Béka se rend à son tour à Istanbul et accepte de se faire musulman. Il obtient des Ottomans le titre d’« atabeg du Samtske ». Il prend alors le nom de « Saphar Pacha » et est honoré de deux queues de commandement.
De retour dans son pays, il gouverne en prince musulman, fait un recensement de la population et impose à ses sujets chrétiens un impôt d’une pièce d’or par habitant. Il crée également une contribution d’un septième des récoltes et des impôts sur le bétail, de deux chaours par mouton, d’un abaz par bœuf et de six chaours par cheval et buffle[2]. Ces prélèvements appauvrissent la population et accentuent la décadence du clergé, dont les évêchés et monastères ont déjà été pressurés par les « atabegs » lors des précédents conflits familiaux. La décadence de la principauté de Samtske s’aggrave après l’occupation ottomane du Tao, de la Klarjéthie et de l’Artanoudji ainsi que du Chawcheth. Les Ottomans pillent dans ses territoires les biens des églises, emportent les trésors et les reliques et font disparaître toute trace de vie monacale. Lorsqu’il ne reste plus d’évêque dans le Samtskhe, l’islamisation des Meskhètes fait des progrès importants car les nobles adoptent la religion de leur seigneur.
Saphar Pacha demeure pendant tout son règne un vassal docile des Ottomans et il se retire à Istanbul lors de l’invasion de son pays par Georges Saakadzé, vassal de la Perse.
Postérité
Saphar Pacha meurt en 1635 après un règne de dix ans. Il a pour successeur son fils Yousouf Ier Jakéli, qui n'est plus dénommé atabeg mais pacha d’Akhaltsikhé. Comme ses successeurs après lui, il doit se rendre à Istanbul comme bénéficiaire d’un firman d’hérédité pour sa charge de pacha. Il doit se faire confirmer son titre en dispensant des bakchich à l’administration ottomane.
Notes et références
↑Marie-Félicité Brosset le considère comme le fils de Qvarqvaré VI Jakéli et l’oncle de sa victime, Manoutchar III. Cyrille Toumanoff rétablit la généalogie en précisant que s’il est l’oncle de Manoutchar III, il est le fils de Kai Khosro II Jakéli et le frère de Manoutchar II Jakéli et de Qvarqvaré VI.
↑Chaour : monnaie d’argent ; quatre chaours font un abaz ; cf. M. Brosset Jeune, « Dissertation sur les monnaies géorgiennes avec éclaircissement », dans Journal asiatique, mai 1835, p. 401-445.
Bibliographie
Alexandre Manvelichvili, Histoire de la Géorgie, Paris, Nouvelles Éditions de la Toison d'Or, , 476 p., p. 303.
Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie, tome II : Histoire moderne de la Géorgie, réédition Adamant Media Corporation (ISBN0543944808), « Samtzké Saathabago », p. 228-229.