Mauperthuis était, depuis le XVIIe siècle, leur domaine de campagne, dans le voisinage immédiat de la cour. Le domaine s'étend sur le coteau descendant du plateau jusqu'à la petite rivière l'Aubetin, à la sortie sud du village. Il est divisé en trois parties, dont deux principales, séparées par la route conduisant de Coulommiers à Melun[2].
Ledoux conçoit le projet et commence les travaux mais est appelé à Paris pour ériger d’autres monuments. Il fit aménager par Hubert Robert et Brongniart un parc à fabriques de 1775 à 1780, comprenant à la fois des fabriques aménagées en parcours initiatique, tirant parti de la coupure de son emprise par la route, et des zones purement d'agrément.
La conception fut confiée initialement à Ledoux, mais Brongniart dirigea les travaux et assura au moins une partie de la conception. La jonction entre ces deux grands architectes rend difficile l'attribution des bâtiments à l'un plutôt qu'à l'autre.
Le château, très vaste, n'était pas moins réputé que son parc, aménagé avec recherche dans un site à la fois rocailleux et accidenté[3] :
Sur un terrain accidenté, Ledoux crée un palais moderne, orné notamment d’un belvédère et d’une grand portique surmonté d’un fronton côté parc. Ce dernier comprend à la fois des zones de pur agrément (plans d’eau, plantations…) et des petites constructions, les «fabriques». D’étape en étape, ces éléments composent un parcours initiatique à vocation maçonnique. Parmi les fabriques érigées dans le parc on compte la Fontaine, le Colombier, mais aussi et surtout une étonnante pyramide dans laquelle on entre, en passant sous un portique soutenu par deux colonnes, dans une grotte de rocaille[4].
Le château était divisé en appartements à la fois nombreux et spacieux, où les Montesquiou recevaient avec magnificence. La portraitiste Élisabeth Vigée Le Brun et son époux y faisaient de fréquents séjours, peignant le portrait des membres de la famille de Montesquiou. Le comte de Provence y séjourna en 1785, Arthur Young en 1789[5].
L'entrée dans la cour se situant à un niveau plus élevé que la façade du château, l'accès à celle-ci se faisait en descente par un fer à cheval.
La façade arrière dominait un miroir d'eau, dont elle était séparée par un niveau d'arcades.
Plusieurs projets de bâtiments annexes au château n'ont pas été réalisés, en particulier une maison des gardes agricoles, devant prendre la forme, d'une étonnante modernité pour l'époque, d'une sphère accessible par quatre ponts[6] ; un pavillon de Clèves, conçu par Brongniart, devait être orné de colonnes et de pilastres, etc.[7]
Pertes et destruction
En 1793, Anne-Pierre de Montesquiou-Fezensac émigre à Zurich après avoir été accusé par Dubois-Crancé d'avoir compromis la dignité de la République en traitant, sans mandat, avec les magistrats de Genève, l'éloignement des troupes suisses. Ses biens sont alors saisis selon les dispositions du décret du 30 mars 1792. Le château fut détruit à la suite de la Terreur.
Le château est encore décrit en 1807 dans le Manuel duvoyageur aux environs de Paris[8].
Pierre de Montesquiou, fils d'Anne-Pierre, put reprendre possession du parc, qu'il vendit en 1817[10].
Dans une lettre de 1838 à la baronne de G., la marquise douairière de Fénelon, qui séjourne alors à Mauperthuis, précise que le château de la fin du XVIIIe a été détruit par la "Bande noire" et remplacé par un château moderne[11].
↑« Maupertuis », sur collections.louvre.fr (consulté le )
↑Michel Gallet, Ledoux et Paris in Cahiers de la Rotonde 3, Paris, Commission du vieux Paris, , 188 p., p. 68-71 et 154-155
↑Alexandre de Laborde, Description des nouveaux jardins de la France et de ses anciens châteaux, Paris, Imprimerie de Delance, , 226 p. (lire en ligne), p. 155
↑Georges Martin, Histoire et généalogie de la Maison de Montesquiou, Lyon, l'auteur, , 269 p., p. 95