Il naît dans une modeste famille juive. Ses parents ne contrarient pas ses talents musicaux précoces. Il entre au Conservatoire Stern à Berlin à huit ans et a pour professeurs Heinrich Ehrlich(de), Ludwig Bussler et Robert Radecke(en). Il fait des études musicales qui le destinent à une carrière de pianiste et obtient, dès l'âge de neuf ans, ses premiers succès publics. Sa vocation de chef d'orchestre se révèle à l'écoute du grand chef Hans von Bülow et, selon les critères de la formation classique d'alors, il devient répétiteur dans les théâtres lyriques, avec des débuts à Cologne en 1893.
La rencontre avec Gustav Mahler
En 1894, il est engagé à l'Opéra de Hambourg dont Gustav Mahler est alors le directeur musical. L'amitié et la collaboration entre les deux hommes va durablement influencer la vie de Bruno Walter. Il sera l'un des meilleurs interprètes de la musique de Mahler et, tout au cours de sa longue carrière, il se battra pour imposer cette musique.
Lorsque Mahler est nommé directeur de l'Opéra de Vienne, il ne le suit pas immédiatement et continue son travail à Breslau, Presbourg (1897-1898), Rīga (1893-1900), puis il est nommé à l'Opéra prussien de Berlin en 1900.
En 1901, il rejoint finalement Mahler et travaille avec lui pour imposer le renouveau de l'institution musicale viennoise, où il pourra s'épanouir en tant que chef d'orchestre. En 1906, il suivra un bref traitement avec Sigmund Freud, qui lui conseillera de voyager, puis le verra dans des consultations basées sur la suggestion.
La maturité
De 1913 à 1922, il est directeur général de la musique à Munich. Grande époque pour sa carrière : son art et sa gloire s'affirment. Il est un ardent défenseur de la musique de son temps. Alors au sommet de son art, il effectue de nombreuses tournées à l'étranger. En 1922 et 1923, il est chef invité des orchestres symphoniques américains de New York, Detroit, Boston et Minneapolis. Il dirige également en Angleterre, particulièrement à Covent Garden, avec comme prédilection le répertoire germanique. À Paris en 1928, il dirige des opéras de Mozart.
Pour ses enregistrements, la firme Columbia crée un orchestre, le Columbia Symphony Orchestra, constitué de musiciens appartenant à divers orchestres américains, dont notamment celui de Los Angeles.
Bruno Walter est décédé d'une crise cardiaque dans sa maison de Beverly Hills en 1962. Il a trouvé sa dernière demeure au cimetière de Gentilino près de Lugano dans le canton du Tessin, en Suisse, dans la même tombe où son épouse Elsa, née Korneck (1871- 1945), sopraniste, et leur fille Marguerite « Gretel » (1906-1939) avaient déjà été enterrées. Leur fille Lotte (1903-1970) y fut également enterrée.
Son art
Même aux moments les plus sombres de son existence, il se dévouera à la cause de la musique. Il est un remarquable interprète du répertoire allemand, avec Beethoven, Brahms, Wagner et Richard Strauss, et du répertoire autrichien, avec Mozart, Schubert, Bruckner ou encore Mahler, qu'il réussit à imposer par de fortes interprétations.
Mozart, des symphonies, New York Philharmonic Orchestra ou Columbia Symphony Orchestra
Mozart, Don Giovanni (enregistré au festival de Salzbourg en 1937)
Mozart, La Flûte enchantée (enregistré au festival de Salzbourg en 1931)
Schubert, 9e symphonie (dite « La Grande »), 5e symphonie, 8e symphonie (dite « l'Inachevée »), Columbia Symphony Orchestra
Schumann, L'Amour et la vie d'une femme (Frauenliebe und -leben), op. 42, Les Amours du poète (Dichterliebe), op 48, Lotte Lehmann (soprano), Bruno Walter au piano