Un cabinet de curiosités ou cabinet d'amateur (en néerlandais : kunstkamer) est un genre pictural apparu à Anvers au début du xviie siècle. Il s'agit d'un sous-genre de la peinture d'intérieur présentant une pièce, ou un meuble, chargée de peintures ou d'éléments archéologiques, d'objets à caractère scientifique, ou tout espèce d'objets, naturels ou non, représentant le durable intérêt de curiosité de leur propriétaire.
En Europe du Nord et en Italie, à partir de la fin du xve siècle, des princes, mais aussi des érudits humanistes et des dignitaires ecclésiastiques commencent à assembler de riches collections d’objets insolites qu’ils conservent dans des pièces de leurs palais appelées cabinets de curiosités, Kunst und Wunderkammern (cabinets d’art et de merveilles) ou encore studioli[1].
Ce collectionnisme se développe cours du xvie siècle pour atteindre les amateurs éclairés.
Évolution du genre pictural
Ce n’est qu’au xviie siècle que ces collections apparaissent dans les tableaux de peintres, tout d'abord anversois. La peinture de cabinets d'amateurs constitue un véritable sous-genre en vogue dans la peinture flamande et néerlandaise.
Au cours du xviiie siècle, l’influence des Lumières amène les amateurs à classer leurs collections selon leur nature, donnant lieu à la naissance des premiers musées. Le genre pictural évolue vers la représentation de galeries d’art, comme La Tribune des Offices, par Johann Zoffany, ou de collections d’histoire naturelle[1], bien que la représentation de collectionneurs dans leur intérieur bourgeois reste présente : ainsi le peintre hollandais Adriaan de Lelie peint-il le riche collectionneur amstellodamois Jan Gildemeester Jansz.(nl) faisant visiter sa galerie de tableaux à quelques amis et personnalités, parmi lesquels le baron Cornelis Rudolphus Theodorous Krayenhoff et le peintre et dessinateur Jurriaan Andriessen[2].
Aux siècles suivants, le genre est toujours vivant, notamment grâce au peintre et collectionneur Alexandre Isidore Leroy de Barde (1777-1828), qui réalise de grandes gouaches de ses collections de coquillages et d’oiseaux, ou encore de James Ensor, qui peint le portrait de l'antiquaire belge Paul Bueso en 1902[2],[3].
Caractéristiques générales
Les œuvres de ce genre pictural représentent un cabinet de curiosités, c'est-à-dire un intérieur, souvent luxueux, rempli du sol au plafond de peintures et d'autres artefacts (en allemand : Kunstkammer), ainsi que d'objets à caractère scientifique, de livres et d'atlas (en allemand : Wunderkammer). Parfois, le tableau ne représente qu'un meuble unique, étagère ou cabinet, renfermant de tels trésors.
L'amateur, qu'il soit un noble, un riche bourgeois ou un marchand, est régulièrement représenté parmi ses collections. Il peut être accompagné de personnes qui étudient les peintures, de préférence célèbres et donc reconnaissables, et autres objets exposés en détail.
Cet étalage de luxe a pour but de susciter l'admiration du spectateur, quitte à embellir la réalité : les collectionneurs pouvaient demander au peintre d'enrichir leurs collections sur le tableau[2].
Dominique Moncond'huy et Pierre Martin, Curiosité et cabinets de curiosités, Neuilly, Atlande,
(en) Anna-Maria Giusti (dir.), Art and Illusions : Masterpieces of Trompe l'oeil from Antiquity to the Present Day, Florence,
La Licorne et le bézoard : Une histoire des cabinets de curiosité, catalogue de l’exposition présentée à Poitiers, musée Sainte-Croix et espace Mendès-France, Montreuil, Gourcuff Gradenigo,
Les Origines du monde : L'invention de la nature au XIXe siècle, catalogue de l’exposition présentée au musée d'Orsay, Paris, Gallimard/musée d’Orsay,