Fils d'un avoué, Raymond Paul Charles Nancel-Pénard nait le à Boutiers-Saint-Trojan (Charente)[1]. Très sportif, il est titré champion de France d'aviron, en simple messieurs[1].
Il devient docteur en médecine le après des études à la faculté de Bordeaux. Au sanatorium Xavier-Arnozan de Pessac où il est affecté[1], il se spécialise dans la prophylaxie de la tuberculose[2]. Parallèlement, il milite au Parti communiste.
La Guerre d'Espagne
Fidèle à son engagement communiste, Charles quitte Bordeaux pour l'Espagne en février 1938 afin de prendre part au combat des Républicains[1]. A Albacete, il rejoint les Brigades internationales et organise un hôpital de campagne à l'arrière du front[2]. Il rentre en France en octobre 1938[1], à la dissolution des Brigades.
La Seconde Guerre mondiale
De retour à Bordeaux, il ne peut réintégrer le sanatorium et ouvre un cabinet à son domicile. En janvier 1939, il épouse une ouvrière de Caudéran, Marie-Jeanne Marsan[1].
Quand la guerre éclate, Charles est mobilisé au 3e bataillon du 218e Régiment d’infanterie stationné à Bayonne, comme médecin auxiliaire. Mais en raison de ses opinions politiques connues, il est rapidement envoyé dans le sud marocain[1].
De retour à Bordeaux après l'armistice, il rejoint dans la clandestinité les dirigeants locaux du Parti communiste. Son domicile du 34, avenue Mozart à Pessac[3] est perquisitionné une première fois le 9 mai 1940, puis à nouveau le 22 novembre : la police y trouve un stencil destiné à l'édition d'un journal[1], et Charles est emprisonné au 24, quai de Bacalan[2]. Les démarches entreprises par ses anciens supérieurs dans l'armée[1],[N 1] et la pétition signée par ses confrères médecins et ses professeurs[2],[N 2] et portée au préfet par sa femme semblent parvenir à le faire libérer le , mais il est à nouveau appréhendé le 8 juin[3]. Il est alors enfermé au camp de Mérignac-Beaudésert, avec nombre d'autres communistes clandestins.
Un certain inspecteur Laffargue de la police française cherche à lui faire signer une déclaration de soumission à Pétain, ce qu'il refuse. Le rapport que rédige Laffargue le précise : « En jetant le papier qu’on lui présente, il déclare avec dédain « Je ne signe pas ça » (...). À juste titre, Nancel-Pénard peut être classé parmi les internés les plus dangereux car, à sa culture générale, il allie une fraternité de caractère qui fait de lui un homme d’action. »[3].
L'exécution
Le 21 octobre 1941, la Résistance abat à Bordeaux un officier allemand[N 3] : en représailles, l'occupant nazi exige la remise de cinquante otages[4] ; le docteur fait partie des hommes que désigne le préfet Pierre-Alype[N 4]. Le 23, il est conduit à la prison du Fort du Hâ au centre de Bordeaux avec un autre dirigeant communiste ancien brigadiste, Roger Allo ; là, le préfet en personne leur propose à nouveau de renier leurs convictions en échange de la vie sauve, ce qu'ils refusent. Ils sont renvoyés à Beaudésert[3].
Il est fusillé le 24 au camp de Souge, avec 49 camarades[1],[2],[3]. Selon l'aumônier, il refuse qu'on lui bande les yeux et chante La Marseillaise avec ses compagnons[1].
A la demande de sa veuve, la mention « Mort pour la France » lui est accordée au titre de victime civile en février 1945[1]. Une rue de Bordeaux et une avenue de Pessac portent le nom du docteur Nancel-Pénard.
Notes et références
Notes
↑Les capitaines Lacour, Estivals et Destouet sont unanimes : « Aucune propagande. A mérité l’estime et l’amitié des officiers, le respect et l’affection de tous les hommes. »
↑Sollicité par le préfet, le professeur Pierre Mauriac, président du conseil de l’ordre — et frère de l'écrivain François Mauriac) —, lui renvoie la pétition après y avoir inscrit : « individu dangereux ».
↑Le conseiller militaire Hans Reimers, abattu par Pierre Rebière.
↑La liste comprend 37 communistes, 7 résistants gaullistes, 5 hommes interpellés alors qu'ils tentaient de gagner l'Espagne ou l'Angleterre et un jeune syndicaliste arrêté pour fait de résistance, tous incarcérés au camp de Beaudésert ou au Fort du Hâ.
↑ abcd et eMichel Cardoze, « Qui est donc le docteur Nancel-Pénard, né en 1906 et fusillé à Souge le 24 octobre 1941 ? », France Bleu, (lire en ligne, consulté le )