Benjamin Orenstein

Benjamin Orenstein, né le à Annopol et mort à Lyon le est un rescapé de sept camps dont Auschwitz et de la Marche de la Mort.

Biographie

Il est né à Annopol[1], dans la voïvodie de Lublin en août 1926, dans une famille juive polonaise. En 1941, le village d'Annopol est transformé en ghetto[2]. En 1941, son père est arrêté; ses frères et lui décide de faire l'échange pour avoir une chance de récupérer leur père en vie. C'est ainsi qu'il est envoyé dans un camp de travail proche de Ieniszow[3]dont il s'enfuiera après quelques semaines. Par la suite, il gardera un très mauvais souvenir de l'antisémitisme des Polonais et leur reprochera d'avoir participé à la persécution des Juifs[4].

Sa famille et lui sont arrêtés en automne 1942. Ses frères et lui sont déportés au camps de Budzyn tandis que le reste de sa famille est gazée à Belzec. Il dira de Budzyn que c'est pire qu'Auschwitz. En 1944, il est envoyé seul au camp d'Ostrowiec; ses frères ayant été renvoyés à Rachow pour y être exécutés. Il arrive au camp de concentration d'Auschwitz le 4 août 1944[5]. Il porte le matricule "B4416"[6]. En janvier 1945, il participe à la marche de la mort et arrive au camp de concentration de Dora. Le 11 avril 1945, l'armée américaine libère le camp[7].

Au sortir de Dora, il fait un bref séjour à l'hôpital de Thionville, puis au centre de l'Agence juive à Trevano (Suisse). Il décide d'émigrer en Palestine mandataire sur un bateau affrété par la Haganah et va vivre dans le kibboutz d’Aloumot, en Galilée. Il participe à la guerre israélo-arabe de 1948-1949. Démobilisé, il travaille comme ouvrier du bâtiment et correspond avec un cousin installé à Lyon qui, en 1951, l'invite à venir chez lui, puis le convainc de ne pas retourner en Israël. Benjamin Orenstein choisit de se fixer en France : « Je ne connaissais pas réellement ce pays (je découvrirai plus tard que c’était sans doute l’un des plus beaux du monde), mais j’avais compris que c’était un pays de liberté, et j’étais bien placé pour en connaître le prix ». Après l'expiration de son visa, il mène une vie d'immigré clandestin ; au bout de quelques mois, il obtient sa régularisation. En 1954, il rencontre une jeune femme, fille de déporté, qu'il épouse[4]. Il aura ensuite deux enfants puis trois petits enfants.

Il ne put témoigner durant 48 ans. Mais à partir de 1987 et le procès de Klaus Barbie, il "rentrera dans la danse" comme il le disait. Il fera du témoignage sa bataille et fera jusqu'à 50 témoignages / an à travers le monde.

Le , lors du 75e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, il figure au premier rang de la cérémonie commémorative avec un autre survivant de la Shoah, Claude Bloch. Il explique l'importance vitale de témoigner et de maintenir le souvenir alors qu'il est un des derniers survivants : « La Shoah est en moi, je vis au quotidien avec la Shoah ! ». Il a été longtemps président de l’Amicale des rescapés d’Auschwitz[1].

Benjamin Orenstein s'est éteint le . Il avait 94 ans[8].

Distinction

Bibliographie

  • « Ces mots pour sépulture », de Benjamin Orenstein et Jean-Claude Nerson , Auto édition, 2006[1],[4].

Pièce de théâtre

  • « Ces mots pour sépulture », pièce adaptée de sa biographie pour le théâtre, mise en scène par Charlotte Jarrix de la Compagnie Intrusion, en tournée depuis janvier 2015[1].

Références

  1. a b c d et e « Mort de Benjamin Orenstein, l’un des derniers déportés d’Auschwitz », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  2. Benjamin Orenstein, survivant de la Shoah. Nations Unies. Droits de l'Homme. Haut-Commissariat. 1er février 2019.
  3. Mattea Battaglia, « Benjamin Orenstein, rescapé d’Auschwitz : « Pendant quarante-huit ans, je me suis tu » », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  4. a b et c Alban Perrin, « Comment devient-on français quand on est juif et polonais ? », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem, no 22,‎ (lire en ligne).
  5. VIDEO. Benjamin Orenstein, rescapé d'Auschwitz, témoigne. francetvinfo.fr. 27 janvier 2015.
  6. Le témoignage de Benjamin Orenstein, matricule B4416, rescapé d'Auschwitz. un.org. 1er février 2019.
  7. (en) Benjamin Orenstein, Holocaust survivor. ohchr.org. February 1, 2019.
  8. Anthony Faure, « Lyon : rescapé des camps de concentration, Benjamin Orenstein s'en est allé », sur www.lyoncapitale.fr, (consulté le )

Liens externes