon[Note 4] naît le [25],[22], à l'hôtel d'Uzès de Tonnerre[27] et est baptisé deux jours plus tard, le [25] en l'église Notre-Dame de Tonnerre. Il raconte dans son autobiographie, Les Loisirs du chevalier d'Éon de Beaumont, qu'il est né « coiffé »[28], c'est-à-dire couvert de membranes fœtales, tête et sexe cachés, le médecin qui a accouché sa mère étant incapable de déterminer son sexe. (Il semble que cette dernière affirmation d'Éon n'est en fait qu'un stratagème pour brouiller davantage la vérité de son sexe.) Il est le fils de Louis Déon (ou d'Éon) de Beaumont[29],[30],[22], avocat au Parlement de Paris, conseiller du roi, maire élu de la petite ville bourguignonne de Tonnerre, subdélégué de l'intendance de Paris, inspecteur ou contrôleur ambulant au domaine du roi[31], et aussi directeur des domaines viticoles du roi[réf. nécessaire] ; il s’enrichit dans le commerce du vin[réf. nécessaire]. Sa mère, Françoise de Chavanson[32], est la fille d'un commissaire général des guerres aux armées d'Espagne et d'Italie.
Il commence ses études à Tonnerre, puis, en 1743, il s’installe à Paris, chez son oncle Michel d'Éon de Germigny[33],[34], pour les poursuivre au prestigieux collège Mazarin[35].
Très bon élève, il obtient un diplôme en droit civil et en droit canon, en ; il a alors vingt et un ans. Tradition familiale oblige, il devient le , avec une dispense d'âge[35], avocat au parlement de Paris. Il songe un moment à entrer dans les ordres[35]. Il montre des talents en équitation, et encore plus en escrime, où son habileté est telle qu'il ne tarde pas à être reconnu comme l'une des premières épées de France[35]. En même temps il écrit beaucoup et commence à publier, en , Considérations historiques et politiques. Ses ouvrages sont remarqués[35].
Par ailleurs, le jeune chevalier, brillant en société, n’a pas de mal à se créer un réseau de relations, au nombre desquelles on trouve bientôt le prince de Conti, prince du sang, cousin du roi Louis XV, lequel le nomme censeur royal pour l'Histoire et les Belles-Lettres[36]. En tant que responsable de la censure royale, tout écrit concernant ces deux domaines doit recevoir son imprimatur avant d’être publié. D'Éon a su gagner tout particulièrement la faveur du prince, en retouchant ou faisant parfois ses couplets et ses madrigaux[35].
Carrière
Charles-Geneviève d'Éon est recruté dans le « Secret du Roi ». Ce cabinet noir, créé par Louis XV, est considéré comme la première structure de services secrets vraiment organisée et pérenne en France. Il mène une politique étrangère parallèle à la diplomatie officielle, et parfois très différente de cette dernière. Les autres conseils royaux ignorent son existence, y compris celui des « Affaires étrangères ». Les pays étrangers non plus. Le chevalier d’Éon est donc considéré comme un des premiers espions français[37]. Ces agents ont toute latitude pour arriver à leurs fins, par les moyens de leur choix, même s’ils sont illégaux. Le cabinet est dirigé par le prince de Conti puis par le comte de Broglie.
Selon certaines sources, d'Éon est recruté dans le service secret par le roi lui-même, qui le rencontre dans un bal costumé déguisé en femme. Le monarque est séduit par cette jolie personne. Après avoir compris qu’il s'agit d'un homme, il pense qu'ainsi déguisé, il pourrait approcher la tsarine Élisabeth Ire sans attirer sa méfiance. On est en juin , la guerre de Sept Ans commence. Il a pour mission de convaincre la souveraine de faire alliance avec la France. Sous le nom de Lia de Beaumont, il parvient à l'approcher, il devient sa lectrice, et il parvient à plaider la cause française à la Cour de Russie plus efficacement que les ambassadeurs officiels.
En fait, il est plus probable qu'il ait été recruté par le prince de Conti et dépêché à la Cour de Russie comme secrétaire d'ambassade. À Saint-Pétersbourg, la tsarine donne des bals costumés, où l'on inverse les rôles : les hommes doivent être vêtus en femmes et vice versa. D'Éon prend sans doute plaisir à se travestir, son apparence androgyne (carrure étroite, absence de barbe[38],[39]) lui permet de mystifier tout le monde[40]. D’Éon devient rapidement l’ami de nombre de proches de la tsarine. C’est ainsi qu'il rallie petit à petit des conseillers anglophiles à la cause française, alors que les diplomates français qui arrivent en délégations officielles sont depuis des mois en butte à la méfiance et au rejet.
Il est de nouveau présent à Saint-Pétersbourg comme secrétaire d'ambassade de 1758 à 1760. Un autre traité d'alliance est signé, aussitôt le chevalier le rapporte au roi à Versailles, devançant de deux jours le courrier dépêché par la tsarine. Le roi le récompense en lui donnant un brevet de capitaine de dragons. Charles-Geneviève participe aux dernières campagnes de la guerre de Sept Ans, où il est blessé. Il quitte l'armée en 1762 pour redevenir agent secret[41].
Londres
En 1762, Charles-Geneviève d'Éon est envoyé à Londres, où il collabore, en tant que « secrétaire de l'ambassade de France pour la conclusion de la paix générale » auprès de l'ambassadeur, le duc de Nivernais, à la rédaction du traité de paix de Paris, signé le , qui clôt la guerre de Sept Ans. La France a été vaincue par l'Angleterre, celle-ci veut notamment s'emparer de l’essentiel de l'empire colonial français, il s’agit de conclure le traité le moins défavorable possible. Le chevalier va y contribuer. Lors d’un de ces repas très arrosés qu’il affectionne, il parvient à subtiliser pendant un moment, à un négociateur anglais un document contenant la liste des concessions maximales que son pays est disposé à faire[41]. Document infiniment précieux, que Choiseul exploitera pour obtenir l’accord le moins douloureux qui soit pour la France. Le roi le récompense à nouveau, il est décoré de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, l'une des plus grandes distinctions du temps[39].
D'Éon est maintenant chargé par le Secret du Roi d’une mission délicate et on ne peut plus secrète : il s'agit, pour reprendre l'avantage sur l'ennemi anglais, d'élaborer un plan d'invasion de la Grande-Bretagne. Un débarquement surprise. Il reconnait les côtes avec le marquis Carlet de la Rozière. Il tient informées les plus hautes instances de l’avancement du projet dans des courriers secrets et codés. Le fait que ce soit à lui que le roi ait confié cette mission montre l'estime et la confiance qu'il a pour le chevalier[42].
Lorsque le duc de Nivernais, malade, retourne à Paris[41], il prend sa place par intérim. Aussitôt l’ambiance change à l’ambassade. Le nouveau maitre des lieux y organise des réceptions fastueuses, tous les personnages qui comptent dans le royaume d’Angleterre y sont conviés, et ils s’y pressent. On s’y amuse tant, le chevalier est si charmant… Si charmeur, c’est « la diplomatie façon d’Éon » (qui préfigure celle de Talleyrand) : n’avoir que des amis dans le camp ennemi. Le roi George III l’adore. Rappelons que, dans le même temps, d'Éon prépare une invasion de son pays. Mais à Paris on juge son train de vie par trop extravagant : 22 domestiques, une réception par jour[39], il dilapide en quelques mois le budget annuel de l’ambassade[41]. Quand il demande qu’on augmente ledit budget, le ministre des Affaires étrangères, Étienne-François de Choiseul, refuse. Pour la première fois, le chevalier est désavoué par le pouvoir royal.
Un nouvel ambassadeur, le comte de Guerchy, entre en fonctions, Charles-Geneviève d'Éon en devient le secrétaire en tant que ministre plénipotentiaire. Les deux hommes se détestent, ils se sont connus et opposés pendant la guerre de Sept Ans[41]. Le chevalier méprise son supérieur. Deux clans se forment à l'ambassade de France et une guerre de libelles s’amorce.
Au cœur du conflit entre les deux hommes, il y a les plans d’invasion du pays. Louis XV a renoncé à ce projet. L’ambassadeur exige que le chevalier lui livre ces plans pour les détruire. D’Éon refuse, sans qu’il y ait une négociation, et qu’un accord soit trouvé sur une rémunération spécifique pour un si bon travail sur un si judicieux projet. Pour le comte de Guerchy, il est hors de question d’envisager la moindre négociation. Le pouvoir royal finit par trancher. Le , Louis XV déchoit le chevalier de ses fonctions à l’ambassade et demande son extradition aux autorités anglaises[43].
Celles-ci, qui n'y sont pas contraintes par leur législation, refusent : ce conflit entre les deux diplomates français qui s’étale au grand jour les ravit. Par provocation, d'Éon continue à se rendre à l'ambassade de France. En 1764, pour faire céder Guerchy et le roi, il n’hésite pas à exercer un audacieux chantage : il divulgue une partie de sa correspondance avec le pouvoir royal. Il ne va pas jusqu’à publier les courriers qui concernent précisément le débarquement, mais la menace de le faire est sous-jacente.
Le chevalier estimait que le nouvel ambassadeur était incompétent. Il a, semble-t-il, raison. Au lieu d’accepter de payer une modique « rançon » pour récupérer ce si précieux document, il s’enferme dans un refus qui met tout bonnement en péril le fragile équilibre politique et militaire entre les deux plus puissants pays d’Europe. Pour lui, le chevalier est l’homme à abattre par tous les moyens. Mais, hors les murs de l’ambassade, il n’a aucun droit et le chevalier s’abrite habilement derrière la police et la justice anglaises. Lors d’un procès, un témoin révèle que l'ambassadeur a tenté d'empoisonner son ex-secrétaire lors d'un repas[Note 5]. D’Éon accuse également son ex-supérieur d’avoir essayé de le faire enlever. En septembre 1767, lors d’un autre procès, la justice anglaise donne raison au chevalier, qui reprend ses fonctions et perçoit à nouveau sa pension. Devant comparaître une nouvelle fois en justice, alors qu’il n'a ni avocat ni témoins, il préfère disparaître. Il se déguise en femme et se réfugie chez un ami[39].
Sexe
Peu à peu le conflit s'enlise, puis il s'éteint, l’ambassadeur étant accaparé par d’autres problèmes et le chevalier renonçant à ses velléités de chantage. Maintenant qu'il est en disgrâce, sans pouvoir ni fonction, on l’ignore. Alors, pensent de nombreux historiens[41], pour que les regards se tournent à nouveau vers lui, il a l'idée de faire scandale en s'habillant en femme et prétendre qu’il a toujours été une femme[41]. Il se trouve à nouveau au centre de toutes les attentions et de toutes les conversations. À l’ambassade de France on tente immédiatement de tirer parti de la « folie » du chevalier, qui alimente les libelles de Treyssac de Vergy et d’Ange Goudar.
Aussitôt les rumeurs diverses sur son appartenance sexuelle courent dans Londres. Dans les gazettes britanniques, on voir fleurir des caricatures du chevalier qu'on baptise « Épicène d'Éon ». Dans la capitale, on lance des paris sur son sexe. Un procès entre deux parieurs se conclut – après audition de divers témoins, mais pas du chevalier – par le verdict suivant : c'est une femme[44].
En 1774, Louis XV exige que le chevalier d'Éon mette un terme aux rumeurs, qui discréditent l’ambassade de France, en indiquant son sexe véritable une fois pour toutes. Le chevalier répond par une déclaration dans laquelle il affirme solennellement être une femme[45]. Cette attestation est validée par plusieurs médecins. Le chevalier refusant de se dévêtir, ces médecins ont dû se contenter d’effectuer des palpations pour arrêter leur opinion[46]. Cette révélation est embarrassante pour le Royaume. Diverses lectures ont été proposées, pour interpréter ce comportement : psychologique, voire psychiatrique (« délire narcissique »), ou encore politique : désir de se venger, de ridiculiser le pays qui l’a écarté, puis a attenté à ses jours.
Le chevalier d’Éon n'était ni homosexuel ni bisexuel, on ne lui connait aucune aventure[41], bien qu'on lui en prête parfois de manière fantaisiste. On pense généralement qu’il est uniquement travesti.
À cette époque, d'Éon est en relation avec le libelliste français Charles Théveneau de Morande, qui lui communique les Mémoires de Madame du Barry, texte satirique, dont il est l'auteur. En 1775, le dramaturge, mais également membre du Secret du Roi, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, est envoyé à Londres par le nouveau roi de France, Louis XVI, pour récupérer tous ces documents, lettres, plans, libelles, en possession du chevalier.
Après maintes péripéties, au terme de quatorze mois de négociations, une transaction de plus de vingt pages, stipulant la remise de l’intégralité des documents sensibles, est conclue. Par ailleurs, le chevalier – que la France considère désormais comme une femme – ne devra plus jamais quitter ses vêtements féminins. Il se fera désormais appeler Mlle Éon, en échange de quoi une rente viagère lui est accordée[39].
Quand la perspective d’un retour en France commence à se préciser, d’Éon renfile ses habits masculins, contre la volonté du nouveau pouvoir royal. Le chevalier d'Éon est donc pris à son propre piège. Furieux, il quitte Londres le et se présente à la Cour dans sa tenue de capitaine de dragons. Une ordonnance prise le par le roi lui donne ordre « de quitter l'uniforme de dragons qu'elle continue à porter et de reprendre les habits de son sexe avec défense de paraître dans le royaume sous d'autres habillements que ceux convenables aux femmes[47] ». Habillé par Rose Bertin aux frais de Marie-Antoinette, il est présenté à la Cour en robe à panier et corset le .
En 1779, d’Éon veut participer à la guerre d'indépendance des États-Unis contre l’Angleterre au côté de Lafayette. Il se rhabille en dragon, mais le pouvoir royal sévit : arrêté le , il est exilé à Tonnerre, où il se résout à s'occuper de son domaine familial[39].
Fin de vie
En 1783, le roi le laisse revenir à Paris ; en novembre 1785, il regagne la Grande-Bretagne ; arrivé à Londres, il découvre que le propriétaire de son appartement lui réclame ses loyers impayés[48]. Ne bénéficiant plus de sa rente, il n’a pas les moyens de le payer, sauf à se séparer de sa bibliothèque de 8 000 livres.
Ce fut un exploit sportif entre deux escrimeurs habitués à tirer ensemble dans la même salle. Malgré la gêne de ses vêtements de femme, d'Éon atteignit sept fois Saint-George[52] et sa victoire consacra sa réputation d'escrimeur[53],[Note 7]. Le tableau d'Alexandre-Auguste RobineauThe fencing-match between the Chevalier de Saint-George and the Chevalier d'Éon fut réalisé à la demande du prince de Galles[55] pour immortaliser l'événement.
« A présent, que je vois la nation, la loi et le roi en grands dangers, je sens mon amour pour la patrie se réveiller et mon humeur guerrière se révolter contre ma cornette et mes jupes : mon cœur redemande à grands cris mon casque, mon sabre, mon cheval et surtout mon rang dans l'armée pour aller combattre les ennemis de la France. Pour me mettre dans le cas de faire de la bonne besogne à l'armée, qu'on m'accorde la permission de lever une légion appelée la légion des volontaires de d'Éon-Tonnerre. Je tâcherais de la composer au moins de moitié de soldats vétérans, et l'autre moitié d'une jeunesse robuste et de bonne volonté qui sera bientôt aguerrie dans une guerre active[56]. »
La pétition, présentée par Lazare Carnot à l'Assemblée dans la séance du , est renvoyée au comité militaire[57] qui n'y donne aucune suite. D'Éon reste donc à Londres, où sa situation devient de plus en plus précaire. La déclaration de guerre du par la Convention à la Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies et de lourdes dettes (en France également) le contraignent à demeurer sur le sol britannique[39] où il vit pauvrement.
Les biens qu'il a en France lui sont confisqués, les meubles de sa maison de Tonnerre sont vendus, les papiers qu'il y a déposés, dans une armoire de fer cachée, sont saisis. Il n'a plus pour vivre qu'une pension de 200 livres sterling que lui a octroyée Georges III[56].
Pour subvenir à ses besoins, il est contraint de participer à des combats d’escrime publics[58]. Malgré ses soixante ans passés et ses habits féminins, ses talents d’escrimeur lui permettent de remporter la plupart des combats[Note 8]. En , il doit se résoudre à se défaire de sa bibliothèque[48]. Il continue, malgré son embonpoint, à se battre en duel jusqu'à l'âge de 68 ans. Le à Southampton, lors d'un grand assaut en public, il est grièvement blessé, le bouton du fleuret s'étant cassé sans qu'on s'en aperçoive à un pouce de l'extrémité ; la blessure dans le creux du bras droit s'étend sur près de 10 centimètres[59].
Il est finalement recueilli le par Mary Cole, une Française de son âge, veuve de William Cole, ingénieur de la marine royale anglaise[60].
Le , d'Éon et Mary Cole sont emprisonnés pour dettes[61]. Libéré au bout de cinq mois[62], il signe un contrat pour publier son autobiographie mais il est frappé de paralysie, à la suite d'une chute due à une attaque vasculaire. Il vivra encore quatre ans dans la misère, les deux dernières années comme grabataire[63] avant de mourir à l'âge de 81 ans, le à Londres (New-Wilman Street, no 26)[52],[Note 9].
En effectuant sa toilette mortuaire, on découvre avec stupéfaction que cette supposée vieille dame est en fait un homme[Note 10]. Le chirurgien M. Copeland, accompagné de dix-sept témoins, membres de la Faculté médicale de la Grande-Bretagne déclare dans un rapport médico-légal[65], le : « Par la présente, je certifie que j'ai examiné et disséqué le corps du chevalier d'Éon en présence de M. Adair, de M. Wilson, du père Élysée et que j'ai trouvé sur ce corps les organes mâles de la génération parfaitement formés sous tous les rapports »[66],[67].
Le chirurgien Copeland apporte même le lendemain cette précision : « En conséquence de la note des personnes nommées ci-dessus, j'ai examiné le corps, qui était du sexe masculin. Le dessin original[68] a été fait par M. C. Turner, en ma présence[69] ». Charles Turner grave simultanément une estampe du masque mortuaire[70].
Ce testament est précédé d'un préambule portant en tête « Soli Deo Gloria et honor ». Il débute ainsi : « Mors mihi lucrum[Note 13] » et se termine par ce quatrain lapidaire où, philosophiquement, et non sans quelque ironie, le chevalier dresse le bilan de ce qu'a été sa vie[75],[76] :
« Nu du ciel je suis descendu, Et nu je suis sous cette pierre : Donc pour avoir vécu sur cette terre, Je n'ai ni gagné, ni perdu. »
L'obélisque est érigé à la mémoire des personnes qui étaient enterrées près de l'église St Pancras Old Church et les noms de plus de soixante-dix d'entre elles y sont gravés, dont celui du chevalier d'Éon, sur la face sud.
Postérité
Éonisme
L'éonisme désigne l'inversion esthético-sexuelle correspondant au besoin qu'éprouvent certains hommes d'adopter des comportements vestimentaires ou sociaux socialement considérés comme féminins. Deux approches de l'éonisme prévalent : le psychologue Havelock Ellis considère que l'éonisme serait la première étape de l'inversion sexuelle, celle-ci s'exprimant symboliquement sur un plan vestimentaire. Le psychiatre Angelo Hesnard pense que l'éonisme est un moyen d'appropriation de l'image de la femme par le travestisme et peut conduire à une forme de perversion sexuelle. Dans certaines pratiques sexuelles, notamment le fétichisme, l'éonisme est un stimulant puissant. À ce titre, le chevalier d'Éon est considéré par la communauté LGBT comme le « saint patron des travestis »[78].
En 2012, un portrait du chevalier d'Éon réalisé en 1792 par le peintre Thomas Stewart, perdu depuis 1926, est retrouvé dans une salle des ventes new-yorkaise par le vendeur et historien d'art Philip Mould(en)[78].
Galerie
Portrait non signé du jeune chevalier d'Éon en armure d'apparat.
Portrait de Charles de Beaumont par Augustin de Saint-Aubin.
Portrait supposé du chevalier d'Éon en armure portant la croix de l'ordre de Saint-Louis dans le goût de Jean-Marc Nattier.
Portrait du chevalier d'Éon vers 1775 dans le goût d'Angelica Kauffmann
Charles de Beaumont en habit féminin dessiné et gravé par J. B. Bradel (1779).
Portrait du chevalier d'Éon conservé dans sa maison à Tonnerre.
The fencing-match between the Chevalier de Saint-George and the Chevalier d'Éon par Robineau.
Portrait attribué à François Guérin du chevalier d'Éon habillé en femme.
Portrait de Charles-Thimotée d'Éon de Beaumont par Jean-Laurent Mosnier, 1791.
Le chevalier d'Éon peint par Thomas Stewart d'après Mosnier en 1792.
Le Chevalier D'Éon, a man who passed as a woman. Gravé par R. Cooper, 1821.
Portrait du chevalier d'Éon d'après une gravure.
Hommages
Musée du Chevalier d'Éon
L'hôtel particulier construit à Tonnerre par son père au début du XVIIIe siècle, où d'Éon passe son enfance et plus tard, entre 1779 et 1786, reçoit, avec sa cave réputée, ses hôtes illustres. Racheté en 2014 par Philippe Luyt, l'Hôtel d'Éon abrite depuis 2015 le musée du chevalier d'Éon[83]. La collection de plus de 200 pièces va des épées du chevalier à ses jupons[84].
Statue
En 2018, à l'occasion du 290e anniversaire de sa naissance, une souscription a été lancée par l'association du chevalier d'Éon pour offrir une statue du célèbre chevalier à la ville de Tonnerre en présence de Philippe Luyt, président de l'association du chevalier d'Éon, et de Dominique Aguilar, maire de Tonnerre[85].
Lycée de Tonnerre
Le lycée général et professionnel de la ville porte son nom[86].
Musique
Dans son morceau de musique Sans contrefaçon, Mylène Farmer fait référence au chevalier d'Éon (extrait ci-dessous).
"Un mouchoir au creux du pantalon je suis Chevalier d'Éon"
Œuvres
Une liste des œuvres du chevalier d'Éon figure en fin des articles :
« Le chevalier d'Éon de Beaumont », publié en 1892 par Ch. Moiset dans le no 46 du Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne[88].
Les œuvres suivantes sont disponibles dans les bibliothèques numériques :
Essai historique sur les différentes situations financières de la France sous le Regne de Louis XIV & la Regence du Duc d'Orléans, Amsterdam, [s.n.], 1753.
Les Loisirs du chevalier d'Éon de Beaumont, ancien ministre plénipotentiaire de France, ses divers sujets importants d'administration, etc. pendant son séjour en Angleterre, Amsterdam, 1774, 13 tomes. – Édition de 1775.
Remarques véritables et très remarquables sur les audiences de Thalie ou sur Molière à la nouvelle salle, avec une défense des femmes & des réflexions sur les spectacles, par une femme qui se fait gloire d'être le chevalier de son sexe, si son esprit n'a pas l'avantage d'en faire l'ornement, Bruxelles, Boubers, 1782.
Le manga Le Chevalier D'Eon traite des personnages de Lia de Beaumont et d'Éon de Beaumont comme étant frère et sœur et retrace leurs aventures à la cour comme dans l'Europe entière; manga de Kazuhiro Furuhashi, paru en 2006. Une adaptation en anime a été réalisée. L'anime est diffusé par Kazé en streaming légal et gratuit[92].
Le Chevalier d'Éon, dont le premier tome est paru en janvier 2014 chez l'éditeur Ankama et dont un second tome est sorti en mai 2015, est une bande dessinée scénarisée et mise en images par Agnès Maupré. Il s'agit d'une biographie romancée, mais soutenue par une documentation importante. (ISBN978-2-35910-428-8) (ISBN978-2359105353)
Il apparaît dans le volume 8 du manga Innocent sur la vie de Charles-Henri Sanson. Il y est représenté sous les traits d'une femme très féminine, mais dotée d'une fine et longue moustache.
Le chevalier d'Éon est un espion jouable avec la France dans le jeu vidéo Empire: Total War
Le chevalier d'Éon apparaît dans le jeu vidéo Assassin's Creed: Unity, où il y affronte en duel le protagoniste du jeu Arno Dorian.
Le chevalier d'Éon apparaît en tant que Servant de classe Saber dans le jeu Fate/Grand Order, et indiquera notamment à son/sa Master que son sexe dépend des préférences de celui/celle-ci.
Le chevalier d'Eon apparaît dans le jeu Dress Up! Time Princess. Il est l'espion que le roi envoie à Marie-Antoinette pour l'aider à découvrir qui se fait passer pour elle lors de l'affaire du collier.
Annexes
Bibliographie
Documents
Les archives personnelles de Charles de Beaumont, chevalier d'Éon sont conservées aux Archives nationales sous la cote 277ap/1[93].
François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois et Jacques Badier, Dictionnaire de la noblesse : contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France, t. 7, Paris, Schlesinger frères, , 3e éd., 980 p. (lire en ligne), p. 218-243.
Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, t. 16, Evreux, Imprimerie Charles Hérissey, , 480 p. (lire en ligne), p. 63-64.
Jean-Robert Blot, L'abbaye de Molosmes et le village de Saint-Martin-sur-ArmançonFamille Déon.
Frédéric Gaillardet, Mémoires du Chevalier d'Eon, capitaine de dragons, chevalier de Saint Louis, ministre plénipotentiaire de France à la cour d'Angleterre, t. I, Paris, Ladvocat, (réimpr. Editions de Saint-Clair) (1re éd. 1836), 321 p..
Frédéric Gaillardet, Mémoires du Chevalier d'Eon, capitaine de dragons, chevalier de Saint Louis, ministre plénipotentiaire de France à la cour d'Angleterre, t. II, Paris, Ladvocat, (réimpr. Editions de Saint-Clair) (1re éd. 1836), 323 p..
Frédéric Gaillardet, Mémoires du chevalier d'Éon publiés pour la première fois sur les papiers fournis par sa famille : et d'après les matériaux authentiques déposés aux Archives des Affaires étrangères, t. I, Paris, Ladvocat, , 2e éd., 388 p. (présentation en ligne).
Frédéric Gaillardet, Mémoires du chevalier d'Éon publiés pour la première fois sur les papiers fournis par sa famille : et d'après les matériaux authentiques déposés aux Archives des Affaires étrangères, t. II, Paris, Ladvocat, , 1re éd., 400 p. (présentation en ligne).
Frédéric Gaillardet, Mémoires du chevalier d'Éon publiés pour la première fois sur les papiers fournis par sa famille : et d'après les matériaux authentiques déposés aux Archives des Affaires étrangères, t. II, Paris, Ladvocat, , 2e éd., 400 p. (présentation en ligne).
Frédéric Gaillardet, Mémoires du chevalier d'Éon publiés pour la première fois sur les papiers fournis par sa famille : et d'après les matériaux authentiques déposés aux Archives des Affaires étrangères, t. I, Bruxelles, Société belge de librairie, , 300 p. (présentation en ligne).
Frédéric Gaillardet, Mémoires du chevalier d'Éon publiés pour la première fois sur les papiers fournis par sa famille : et d'après les matériaux authentiques déposés aux Archives des Affaires étrangères, t. II, Bruxelles, Société belge de librairie, , 305 p. (présentation en ligne).
Frédéric Gaillardet, Mémoires du chevalier d'Éon publiés pour la première fois sur les papiers fournis par sa famille : et d'après les matériaux authentiques déposés aux Archives des Affaires étrangères, t. III, Bruxelles, Société belge de librairie, , 271 p. (présentation en ligne).
Frédéric Gaillardet, Mémoires sur la chevalière d'Eon : La Vérité sur les mystères de sa vie, d'après des documents authentiques : suivis de Douze lettres inédites de Beaumarchais, Paris, E. Dentu, , 444 p. (lire en ligne).
Dans la préface, l'auteur relève plusieurs inexactitudes concernant la biographie d'Éon, dont il dit être lui-même à l'origine. Il accuse surtout Louis Jourdan[94] d'un plagiat, qu'il dénonce également dans la presse[95], pour son ouvrage L'Hermaphodite[96] publié en 1861 chez le même éditeur. L'ouvrage contient notamment la retranscription de l'acte de baptême du chevalier, ainsi que celle de plusieurs « pièces justificatives ».
de La Fortelle et Peyraud de Beaussol, La vie militaire, politique et privée de demoiselle Charles-Geneviève-Louise-Auguste-Andrée-Thimothée Éon ou d'Éon de Beaumont, Paris, Lambert, , 176 p. (lire en ligne).
Peyraud de Beaussol, auteur dramatique, poète, né à Lyon vers 1735, mort à Paris en 1799, publie des ouvrages sous le pseudonyme de « de La Fortelle ».
Edme-Louis Anne Le Maistre, Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne : Le chevalier d'Éon, vol. 8, Auxerre, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, , 773 p. (lire en ligne), p. 171-195.
Cette communication fait l'objet d'un livre publié par l'auteur : Recherches historiques sur le sexe du Chevalier d'Éon, Auxerre, Perruquet et Bouillé, , 24 p. (lire en ligne).
Gabriel Letainturier-Fradin, La chevalière d'Éon, Paris, E. Flammarion, , 386 p. (lire en ligne).
Charles Moiset, Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne : Le chevalier d'Éon de Beaumont, vol. 46, Auxerre, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, , 773 p. (lire en ligne), p. 5-102.
Alphonse Rabbe, Claude-Augustin Vieilh de Boisjolin et Sainte-Preuve, Biographie universelle et portative des contemporains, ou dictionnaire historique des hommes vivants et des hommes morts depuis 1788 jusqu'à nos jours, t. II, Paris, F. G. Levrault, , 2259 p. (présentation en ligne), p. 1585-1587
Dr Cabanès, Lisez-moi Historia : Quel était le sexe du chevalier d'Éon ?, vol. no 60, Paris, J. Tallandier, , 720 p. (ISSN1142-9224, lire en ligne), p. 251-264.
(en) Rachel Hammersley, The English Republican tradition and eighteenth-century France : Between the ancients and the moderns, Manchester, Manchester University Press, coll. « Press Studies in Early Modern European History », , XI-239 p. (ISBN978-0-7190-7932-0, 0719079322 et 9781781702345, OCLC5105173801, présentation en ligne), « The British origins of the chevalier d’Eon's patriotism », p. 110-122.
Octave Homberg, La Carrière militaire du chevalier d'Éon : d'après des documents inédits, Paris, Berger-Levrault, , 38 p. (lire en ligne).
Octave Homberg et Fernand Jousselin, Un aventurier au XVIIIe siècle : Le chevalier d'Éon (1728-1810), d'après des documents inédits, Paris, Plon-Nourrit et Cie,, , 312 p. (OCLC457715982).
de La Fortelle et Peyraud de Beaussol, La Vie militaire, politique et privée de Demoiselle Charles-Geneviève-Auguste-Andrée-Timothée Éon ou d'Éon de Beaumont, Paris, Lambert, , 176 p. (lire en ligne).
de La Fortelle et Peyraud de Beaussol, La Vie militaire, politique et privée de Demoiselle Charles-Geneviève-Auguste-Andrée-Timothée Éon ou d'Éon de Beaumont, Paris, Lambert, (réimpr. Nabu Press) (1re éd. 1779), 252 p. (ISBN978-1-274-54795-8).
Edme-Louis Anne Le Maistre, Recherches historiques sur le sexe du chevalier d'Éon, Perriquet et Rouillé, , 24 p. (lire en ligne).
Le sous-titre fait référence à la préface de l'autobiographie d'Éon.
Louis de Loménie, Beaumarchais et son temps : études sur la société en France au XVIIIe siècle d'après des documents inédits, vol. tome 1, Paris, Michel-Lévy, , 522 p. (lire en ligne), p. 405-440.
Edith Moreels, Le Chevalier d'Éon : l'histoire du plus étrange espion de tous les temps, Marabout, coll. « Histoire et mystères », , 335 p. (ISBN978-2-501-02398-6, présentation en ligne).
↑Peyraud de Beaussol, auteur dramatique, poète, né à Lyon vers 1735, mort à Paris en 1799, publie des ouvrages sous le pseudonyme de « de La Fortelle ».
↑Jean-Robert Blot n'a pas trouvé de document attestant que cet André d'Éon est né à Ravières en 1576, qu'il est avocat au parlement et enfin s'est marié en 1602 avec Sébastienne Petit[22] ainsi que l'écrivent de la Fortelle[18] puis La Chesnaye des Bois[19], mais en revanche, il en a trouvé un où André d'Éon est en 1910[Quoi ?] marchand tavernier[22].
↑Le premier prénom, Charles, est celui de son parrain Charles Regnard, avocat au Parlement, bailli de Cruzy, et le second, Geneviève, seul prénom féminin de ses 6 prénoms, par déférence, celui de sa marraine Geneviève d’Éon (Déon), épouse de Mr Mouton, marchand de vins de Paris[25],[26]. À cette époque, lorsqu'une naissance s'annonce, les futurs parents – dans l'incapacité de connaître le sexe de l'enfant – choisissent les parrain et marraine selon des règles familiales très strictes (Cf. Sociologie des prénoms) : le filleul reçoit le jour de son baptême le prénom de son parrain, la filleule celui de sa marraine, et ce jour-là, ces derniers se substituent aux parents en présentant l'enfant à Dieu et à la communauté des chrétiens. À chaque fois que l'équivalent masculin existe, le prénom de la marraine est, pour un garçon, masculinisé sur l'acte de baptême, et mutatis mutandis, pour une fille, celui du parrain féminisé. Le prénom Geneviève n'a pas d'équivalent masculin et il serait hasardeux d'en tirer des conjectures sur l'ambiguïté du sexe du nouveau-né décelée dès le baptême.
↑En fait l'ambassadeur Guerchy a voulu le faire enlever. À la suite de cet imbroglio diplomatique, Guerchy est rappelé en France.
↑« Cette rumeur peut être facilement démentie, car, au moment où la reine devient enceinte, d'Éon guerroie au fond de l'Allemagne, on suit sa marche jour par jour. Georges III vivait avec Sophie-Charlotte dans la plus étroite intimité. Jamais, ont dit plusieurs écrivains, il n'y eut de meilleur ménage en Angleterre[51]. »
↑« L'assaut justement célèbre qui eut lieu entre d'Éon et de St-George, a été confondu par plusieurs historiens avec celui que nous venons de rapporter. … Le Morning-Post signale simplement Mme d'Éon parmi les personnes présentes. … Ce qui est à peu près certain, c'est que les deux assauts furent presque contemporains, et qu'ils eurent lieu à quelques jours de distance[54] ».
↑Le fleuret était, jusqu’à la fin du XIXe siècle, la seule arme d’escrime autorisée aux femmes. Sa pointe est protégée par un bouton autrefois appelé « fleur de laine » qui permet les assauts courtois sans risque de blessure.
↑La date du décès le est mentionnée, avec une erreur de deux ans sur l'âge du défunt, dans l'ouvrage de Frédéric Gaillardet[52] : « Il resta fidèle à son rôle jusqu'au , jour où il mourut à Londres, New-Wilman Street, no 26, à l'âge de quatre-vingt-trois ans. ».
↑« D'un autre côté, assurait à M. de Loménie[64] un homme distingué qui avait connu d'Éon dans les derniers temps, la pseudo Chevalière avait fini par prendre goût au costume de femme, auquel elle mêlait toujours quelque chose du vêtement masculin. Le même personnage ajoutait, au reste, « que si l'on croyait encore en France, en 1809, au sexe féminin de d'Éon, en Angleterre, tous ceux qui fréquentaient le Chevalier ne doutaient pas qu'il fût un homme ». – Tous, hormis une vieille amie, Mistress Mary Cole (originaire de Lorraine) qui, longtemps avant la mort de d'Éon, le recueillit chez elle et adoucit ses dernières années[62] ».
↑L'acte de naissance du chevalier d'Éon[25] porte une mention marginale « mort en Angleterre le » qui renvoie à un acte du du registre des décès de Tonnerre[66] lequel, d'une part précise que la date du est celle de l'inhumation, et d'autre part reproduit notamment le rapport médico-légal du chirurgien M. Copeland daté du .
↑Épître aux Philippiens (1-21) : « Mihi enim vivere Christus est, et moris lucrum » (« Car pour moi, c'est vivre que d'être à Jésus-Christ, et c'est un gain pour moi que de mourir[74] »)
↑Dessin anatomique du pénis et des cuisses émaciées de Charles Geneviève Louis Auguste Andrée Timothée d'Éon de Beaumont, British Museum [lire en ligne].