Bouc proviendrait du gauloisbucco[1]. L'épithète spécifique de l'espèce dérive du latin hircus désignant le bouc[2]. Le mâle castré peut être appelé menon dans certaines régions. En anglais, le terme bucca a été évincé à la fin du XIIe siècle par celui de hegote ou hegoote. Depuis le XIXe siècle il porte de nom de buck ou de billy et de wether pour le mâle castré.
Il se caractérise par des cornes parfois en forme de lyre, une barbiche de poils sous le menton et une odeur très forte. Les boucs dégagent toujours une odeur puissante, accrue au moment du rut. Cette odeur appelée « eau de mâle » est attribuée à des acides gras (comme l'acide 4-éthyl-octanoïque, -décanoïque, -dodécanoïque, -tétradécanoïque) et des « phéromones-like » (notamment l'aldéhyde 4-ethyloctanal). Les « phéromones-like » sont synthétisés par la peau de la tête du mâle et stimulent l'activité ovarienne des femelles par l'intermédiaire de l'hormone GnRH[3].
Les boucs des races suisses et nordiques entrent en rut à l'automne lors du changement du cycle thermique des femelles. Ceux des races équatoriales peuvent montrer une fertilité saisonnière réduite mais, comme leurs femelles, ils sont capables de se reproduire à tout moment. Le rut se caractérise par une diminution de l'appétit, un intérêt obsessionnel pour les femelles[4]. Un bouc en rut présente un flehmen (retroussement de la lèvre supérieure) et urine sur ses pattes antérieures et sa face[5]. Les glandes odorantes sébacées à la base des cornes ajoutent à l'odeur du bouc, ce qui est important pour le rendre attractif pour la femelle qui ne s'accouplera pas avec un mâle sans odeur[4].
Le poids des boucs des races les plus grandes comme les Boers peut atteindre 140 kilos[6]. Lorsque les femelles allaitent les petits, les boucs chargent les intrus et affrontent les humains plus volontiers que ne le font les béliers[7].
Ses caractéristiques sont à l'origine d'expressions telles que « avoir un bouc », « porter le bouc » ou « sentir le bouc ».
Mythologie
Dans la mythologie grecque, Pan, divinité de la Nature, protecteur des bergers et des troupeaux est souvent représenté comme une créature chimérique, mi-homme mi-bouc, à l'image des satyres dont il partage la compagnie. Outre la flûte, il a pour attributs les cornes et les pattes du bouc. Comme les satyres, il est surnommé tragoscèle, du grec τραγοσκελής / tragoskelḗs, « à jambes ou à pieds de bouc », formé de τράγος / trágos, « bouc », et σκέλος / skélos , « jambe, patte ». À l'origine, il ressemble à un bouc redressé sur ses pattes arrière ; puis, au fil du temps, son humanité apparaît, et finalement il ne conserve que deux cornes cachées dans sa chevelure.
Dans la mythologie germanique, Tanngrisnir et Tanngnjóstr sont les deux boucs qui tirent le chariot de Thor. Lorsque le dieu a faim il les fait rôtir et lorsqu'il veut voyager à nouveau il lui suffit de bénir leurs restes pour que les boucs, vivants et en bonne santé reprennent leurs fonctions. Malheur à qui, comme Thjálfi et Roskva, leur aurait brisé les os entre-temps.
Dans la mythologie basque, Aker ou Akerbeltz est une divinité maléfique et souterraine ressemblant à un bouc auquel sont associées des notions de pouvoir et de protection sur les animaux d'élevage. Avec le christianisme, Aker est devenu une représentation du diable. Akelarre (lande du bouc) est le lieu où se déroule le sabbat.
« C’est sous la forme d’un grand bouc noir aux yeux étincelants que le diable se fait adorer au sabbat ; il prend fréquemment cette figure dans ses entrevues avec les sorcières, et le maître des sabbats n’est pas autrement désigné dans beaucoup de procédures que sous le nom de bouc noir ou grand bouc. Le bouc et le manche à balai sont aussi la monture ordinaire des sorcières, qui partent par la cheminée pour leurs assemblées nocturnes[8]. »
Selon Nicole Jacques-Chaquin, le bouc, pour le lecteur du XVIe siècle, aurait été surtout associé au désir sexuel[9].
Selon la légende, les bokkenrijders (« chevaucheurs de boucs ») étaient des esprits se déplaçant la nuit dans les airs sur des animaux diaboliques. Au XVIIIe siècle des bandes de brigands mirent à profit la croyance populaire pour effrayer les habitants du pays d'Outremeuse et du Limbourg néerlandais. Des centaines de personnes furent condamnées après avoir avoué sous la torture dans des procès en sorcellerie pour pacte avec le diable.
Le Julbock ou bouc de Yule est l'un des plus vieux symboles de Noël des pays scandinaves. Dans la mythologie nordique, le bouc était à l'origine associé au dieu Thor. En Finlande, c'était une créature qui terrorisait les enfants avant de devenir le personnage distribuant les cadeaux.
Le nom de l'animal est associé à l'individu désigné par le groupe, ou à une minorité stigmatisée par un groupe social, pour endosser une responsabilité, le bouc émissaire.
↑(en) Ken Murata, Shigeyuki Tamogami, Masamichi Itou, Yasutaka Ohkubo, Yoshihiro Wakabayashi, Hidenori Watanabe, Hiroaki Okamura, Yukari Takeuchi et Yuji Mori, « Identification of an Olfactory Signal Molecule that Activates the Central Regulator of Reproduction in Goats », Current Biology, vol. 24, no 6, , p. 681–686 (DOI10.1016/j.cub.2014.01.073)
↑(en) D. M. Shackleton et C. C. Shank, « A Review of the Social Behavior of Feral and Wild Sheep and Goats », Journal of Animal Science, no 58.2, , p. 500-509 (lire en ligne)
↑(en) R. E. Taylor et T. G. Field, Growth and Development. Scientific Farm Animal Production : An Introduction to Animal Science, Upper Saddle River, Prentice-Hall, , 6e éd., p. 321-324
↑(en) M. E. Fowler, Restraint and Handling of Wild and Domestic Animals, Witley-Blackwell, , 3e éd., p. 160
↑Nicole Jacques-Chaquin et Maxime Préaud, Le sabbat des sorciers en Europe : XVe – XVIIIe siècle, Grenoble, Jérôme Millon, , 442 p. (ISBN2-905614-85-4, lire en ligne), p. 411