Selon le rapport du général Charles Leclerc au ministre de la Marine[Note 1], lors de ce combat Toussaint Louverture commande 1 500 grenadiers d'élite tirés de différentes demi-brigades, 1 200 hommes « choisis sur les meilleurs bataillons de son armée », 400 dragons et 2 000 cultivateurs armés dispersés dans les bois, soit environ 5 000 hommes au total[2]
Dans ses mémoires rédigées au fort de Joux, Toussaint déclare quant à lui qu'il n'avait dans cette action que 300 grenadiers et 60 cavaliers de sa garde[4],[5]. Il semble cependant certain que de nombreux ouvriers agricoles avaient rejoint les rebelles[4]. Il porte également le nombre des hommes de Rochambeau à 4 000 et précise que cette information lui vient de prisonniers[5]. Cependant, selon l'historien Madison Smatt Bell, Rochambeau avait débarqué avec probablement 1 800 hommes à Fort-Liberté mais tous ne prirent pas part à la marche sur Les Gonaïves[4].
En 2020, l'historien Sudhir Hazareesingh porte l'armée de Toussaint à 3 000 hommes lors de cette action[6].
Déroulement
Dans la soirée du , les Français occupent les hauteurs de Morne Barade, ils sont rejoints par les troupes rebelles et le combat s'engage durant la nuit, les Français résistent, contre-attaquent et, à l'aube, rejettent les rebelles hors de la gorge. Toussaint rallie cependant ses cavaliers sur la plaine de la plantation Périsse et lance une charge qui disperse les Français et les force à se replier sur les gorges de la Ravine-à-Couleuvres. Les Français ne remportèrent pas un grand avantage, cependant il perdait toute possibilité de communication avec le 9e régiment commandé par Jacques Maurepas[3].
Le , les troupes du général Rochambeau attaquèrent l'armée de Toussaint retranchées dans les gorges de la Ravine-à-Couleuvres[7]. Dans son rapport, Leclerc donne peu de détail sur le déroulement et se borne à dire : « Il y eut là un combat d'homme à homme; les troupes de Toussaint se battirent bien, mais tout céda à l'intrépidité Française »[2],[3].
L'état des pertes n'est pas connu avec précision et varie selon les sources. Dans son rapport, le général Leclerc affirme que Toussaint laisse 800 hommes sur le champ de bataille[2],[3]. Selon Thomas Madiou, Toussaint perd 300 hommes dans ce combat et Rochambeau 200, ainsi qu'une trentaine de prisonniers[1].
« Le même jour 4, la division Rochambeau entra dans la Ravine-à-Couleuvre: c'était là que le général Toussaint avec ses gardes, formant un corps de quinze cents grenadiers tirés des différentes demi-brigades, et environ douze cents hommes choisis sur les meilleurs bataillons de son armée, et quatre cents dragons, comptait se défendre. La Ravine-à-Couleuvre est extrêmement resserrée; elle est flanquée de montagnes à pic couvertes de bois, dans lesquels étaient répandus plus de deux mille cultivateurs armés, qu'il faut ajouter aux troupes dont je viens de faire l'énumération. Les rebelles avaient fait des abatis considérables qui obstruaient le passage: ils occupaient des positions retranchées qui dominaient la Ravine. Une position aussi forte eût arrêté nécessairement tout autre que le général Rochambeau; mais il fit ses dispositions avec la rapidité de l'éclair, et attaqua les retranchemens de l'ennemi.
Il y eut là un combat d'homme à homme; les troupes de Toussaint se battirent bien, mais tout céda à l'intrépidité Française; Toussaint évacua ses positions, et se retira en désordre sur la Petite-Rivière, en laissant huit cents des siens sur le champ de bataille[2],[3]. »
— Rapport du général Leclerc au Ministre de la Marine, rédigé le 8ventôsean X () au quartier-général de Gros-Morne.