Banboku Ōno est né à Miyama, dans le district de Yamagata, dans la préfecture de Gifu, le [1]. Il entame des études de droit à l'université Meiji mais en est expulsé après avoir été arrêté pour sa participation aux émeutes de la crise politique Taishō en février 1913[2],[3]. Il rejoint peu après le groupe de pression extraparlementaire (院外団, ingaidan?) de l'Association des amis du gouvernement constitutionnel, ou Rikken Seiyūkai, à l'invitation de son secrétaire général Tsuneemon Murano(ja)[3]. L'ingaidan est alors l'organisation chargée des activités informelles du parti telles que la collecte d'informations, la distribution de pots-de-vin ou les actions violentes[4]. Le travail et le mode de vie des membres de l'ingaidan plaisent à Ōno qui, à partir de là, monte peu à peu en grade au sein de la Seiyūkai[5]. Son implication dans l'ingaidan, dont les frontières avec le monde criminel sont poreuses, l'amène à tisser des liens durables avec des chefs yakuza, qu'il continue de fréquenter jusqu'à la fin de sa carrière[6].
Parcours politique
Ōno est élu membre de l'Assemblée municipale de Tokyo en 1922[7]. Il reste neuf ans en fonction et prend notamment part à la délégation envoyée aux États-Unis pour remercier les Américains de leur soutien à la reconstruction de la capitale japonaise après le séisme du Kantō de 1923[2].
Après la guerre, Ōno participe à la fondation du Parti libéral et, à l'issue des élections législatives de 1946, retrouve son siège à la Diète[7],[8]. Après avoir été brièvement ministre délégué à l'Intérieur[1], il devient secrétaire général du Parti libéral en 1947[7].
Cependant, en 1948, il est impliqué dans le scandale de corruption de la Shōwa Denkō et démissionne de son poste de secrétaire général[7]. Après son acquittement au début des années 1950[note 1], il revient sur le devant de la scène et accède à la présidence de la Chambre des représentants en 1952[7]. Il intègre ensuite le cinquième gouvernement de Shigeru Yoshida en 1953 en tant que Ministre d'État chargé du développement de Hokkaidō[1].
Parti libéral-démocrate
En 1955, en tant que président du conseil exécutif du Parti libéral, Ōno joue un rôle majeur dans la création du Parti libéral-démocrate (PLD) par la fusion de son parti et du Parti démocrate(en), alors les deux principales formations conservatrices du Japon[7]. En 1957, il forme sa propre faction, la Hakuseikai (白政会?), avec une trentaine de parlementaires[9], et obtient le poste de vice-président du PLD[1].
En , le Premier ministre Nobusuke Kishi, confronté à une grève nationale, à des manifestations et à la vive opposition du Parti socialiste japonais (PSJ), est contraint d'abandonner une réforme de la police et voit sa position compromise[10]. Pour s'assurer l'appui d'Ōno et de deux autres chefs de faction du PLD, Ichirō Kōno(en) et Eisaku Satō, Kishi conclut en secret un accord avec eux le : les trois hommes s'engagent à soutenir les plans de Kishi et ce dernier promet de laisser la place à Ōno à la fin de son prochain mandat ; Kōno doit ensuite succéder à Ōno, puis Satō à Kōno[11]. Cependant, après qu'il a été contraint d'annoncer sa démission en [12], Kishi revient sur sa parole et soutient la candidature de Hayato Ikeda au poste de président du PLD, et donc de Premier ministre, plutôt que celle d'Ōno[13]. Kishi reproche notamment à ce dernier d'avoir tacitement soutenu Kōno lorsque celui-ci s'est ouvertement opposé à lui à l'occasion d'un remaniement ministériel en et considère que les termes de l'accord initial ne sont plus valides[13].
Le , Kishi est victime d'une attaque au couteau alors qu'il se trouve à une réception pour célébrer l'élection d'Ikeda à la présidence du PLD[14]. Taisuke Aramaki, l'agresseur, est un homme de 65 ans sans emploi et ancien membre de la Taikakai (大化会?), un groupe nationaliste[14]. Bien que Kishi ait reçu six coups de couteau et qu'il saigne abondamment, il survit à ses blessures[14]. Le bruit court alors à la Diète qu'Ōno aurait ordonné l'attaque afin de se venger de Kishi[15]. C'est ce que laisse notamment entendre un associé de ce dernier, Hanji Ogawa(ja), mais l'événement est peu commenté et, dans ses mémoires, Kishi dit ignorer la raison de l'attaque[14].
(en) Junnosuke Masumi (trad. Lonny E. Carlile), Contemporary Politics in Japan, University of California Press, (ISBN0-520-05853-4).
(ja) Fumio Niwa, 評伝大野伴睦 自民党を作った大衆政治家 [« Biographie de Banboku Ōno, l'homme politique populaire qui a fondé le Parti libéral-démocrate »], Namiki Shobō, (ISBN978-4890634071).
(en) Eiko Maruko Siniawer, Ruffians, Yakuza, Nationalists: The Violent Politics of Modern Japan, 1860–1960, Cornell University Press, (ISBN978-0801447204).