En 782, Shōdō Shōnin (735-817), un moine bouddhiste, réussit l'ascension du mont Nantai, un volcan situé dans l'ouest de l'actuelle ville de Nikkō après deux tentatives infructueuses[1]. Après son succès, Shōdō fait construire près du sommet de la montagne un sanctuaire auxiliaire du Futarasan-jinja et, en 784, un jingū-ji[n 1] sur la rive nord du lac Chūzenji, un lac d'origine volcanique au pied du versant sud de la montagne[1]. Ainsi, le mont Nantai, objet de culte du shintō, devient aussi un lieu sacré du bouddhisme.
Au début de l'ère Meiji (1868-1912), le gouvernement de Meiji, issu de la révolution du même nom, instaure un shintoïsme d'État. Dès 1868, la promulgation d'une série d'ordonnances sur la ségrégation entre le shintō et le bouddhisme entraîne dans tout le pays le retour en force du mouvement Haibutsu kishaku, un courant de pensée qui prône l'expulsion du bouddhisme du pays[2]. Des lieux de culte bouddhique sont détruits et une grande partie du patrimoine religieux des temples est dispersée[3]. Dans la cité de Nikkō, le sanctuaire shintō intégré au temple Chūzen est mis en valeur comme annexe du Futarasan-jinja sous le nom de Futarasan Chūgūshi[n 2], et l'étendue d'eau à laquelle le lieu saint bouddhique donne son nom devient le lac Chūgūshi[n 3],[n 4],[4].
Le , le passage du typhon Ashio sur la région de Kantō donne naissance à des pluies torrentielles[5] qui provoquent des écroulements sur les versants sud et sud-ouest du mont Nantai. Les avalanches rocheuses subséquentes font 4 victimes sur les berges du lac Chūzenji, et endommage le temple dont l'idole sacrée, une statue en bois de Jūichimen Kanzeon Bosatsu (十一面千手観世音菩薩?) — Avalokiteśvara aux 11 visages et 1 000 bras —, est emportée jusque dans le lac sur la rive duquel elle est retrouvée échouée quelques jours plus tard[6]. En 1913, le temple Chūzen est reconstruit puis déplacé sur la rive est du lac Chūzenji[7].
Notes
↑Temple Jingū (神宮寺, Jingū-ji?), terme générique désignant un temple bouddhique associé à un sanctuaire shintō.
↑Futarasan Chūgūshi (二荒山中宮祠?, litt. « sanctuaire intermédiaire du Futarasan »).
↑Lac Chūzenji demeure cependant le toponyme le plus usité[4].
Références
↑ a et b(ja) Mairie de Nikkō, « 旧日光市歴史年表 (古代~鎌倉) » [« Chronologie historique : de l'Antiquité à l'époque de Kamakura »] (consulté le ).
↑(en) Christine M. E. Guth, « Kokuhō : from dynastic to artistic treasure », dans Hubert Durt, François Macé, André Kneib, Anna Seidel, Anne Bouchy, Christine M. E. Guth et al., Cahiers d'Extrême-Asie : mémorial Anna Seidel [« Kokuhō. De trésor dynastique à trésor artistique »], vol. 9, t. 2 (revue), Paris, Éditions de l'école française d'Extrême-Orient, (ISSN2117-6272, OCLC754142463, DOI10.3406/asie.1996.1122, lire en ligne [PDF]), p. 314-315.
(en) Japan Travel Bureau, Inc., Must-See in Nikko, Tokyo, JTB, coll. « Japan in your Pocket » (no 6), , 4e éd. (1re éd. 1985), 191 p. (ISBN4-533-00529-2).