Bruno Le Ray

Bruno Le Ray, né le à Saïda (Algérie), est un militaire français. Général de corps d'armée, il est le 138e gouverneur militaire de Paris du au .

Biographie

Formation

Emmanuel Macron présente Bruno Le Ray à Donald Trump le 14 juillet 2017.

Il est admis à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1981 (promotion Grande Armée). À la fin de sa scolarité, il choisit de servir dans l’infanterie et rejoint l'École d'application de l'infanterie (1984).

Carrière militaire

Nommé lieutenant, il sert tout d'abord au 24e groupe de chasseurs stationné à Tübingen (Allemagne), en qualité de chef de section mécanisée. Il exerce de 1987 à 1989 la fonction d’instructeur au Centre national d’entraînement commando de Mont-Louis. Il est promu au grade de capitaine en 1988.

Après avoir rejoint le 170e régiment d'infanterie à Épinal en 1989 comme adjoint d'une compagnie de combat mécanisée, il commande de 1990 à 1992 la 3e compagnie de combat.

En 1992, il est muté à l'École d’application de l’infanterie, où il participe à l'encadrement des lieutenants. Il est promu chef de bataillon en 1993.

Il réussit au concours du Cours supérieur d’état-major en 1994 et il suit l’enseignement de la 108e promotion, puis celui de la 3e promotion du Collège interarmées de défense l’année suivante.

Affecté au 8e groupe de chasseurs à Wittlich (Allemagne), il est chef de bureau opération instruction de cette unité de 1996 à 1998 ; il est détaché en 1997 en qualité d'officier de liaison de la Division multinationale sud-est auprès de l’état-major de la Force de stabilisation de l'OTAN (SFOR) à Sarajevo (Ex-Yougoslavie). Il est promu lieutenant-colonel en 1997.

De 1998 à 2002 il exerce la fonction d'officier traitant à l'état-major des armées. Il est promu au grade de colonel en août 2002.

Il commande le 16e bataillon de chasseurs à pied à Saarburg (Allemagne) entre 2002 et 2004.

Il sert de nouveau à l'état-major des armées de 2004 à 2006 avant de suivre pendant un an la 56e session du Centre des hautes études militaires et la 59e session de l’Institut des hautes études de la défense nationale (2007).

Il exerce la fonction d'adjoint Terre au sein du cabinet militaire du Premier ministre de 2007 à l'été 2009, date à laquelle il est promu au grade de général de brigade[1]. Il devient alors commandant de la division « Plans-programmes-évaluation (PPE) » de l’état-major des armées.

Promu au grade de général de division au 1er août 2012, il devient le 1er septembre 2013 adjoint au sous-chef d’état-major « plans » de l’état-major des armées.

Il est nommé inspecteur à l’Inspection de l’armée de Terre à compter du 1er septembre 2014[2],[3].

Gouverneur militaire de Paris

Bruno Le Ray est nommé gouverneur militaire de Paris et est élevé au rang et appellation de général de corps d’armée pour prendre rang le 1er août 2015[4],[5]. Il est plusieurs fois confronté[6] aux difficultés du déploiement des soldats du dispositif anti-terroriste de l'Opération Sentinelle.

Il fait ses adieux aux armes le jeudi lors d'une cérémonie dans la cour d'honneur des Invalides, en présence du général d'armée François Lecointre, chef d'État-Major des armées, et du général d'armée Thierry Burkhard, chef d'état-major de l'Armée de terre[7],[8]. Il quitte ses fonctions le et est remplacé par le général Christophe Abad[9].

Attentats à Paris

Après les attentats du 13 novembre 2015, devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale et en sa qualité de gouverneur militaire de Paris le général Le Ray est questionné sur l’ordre qui aurait été donné aux huit soldats de l'opération Sentinelle de ne pas entrer au Bataclan où il y eut 90 morts et plusieurs centaines de blessés. Il répond qu'« il est impensable de mettre des soldats en danger dans l’espoir hypothétique de sauver d’autres personnes. (…) Ils n’ont pas vocation à se jeter dans la gueule du loup[10] », réponse validée par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian : « ils ne sont pas formés aux interventions avec prise d’otages, et c’est encore plus vrai lorsque de telles interventions ne sont en rien anticipées », seule l'intervention des forces spécialisées (BAC, RAID, GIGN...) avait du sens à l'intérieur du Bataclan[11].

Quoique conforme aux règlements en vigueur, cette réponse (« impensable de mettre des soldats en danger [pour] sauver d’autres personnes ») paraît incroyable aux yeux d'une partie du public[12], de même que l'attitude des militaires présents sur les lieux au moment de l'attaque avait étonné des forces de police[12],[13]. Cette réponse donne l'occasion à la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale de s'interroger sur l'Opération Sentinelle[14],[15],[16], et au gouvernement d'annoncer « un travail de refonte doctrinale »[17], sans toutefois que diminuent les critiques de l'utilité de l'opération Sentinelle, dont Bruno Le Ray est le responsable.

En juin 2018 une trentaine de victimes ou familles de victimes de cet attentat portent plainte contre X pour non-assistance à personne en péril[18]. Cette plainte est rapidement rejetée par le tribunal administratif de Paris, dès le mois de juillet 2018[19].

Dans les faits, et comme le montre le rapport parlementaire d'enquête sur les attentats, la question d'une « entrée en premier » de soldats de la force Sentinelle dans le Bataclan ne s'est pas posée, les soldats déployés ayant rempli les missions qui leur avaient été assignées par les forces de police sur les lieux, au Bataclan comme sur les sites des différentes attaques[20]. Le rapport montre par ailleurs toutes les difficultés qui se présentaient aux intervenants, y compris les forces de police.

Gilets Jaunes

En mars 2019, le gouvernement ayant ordonné la mobilisation des soldats de l'Opération Sentinelle lors des manifestations de Gilets Jaunes[21], décision qui essuie beaucoup de critiques[22],[23] et même interpelle à l'étranger[24], le général Bruno Le Ray déclare que « les soldats ne seront en aucune manière engagés dans des situations de maintien de l'ordre », et qu’ils « ont différents moyens d’action pour faire face à toute menace », pouvant aller « jusqu'à l'ouverture du feu si leur vie ou celle de ceux qu’ils protègent sont menacées »[25],[26]. »

Carrière civile

En , Bruno Le Ray est nommé conseiller spécial d'Étienne Thobois, directeur général du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'été de 2024 (COJOP)[27]. Deux ans et demi plus tard, en avril 2023, il est nommé directeur de la sécurité du COJOP[28].

Décorations

Intitulés

Publication

  • Les nouveaux mercenaires : la fin des tabous, Jean-François Hogard, Bruno Le Ray, Patrick Pacorel et Thierry Rousseau, Paris, Es Stratégies Édition, avril 2008, collection : poche, chercheurs militaires (ISBN 235725002X)

Notes et références

  1. Décret du 24 juillet 2009 portant nomination en tant qu'officier général, paru au Journal officiel de la République française le 28 juillet 2009 (no 0172)
  2. Décret du 15 juillet 2014 portant affectation en qualité d'inspecteur général de l'Armée de terre, paru au Journal officiel de la République française le 16 juillet 2014 (no 0162)
  3. [1] Prémisses de nomination comme gouverneur militaire de Paris
  4. [2] Compte-rendu du Conseil des ministres du 8 juillet 2015, portant nomination en qualité de gouverneur militaire de Paris.
  5. Décret du 5 juillet 2015 portant nomination en qualité de gouverneur militaire de Paris et de concession de rang et appellation de général de corps d'armée, paru au Journal officiel de la République française le 10 juillet 2015 (n°0158)
  6. « Le risque terroriste marque clairement sa fonction », in Sécurité, terrorisme et 14 Juillet, sur France3-francetvinfo, 13-07-2018.
  7. « Adieu aux armes du général de corps d’armée Bruno Le Ray », sur État-Major des armées, (consulté le ).
  8. « Adieu aux armes du général de corps d’armée Bruno Le Ray », sur Armée de terre, (consulté le ).
  9. Décret du 24 juin 2020 portant nominations d'officiers généraux.
  10. « 13 novembre 2015 : pourquoi les militaires de « Sentinelle » ne sont pas intervenus au Bataclan », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Rapport d'enquête de l'Assemblée Nationale du 5 juillet 2016 ».
  12. a et b Michael Caladan, Guide d'évacuation et de survie, VA Press, 2019.
  13. Assemblée Nationale, Rapport d'enquête, p. 52.
  14. Assemblée Nationale, Rapport d'enquête, p. 243, sur la valeur ajoutée réelle de cette opération dans la sécurisation du territoire national.
  15. Assemblée Nationale, Rapport d'enquête, p. 246, sur la limitation à la surveillance de sites sensibles.
  16. Assemblée Nationale, Rapport d'enquête, p. 248-249, sur l’effet dissuasif du dispositif avec une garde statique.
  17. Assemblée Nationale, Rapport d'enquête, p. 247.
  18. « Des familles de victimes de l'attentat du Bataclan portent plainte pour non-assistance à personne en péril », France24.com, 8/06/2018.
  19. C.B., « Attentats du 13 novembre 2015 : le recours des victimes rejeté », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Rapport fait au nom de la commission d’enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015, (lire en ligne), p. 251.
  21. Des soldats de Sentinelle mobilisés samedi pour la manifestation des "gilets jaunes" : "les ordres seront suffisamment clairs pour qu'ils n'aient pas d'inquiétude à avoir", FranceTVinfo, 22/03/2019.
  22. Gilets jaunes : malaise chez les militaires après l'annonce de Macron, Le Point, 21/03/2019.
  23. Mobilisation des forces Sentinelle : « Macron doit renoncer à cette décision funeste », déclare le président du groupe LR au Sénat, pour qui cette décision compromet l'armée dans une mission qui n'est pas la sienne (Le Point, 20/03/2019).
  24. (en) Yellow Vest Chaos: Desperate Emmanuel Macron deploys army tanks in terrifying scenes, Daily Mail, 23-03-2019.
  25. Le Ray: Les militaires de Sentinelle peuvent tirer si leur vie est menacée, Le Figaro, 22/03/2019.
  26. Si leur vie est menacée, les soldats de Sentinelle pourront tirer, indique le général Le Ray, FranceBleu, 22 mars 2019.
  27. « Un nouveau conseiller spécial pour le directeur de Paris 2024 », sur acteurspublics.fr, Acteurs publics, (consulté le ).
  28. « Paris 2024 : Bruno Le Ray nommé directeur de la sécurité du comité d’organisation », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. Décret du 1er juillet 2016 portant promotion
  30. Décret du 1er juillet 2011 portant promotion et nomination
  31. Décret du 21 juin 2001 portant promotion et nomination
  32. Décret du 17 octobre 2020 portant élévation et nomination dans l'ordre national du Mérite en faveur des militaires appartenant à l'armée active

Liens externes