Candaule (en grec ancienΚανδαύλης / Kandaúlês), aussi connu sous le nom de Sadyatte (Σαδυατης / Saduatês)[1] ou encore Myrsile (Μυρσίλος / Mursílos)[2], est un roi semi-légendaire de Lydie, ayant régné vers le VIIIe siècle av. J.-C. Il est le dernier souverain de la dynastie des Héraclides qui prétendaient descendre d'Héraclès. Il est assassiné par Gygès qui lui succède et fonde la dynastie des Mermnades. Selon Hérodote, il est fils de Myrsos.
Si toutes les traditions racontent son assassinat et sa succession par Gygès, il existe de nombreuses versions de cet événement.
Hérodote d'après Archiloque de Paros
C'est la version qui a le plus inspiré les artistes en raison de son fort pouvoir érotique, Hérodote la raconte d'après une poésie perdue d'Archiloque de Paros.
Le roi Candaule trouvait sa femme plus belle que toutes les autres. Sans cesse, il vantait à Gygès, officier de sa garde du corps, les charmes de son épouse et un jour, il l'invita à se convaincre, de visu, de la beauté de celle-ci. Gygès refusa l'offre sacrilège mais le roi insista. Dissimulé derrière la porte de la chambre nuptiale, Gygès assista au coucher de la reine. Mais, au moment où il s'esquivait, la souveraine l'aperçut. Feignant de n'avoir rien remarqué et persuadée que son mari avait voulu l'humilier, elle jura de se venger. Le lendemain matin, elle convoqua Gygès et lui offrit l'alternative d'être exécuté ou de tuer Candaule, de s'emparer du trône et de l'épouser. Gygès refusa d'abord l'offre de la reine, puis, devant son insistance, il se résolut à tuer Candaule. La reine le cacha à l'endroit où il s'était dissimulé la veille ; Candaule mourut, poignardé par Gygès durant son sommeil. Quand il fut installé sur le trône, Gygès se heurta à des adversaires. Ceux-ci acceptèrent de soumettre le cas à l'oracle de Delphes. L'oracle confirma Gygès dans sa royauté[2].
C'est cette version qui a donné naissance au terme de candaulisme.
Platon
C'est Platon qui donne la version la plus surnaturelle : Gygès était un berger qui trouve un jour une bague magique au doigt du cadavre d'un géant. Cette bague (l'anneau de Gygès) donnait le pouvoir d'invisibilité à celui qui la portait. Gygès s'en sert pour commettre l’adultère avec la femme du roi, puis complote avec elle pour tuer le roi et s’empare ainsi du pouvoir[3].
« L'amour ressemble à l'ivresse […] Persuadés comme ils le sont, ils veulent persuader à tous, que c'est une perfection que l'objet de leur tendresse. Ce fut ce qui détermina le Lydien Candaule à introduire Gygès dans son appartement, pour lui faire voir sa femme. On veut avoir le témoignage des autres. C'est pour cela que quand les amoureux entreprennent la louange de la beauté qui les a séduits, ils la rehaussent par de la poésie au langage cadencé, par le chant, comme on dore les statues pour les embellir[4]. »
« Hercule, après avoir tué Hippolyte, lui enleva, avec le reste de son armure, une hache dont il fit présent à Omphale. Les rois de Lydie successeurs d'Omphale la portèrent depuis comme un ornement sacré, jusqu'à Candaule, qui, se souciant peu de cette marque de dignité, la fit porter par un de ses courtisans. Lorsque Gygès se révolta contre ce prince et lui déclara la guerre, Arsélis, roi des Myléens, vint avec des troupes au secours du rebelle, tua Candaule et l'officier qui portait la hache[5]. »
Nyssia, l'épouse de Candaule
Le nom de la femme de Candaule n'est pas donné par les auteurs précédents. Ptolémée Chennos la nomme Nyssia, nom que Théophile Gautier utilisera dans son conte et qui sera repris par les écrivains suivants[6]. Si Nyssia est le nom habituellement attaché au mythe aujourd'hui, Pierre-Henri Larcher en cite cependant d'autres : « Quelques-uns disent qu'elle s'appelait Tudous, quelques autres Clytia, et Abas la nomme Abro[7]. »
Larcher raconte pourquoi Hérodote ne donne pas son nom : « Ils racontent qu'Hérodote cacha son nom, parce que Plésirrhoüs, qu'il aimait, était amoureux d'une personne d'Halicarnasse de ce nom. Ce jeune homme, désespéré de n'avoir pu toucher sa maîtresse, se pendit. Hérodote regarda le nom de Nyssia comme un nom odieux, et s'abstint par cette raison de le prononcer[7]. ».
Évocations artistiques
En raison de son fort pouvoir érotique, la scène de voyeurisme a très souvent inspiré les artistes, en particulier au XIXe siècle.
Histoire de l'anneau de Gygès in Histoire secrète des femmes galantes de l'antiquité, Volume 3, p171 (1726) : conte par F.N. Dubois, avocat au parlement de Rouen.
Der König Kandaules, en trois actes, op. 26, du compositeur Alexander von Zemlinsky, livret du compositeur d'après André Gide (1935/36, orchestration complétée par Antony Beaumont en 1992–96, première à Hambourg en 1996)