En 1513, une armée française forte de 10 000 hommes[5] menée par Louis II de la Trémoille assiégeait Novare. La ville était alors aux mains de mercenaires suisses au service du duc de Milan qui, selon les Français, envisageaient d'annexer Milan à la Confédération suisse. Novare, située à 40 kilomètres à l'ouest de Milan, était la deuxième ville du duché par sa population. Le 6 juin, les Français furent surpris dans leurs campements par une armée de relève suisse forte de 13 000 hommes. Les lansquenets allemands, des piquiers mercenaires au service de la France, parvinrent à se former en carré, arrêtant le choc ennemi et laissant à l'artillerie française le temps de se mettre en batterie. Au prix de marches forcées à travers la mitraille, les fantassins suisses parvinrent toutefois à encercler complètement le camp français, restreignant spatialement la cavalerie ennemie, et se frayant un chemin vers les canons, qui ne pouvaient balayer tout le front. Une fois l’artillerie prise, les carrés de lansquenets furent isolés les uns des autres et détruits séparément. La cavalerie lourde française, décisive en terrain ouvert, ne put se déployer et joua un rôle mineur dans l'affrontement au corps à corps.
Ce fut une bataille particulièrement sanglante, faisant 5 000 victimes (voire 10 000 selon certains historiens) dans les rangs français, tandis que les piquiers suisses ne perdirent que 1 500 hommes, principalement fauchés dans leur progression par les tirs d'artillerie[6]. Selon une pratique déjà connue lors des guerres de Souabe, les Suisses exécutèrent les lansquenets qu'ils purent capturer après la bataille. Quoiqu'ils eussent mis en déroute l'armée de siège, ils ne purent poursuivre leurs ennemis, étant dépourvus de cavalerie, mais plusieurs contingents marchèrent à travers les Alpes jusqu'à Dijon[7] : ils ne quittèrent le pays qu'après avoir obtenu rançon. Ils s'étaient emparés de 22 canons avec leurs chariots de munitions.
Cette défaite contraignit Louis XII à évacuer le Milanais, et permit à Maximilien Sforza de se rétablir à la tête du duché de Milan.
Notes et références
↑Les Suisses avaient pratiquement le contrôle du Duché, Sforza n'étant généralement considéré que comme leur homme-lige. Pour autant, cette bataille est généralement présentée comme un affrontement entre Français et Milanais.
↑Sforza était bien présent lors de l'affrontement, et, en tant que stipendiaire des Suisses, peut être regardé comme leur commandant.
Olivier Bangerter, Novare (1513), dernière victoire des fantassins suisses (Economica, 2011).
David Eggenberger, A Dictionary of Battles (New York: Thomas Y. Crowell, 1967), p. 313.
John Merriman, A History of Modern Europe, Volume One: From the Renaissance to the Age of Napoleon (1st ed.). New York: W. W. Nortan & Company Inc., 1996. (ISBN0-393-96888-X).