Le , alors qu'il est âgé d'à peine vingt ans, De Coster participe avec des amis à la fondation de la société littéraire Les Joyeux.
D'abord journaliste, il est ensuite employé aux Archives générales du Royaume et occupe notamment de 1860 à 1864 le poste d'employé au secrétariat de la Commission royale pour la publication des anciennes lois et ordonnances. Il en tire une large connaissance des procès de sorcellerie, mise à profit dans certaines de ses œuvres romanesques (et également à disposition d'Auguste Blanqui qui, par l'intermédiaire de son lieutenant, le docteur Louis Watteau, lui demande vers 1864 des notes relatives aux diverses manifestations du fanatisme religieux dans l'histoire[1]).
En 1870, il devient répétiteur à l'École royale militaire, poste pour lequel il avait déjà postulé une douzaine d'années auparavant.
En 1878, il demande à Xavier Mellery de réaliser des illustrations de l'île de Marken pour le magazine Tour du Monde.
Entre 1857 et 1864, De Coster doit, côté privé, défendre l'honneur de sa famille contre les entreprises d'André Van Sprang, officier militaire et escroc au mariage ayant pris pour cible sa sœur Caroline, de quatre ans sa cadette. L'affaire faillit se régler par un duel (De Coster avait, pour lui servir de témoins, fait appel au peintre danois Poul Hagelstein(de) et au journaliste de L'IndépendanceCamille Berru — par la suite remplacé par le peintre Edmond De Schampheleer, ami de De Coster qui contribuera, quelques années plus tard à l'illustration de son Ulenspiegel), qui fut cependant annulé à la suite d'un désaccord sur le choix des armes (les témoins de Van Sprang proposaient le sabre d'infanterie tandis que la préférence de De Coster allait au pistolet, arme convenant davantage à sa condition de bourgeois et de civil) et à l'espoir d'un dénouement à l'amiable.
Une commission militaire se saisit finalement de l'affaire : son verdict étant favorable aux De Coster, le capitaine Van Sprang est écarté de l'armée[2].
Postérité
Les Légendes flamandes, publiées dans la revue Uylenspiegel[3] à laquelle il collabore, connaissent un certain succès mais le reste de son œuvre a dû attendre la génération de La Jeune Belgique, celle de Camille Lemonnier, de Georges Eekhoud par exemple, pour être reconnu.
La Légende d'Ulenspiegel incarne le cœur et l'esprit de la Flandre dont elle évoque le folklore, le climat et les traditions. Elle mêle l'histoire et le mythe, l'aventure d'une famille à celle d'un peuple. De Coster, écrivain francophone, reconstitue une époque en poète visionnaire et crée une langue nouvelle dans la grande tradition rabelaisienne. Till Ulenspiegel, avec son compagnon Lamme Goedzak, est surtout le défenseur de la liberté, celui qui a lutté contre l'oppression de Philippe II d'Espagne et du duc d'Albe, le héros qui s'est dressé contre toutes les formes d'oppression.
Abel Lefranc (1863-1952), du Collège de France, demandait « que la France, en particulier, songeât qu'Ulenspiegel honore sa langue » et qu'elle se décidât enfin à l'installer « fraternellement dans son Panthéon littéraire ».
Légendes flamandes, précédées d’une préface par Émile Deschanel, coll. « Hetzel », Paris, Michel Lévy frères, Bruxelles, Méline, Cans et comp., (1858). Deuxième édition : Bruxelles, Ve Parent et fils, Paris, Michel Lévy frères, Leipzig, Ch. Mucquardt, (1861).
Édition moderne : édition critique établie et présentée par Joseph Hanse, Bruxelles, Labor, coll. « Archives du futur », 1990 (réédité 2017 dans la coll. « Espace Nord », Bruxelles, Les Impressions nouvelles, avec une postface de Jean-Marie Klinkenberg).
Contes brabançons (1861). Édition moderne : Contes Brabançons suivi de Le voyage de noce, édition présentée par Raymond Trousson, Bruxelles, Labor, coll. « Archives du futur », (1997).
Lettres à Élisa, texte établi, présenté et annoté par Raymond Trousson, Bruxelles, Labor, coll. « Archives du futur », 1994.
Notes et références
↑Bartier, J., « Le docteur Watteau, Charles De Coster et quelques autres » in Libéralisme et socialisme au XIXe siècle, Bruxelles, éditions de l'université libre de Bruxelles, 1981, pp. 389-398.
Joseph Hanse, Charles De Coster, Bruxelles, Palais des Académies, 1928 ; réédité en 1990, avec une préface inédite de Raymond Trousson
Jean-Marie Klinkenberg, Style et archaïsme dans 'La Légende d'Ulenspiegel' de Charles De Coster, Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, 1973 ; réédité en 2017, Académie royale de langue et de littérature française de Belgique et Éditions SAMSA, avec deux études inédites et une préface inédite de Rainier Grutman
Jean-Marie Klinkenberg, Charles De Coster, Bruxelles, Labor, coll « Un livre, une œuvre », 1985
Raymond Trousson, Charles De Coster ou la vie est un songe, Bruxelles, Labor, 1990
La Légende de Thyl Ulenspiegel de Charles De Coster, actes du troisième séminaire international du Centre d’études sur la littérature belge de langue française, publiés par Ana Soncini Fratta, Bologne, CLUEB, 1991
Michel Draguet (dir.), Rops-De Coster : une jeunesse à l’université libre de Bruxelles, université libre de Bruxelles, Cahiers du GRAM, 1996
Éric Lysøe, « Sacralisation et profanation dans La Légende d’Ulenspiegel », in Licia Reggiani (éd.), Massoneria e cultura, Bologne, Clueb, 2000, p. 201-225
Raymond Trousson, Charles De Coster, journaliste à l'« Uylenspiegel », Bruxelles, Espace de Libertés, coll. « Laïcité », 2007, 335 p. (ISBN2-930001-76-3)