Boris Mojaïev naît au village de Pitelino dans une famille paysanne. Après ses études secondaires, il entre en 1940 à l'Institut du génie maritime de Gorki. Mobilisé en 1941, il reste dans l'armée après la Seconde Guerre mondiale et obtient le diplôme de l'Académie du génie Nicolas en 1948. Au cours de ses études, il fréquente également les conférences de la faculté de lettres de Léningrad. Il sert comme ingénieur du génie à Port-Arthur et à Vladivostok. Démobilisé en 1954, il devient reporter du journal Stroïtelnaïa gazeta et plus tard des Izvestia.
Sa carrière d'écrivain s'amorce en 1954, avec la publication d'un premier récit Le Pouvoir de la taïga (Власть тайги), suivi d'un premier recueil de poésies Les Aubes sur l'océan (Зори над океаном) en 1955.
Sa nouvelle Dans la vie de Fédor Kouzkine publiée dans Novy Mir en 1966 lui vaut la désapprobation de ses pairs au Congrès des écrivains soviétiques de 1967 et tout particulièrement du secrétaire de l'union des écrivains Guéorgui Markov[1]. En 1969, Iouri Lioubimov projette l'adaptation de cette œuvre sur la scène de la Taganka, sous le titre Vivant avec Valery Zolotoukhine dans le rôle principal. Le spectacle est interdit par Ekaterina Fourtseva, ministre de la culture de l'époque qui a assisté à la représentation. Là encore, au centre du sujet se trouve un paysan débrouillard qui tient tête à l'administration du kolkhoze, ce qui aux yeux de la censure jette le discrédit sur le système socialiste. La nouvelle ne sera plus publiée jusqu'en 1973, quand elle paraîtra dans le recueil Chemin forestier (Лесная дорога).
En 1972-1973, Mojaïev écrit le premier volet de ce qui deviendra son œuvre la plus célèbre, Les Koulaks (Мужики и бабы), dont l'histoire se déroule dans les années 1920-1930, en pleine campagne de dékoulakisation, suivie de la collectivisation forcée[2]. Il est publié en 1976. La suite voit le jour entre 1978 et 1980, pour être publiée en 1987. Le roman est récompensé par le prix d'État de l'URSS en 1989.
Dans les années 1980, paraissent ses recueils La Pluie sera (Дождь будет) et Faut-il se souvenir du passé ? (Надо ли вспоминать старое?). En 1989-1990, les éditions Khudozhestvennaya Literatura(en) publient quatre volumes de ses œuvres.
Les dernières années, l'écrivain travaille sur son nouveau roman L'Exclu (Изгой), dont la première partie sera publié en 1993 dans Nach Sovremennik(en) (no 2 et no 3), mais qu'il n'aura pas le temps de finir.
En 1994, en compagnie de son vieil ami Soljenitsyne, il fait un dernier voyage dans l'Est de l'ancien territoire de l'URSS qu'ils avaient parcouru trente ans plus tôt[1],[3].
↑ ab et c(en)Boris A. Mozhaev, Aleksandr Isaevich Solzhenitsyn (trad. David Hologan), Lively and Other Stories by Boris Mozhaev & a Memoir by Alexander Solzhenitsyn, Hodgson Press, (ISBN9781906164010, lire en ligne), Introduction par David Hologan xix-xxxi
↑Léridon Marielle, « Boris Mojaev, Les koulaks, trad. Anne de Peretti, 1991 », Revue Russe, vol. 3, no 1, , p. 94-95 (lire en ligne)
Marc Slonim, Histoire de la littérature russe soviétique, Trad. Mary Fretz, Roger Stuveras, Collection Slavica, Vol. 19, L'Age d'homme, 1985 (ISBN978-0-804-73364-9), 338 p.